Le paysage crypto voit émerger une génération de néobanques natives on-chain. Ces nouveaux acteurs promettent des comptes rémunérés, des cartes et du cash-back, tout en gardant les clés privées. L’objectif : permettre de dépenser sans renoncer à l’autonomie.
Pourquoi maintenant ?
Le timing est en train de devenir favorable. Des cartes “plug-and-play”, des stablecoins avec une vraie profondeur et des UX mobile se combinent enfin au niveau attendu par le grand public. En effet, les offres se standardisent et la barrière technique recule.
Mais surtout, le cadre américain progresse avec l’adoption d’une loi dédiée aux stablecoins, tandis que l’Europe déploie MiCA. Autant de jalons qui réduisent l’incertitude opérationnelle pour émettre des cartes, brancher des on-ramps et proposer des IBAN virtuels. Mais rappelons tout de même une chose : la mise en conformité reste exigeante.
Qui tire la dynamique ?
Du côté des produits, EtherFi popularise l’idée d’emprunter sans vendre ses actifs pour payer au quotidien, en cumulant rendements et cash-back. Les métriques publiques suggèrent une montée des volumes, avec des pointes proches de 1 M$ de dépenses/jour rapportées récemment. Des chiffres qui traduisent un usage réel, au-delà du simple test.
En Europe, Gnosis Pay s’appuie sur des comptes Safe en self-custody, assortis de cartes Visa virtuelles et physiques, reliant directement stablecoins et dépenses marchandes. L’utilisateur reste évidemment propriétaire des fonds et signe ses achats depuis son smart account.
De son côté, MetaMask étend l’offre “wallet-as-a-bank” : la MetaMask Card permet de payer partout, et MetaMask Rewards rajoute une couche d’avantages d’usage. L’ambition affichée est claire : concentrer la détention, le trading et le paiement dans un même hub self-custody. Une ambition que nous avions déjà détaillée dans notre article sur l’approche d’EtherFi.
Spend milestones ✅
Daily active all time highs ✅
Daily new card users all time highs ✅
gm 🙂 pic.twitter.com/YukjsMvafn
— ether.fi (@ether_fi) August 22, 2025
Panorama des nouvelles solutions “néobanque”
Le champ s’élargit rapidement. D’une part, des acteurs “wallet-natifs” greffent des cartes et IBAN sur des coffres on-chain. D’autre part, des apps plus orientées “fintech” ajoutent des comptes rémunérés pilotés par DeFi.
- Aave Labs x Stable : l’acquisition de la néobanque Stable illustre la convergence entre protocoles DeFi et front-ends de type banque, et vise un parcours clair : dépôt, rendement, carte, et paiements.
- Ready (Metal) : certaines cartes veulent généraliser les récompenses avec du cash-back en tokens (ex. 3 % en STRK). Ce modèle rapproche cartes crypto et programmes de fidélité web2.
- Rails euro on-chain : la montée des euro-stablecoins s’accélère, facilitant l’UX en zone euro dans un contexte où les stablecoins ne cessent d’acquérir plus de profondeur de marché.
- e-money régulée : des émetteurs comme Monerium portent des jetons e-money (EURe, GBPe), compatibles SEPA et supervisés en Europe. Une pierre de plus à l’édifice construisant la crédibilité des rails euro pour cartes et IBAN.
What makes $EURe different than other #stablecoins? It's #money you can actually spend.
Tune in to this conversation with @monerium co-founder Jón Egilsson at @blockchain_irl to learn about stablecoins and how blockchain is reshaping finance in Europe!
🎧 https://t.co/HoFXuiV53H https://t.co/fGT2skKxBa— Monerium (@monerium) June 5, 2025
Expérience : ce qui change vraiment
L’utilisateur lambda veut un parcours néobanque simple et clair : une intégration on-ramp/off-ramp, une carte utilisable partout, du cash-back lisible, et une rémunération des dépôts sans perdre la garde. Par ailleurs, une promesse cruciale est de payer sans céder la propriété des actifs, grâce à la signature depuis un wallet ou un smart account.
Dans ce contexte, l’arbitrage rendement-praticité se précise. Certaines offres facturent la conversion FX, d’autres misent sur des taux “DeFi-like” ou encore sur des paliers de cash-back. Bien évidemment, l’ergonomie, les limites de dépenses et la transparence des frais deviendront décisives. Car en effet, un bon produit doit être capable de simplifier la vie sans cacher le coût total.
Risques et garde-fous
Aujourd’hui, la concentration de liquidité sur quelques stablecoins crée une dépendance vis-à-vis d’émetteurs dominants. Mettons cependant un bémol à ce constat : la diversification progresse, notamment via des jetons adossés à des T-Bills ou à des euros régulés.
Le cadre MiCA encadre les EMT en Europe, tandis que les États-Unis structurent les émetteurs via leur nouvelle loi. Cependant, l’exécution locale et la supervision quotidienne compteront autant que les textes de loi.
Côté opérationnel, c’est bien la résilience qui prime : continuité des fournisseurs de cartes, liquidité de conversion, et gestion des risques sur les rendements on-chain. Les acteurs qui survivront seront ceux capables d’allier conformité, UX et robustesse.
À quoi s’attendre en 2026 ?
Soyons clairs : la prochaine étape portera sur une intégration serrée. Au menu : on-ramp natif, cash-back pertinent, intérêts on-chain automatiquement imputés dans l’expérience carte, et reporting fiscal simplifié. Si ces promesses se concrétisent, et que les volumes progressent, ces néobanques crypto pourraient devenir des banques de fait pour les utilisateurs web3, tout en restant self-custody.

