Après des années de prudence, la deuxième banque américaine franchit le Rubicon crypto. Brian Moynihan a révélé le 16 juillet 2025 que Bank of America (BofA) est prête à lancer un stablecoin dès que le cadre légal sera fixé.
L’information, relayée par Bankless et confirmée par Reuters, secoue à la fois les marchés financiers et l’industrie blockchain.
Pourquoi BofA franchit enfin le pas ?
En effet, Moynihan a déclaré que la banque avait « déjà accompli beaucoup de travail » sur l’infrastructure du jeton. Toutefois, il insiste : le lancement dépendra du vote du GENIUS Act, texte qui légaliserait les stablecoins privés aux États-Unis.
Ainsi, BofA veut éviter de reproduire l’échec de Libra et « attend la sécurité juridique avant d’appuyer sur le bouton ».
De plus, la pression concurrentielle s’intensifie. JPMorgan pilote déjà le JPM Coin, tandis que Citi envisage un « Citi Coin » maison. Selon les analystes, les banques traditionnelles perçoivent désormais ces jetons comme un relais de croissance de plusieurs milliards.
Enfin, les volumes des stablecoins atteignent plus de 260 milliards USD selon CoinMarketCap, ce qui conforte la stratégie de BofA.
Some big US banks plan to launch stablecoins, expecting crypto-friendly regulations https://t.co/PoU196Nafg https://t.co/PoU196Nafg
— Reuters (@Reuters) July 17, 2025
Réglementation, stratégie et risques
Cependant, tout n’est pas gagné. Les auditions au Sénat ont montré que les législateurs craignent un siphonnage des dépôts bancaires. Moynihan rétorque que le futur jeton sera 100 % garanti par des bons du Trésor à court terme, imitant le modèle de Circle (USDC).
En parallèle, la Banque d’Angleterre alerte sur les risques systémiques, illustrant la divergence transatlantique.
En pratique, BofA envisage un lancement via partenariats : un consortium de banques pour la garde des réserves, et potentiellement Ethereum comme couche de règlement. Ainsi, le groupe espère réduire les frais de paiement transfrontaliers, estimés à 15 milliards USD par an, tout en fidélisant sa clientèle entreprises.
Par ailleurs, les acteurs non bancaires avancent vite. PayPal a récemment étendu son PYUSD sur Arbitrum, preuve que la concurrence viendra aussi des fintechs. De ce fait, BofA risquerait de perdre du terrain si elle temporise encore.
Toutefois, les marchés accueillent favorablement la nouvelle. L’action BAC a gagné 2,4 % après l’annonce, tandis que l’indice KBW Bank a progressé de 1 %.
Les analystes de Bank of America Securities estiment qu’un stablecoin bancaire pourrait générer jusqu’à 500 millions USD de revenus supplémentaires dès 2027, principalement grâce aux intérêts sur les réserves en bons du Trésor.
Enfin, le timing pourrait être idéal. Le Sénat doit voter la semaine prochaine sur le GENIUS Act. Si la loi passe, BofA disposerait d’un tapis rouge réglementaire et pourrait lancer un pilote dès le premier trimestre 2026. En conséquence, Wall Street se prépare déjà à un basculement vers la monnaie tokenisée.
Sources
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