
Lagarde hausse le ton face aux stablecoins étrangers
Ce n’est pas la première fois que Christine Lagarde exprime des doutes. Mais cette fois, le ton est monté d’un cran. Elle avertit : un stablecoin émis en dehors de l’Union européenne peut devenir une menace réelle si la confiance s’effrite.
En cas de crise de liquidité, les investisseurs chercheraient à se faire rembourser auprès des régulateurs européens. Imaginez l’onde de choc : un mouvement massif de retraits, et l’UE piégée en rôle de pompier de dernier recours.
Le danger n’est pas qu’hypothétique. Le cadre MiCA, pourtant salué comme une avancée historique, ne couvre pas toutes les situations. En particulier celle du multi-issuance, où un même stablecoin est distribué dans plusieurs juridictions. Dans un tel schéma, qui assume la responsabilité si les choses tournent mal ? Pour la BCE, l’Europe risque de se retrouver exposée à des failles qu’elle n’a pas choisies.
Derrière les chiffres et les mécanismes réglementaires, c’est une question de souveraineté. Les stablecoins adossés au dollar dominent déjà les transactions crypto mondiales. Les laisser circuler sans garde-fous solides, c’est fragiliser la place de l’euro. Lagarde insiste : il faut colmater les brèches avant qu’elles ne deviennent des fractures.
Bruxelles entre fermeté et ouverture : le dilemme européen
Le message de Francfort n’est pourtant pas unanimement partagé à Bruxelles. Certains responsables européens estiment qu’il faut éviter de brandir trop vite le bâton.
Leur crainte est claire : voir les acteurs du secteur fuir vers d’autres régions, au moment même où l’Europe tente de s’imposer comme un pôle d’innovation financière. Cette divergence illustre une fracture classique. D’un côté, la prudence bancaire. De l’autre, la volonté politique de rester compétitif.
Et le timing ne fait qu’accentuer la tension. Aux États-Unis, le GENIUS Act vient d’offrir aux stablecoins un cadre plus clair, renforçant encore la domination du dollar dans l’économie numérique.
Dans ce contexte, la pression s’accroît sur l’UE, qui doit réagir vite si elle ne veut pas se laisser distancer. L’euro numérique, présenté comme une réponse stratégique, reste pour l’instant une pièce essentielle… mais encore loin d’être opérationnelle.
En coulisses, beaucoup estiment que l’Europe marche sur une corde raide. Trop de règles, et l’innovation prend la fuite. Trop de souplesse, et les risques financiers s’envolent. Pour les analystes, l’équation est simple : l’UE ne peut plus se contenter d’un entre-deux. Elle doit choisir sa voie, et vite.
Conclusion – L’UE face à un choix crucial
L’avertissement de Christine Lagarde résonne comme un électrochoc. Les stablecoins ne sont plus un gadget réservé aux initiés, mais un enjeu de pouvoir qui touche autant l’économie que la géopolitique.
Le bras de fer entre prudence et ouverture dépasse la technique. Il s’agit désormais d’une bataille monétaire qui se joue aussi dans les blockchains, là où circulent des milliards. Pour l’Europe, le compte à rebours est lancé : resserrer les règles pour protéger sa souveraineté, ou laisser des acteurs étrangers redessiner le paysage monétaire sans elle.
Sources : Cointelegraph
Sur le même sujet :
