Début septembre 2025, le Congrès des États-Unis dépose le projet de loi HR 5166. L’intention affichée est de placer le Bitcoin sous contrôle fédéral structurel.
C’est en effet une idée qui pourrait bouleverser la place de la cryptomonnaie phare dans le système financier américain d’ici à 2026. Une réserve stratégique de Bitcoin, gérée par Washington, apparaît.
Un tournant institutionnel inédit
Le HR 5166, surnommé officieusement “Bitcoin Act of 2025”, veut instaurer une réserve fédérale en Bitcoin, gérée par le Trésor américain plutôt que par la Réserve fédérale. Un choix étonnant.

Pourquoi le Trésor ? Sans doute pour marquer le caractère souverain et financier de l’initiative. L’idée : faire du Bitcoin une réserve de valeur, un rempart contre l’inflation et les chocs monétaires. Et ainsi renforcer la position technologique et financière des États-Unis.
Bien entendu, la proposition n’est pas tombée du ciel. Elle s’appuie sur un précédent lourd. En mars 2025, un décret exécutif créait déjà une Strategic Bitcoin Reserve alimentée par les BTC confisqués par l’État, ainsi qu’un stock d’actifs numériques pour les autres cryptoactifs. Le Trésor en avait la gestion. Et un groupe de travail devait rendre ses recommandations en juillet.
C’est donc une démarche déjà engagée. Mais, HR 5166 vient dorénavant en législation pour structurer et pérenniser le dispositif.
Sécurité, transparence… et centralisation contestée
Sur le papier, la gestion de cette réserve fédérale en Bitcoin implique : normes strictes de cybersécurité, coffres sécurisés, audits fréquents, rapports au Congrès. Le but est d’associer confiance publique et protection de l’investissement crypto étatique. Un cadre rigoureux face à une monnaie volage. C’est la promesse d’un Bitcoin sous haute surveillance, mais pleinement intégré à l’appareil institutionnel.
Cependant, tout n’est pas rose. Critiques et experts s’interrogent. Centraliser ces actifs numériques, c’est aussi prendre des risques : cyberattaques, erreurs de politique, instabilité politique.
Le caractère volatil du Bitcoin rend certains prudents. Peut-on vraiment faire d’un actif spéculatif une réserve publique sans danger ?
Réserve à long terme… ou arme de politique économique ?
Le projet HR 5166 va plus loin encore. Une clause emblématique y figure : interdiction de vendre ou céder les bitcoins détenus pendant vingt ans, sauf cas très particuliers (remboursement de la dette fédérale, par exemple). L’approche est conservatrice. Il consiste en réalité à construire un actif de long terme, un socle stable pour le bilan national.

Mieux, le financement de cette réserve pourrait venir… du relooking des réserves d’or de la Fed, vendues partiellement pour acquérir du Bitcoin. Une réallocation d’actifs traditionnels vers le numérique.
Si c’était adopté, ce serait une première mondiale : une puissance économique qui troque une partie de son or contre du crypto. Le symbole est fort.
En gros, HR 5166 est une proposition en rupture. Placer le Bitcoin au cœur de la finance publique, sous supervision fédérale, avec des garanties institutionnelles et un mandat de long terme. Un pari risqué, audacieux. Mais si ce texte, accompagné de la régulation stablecoin, est adopté avant 2026, les États-Unis frapperont un grand coup.
Source : Congress.gov
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