Le Salvador a célébré dimanche 7 septembre sa « Bitcoin Day » par l’acquisition de 21 BTC, soit environ 2,3 millions de dollars. Un achat modeste, mais hautement symbolique, confirmé par le président Nayib Bukele sur les réseaux sociaux.
Quatre ans après avoir fait du Bitcoin une monnaie légale, le pays continue d’afficher sa détermination, malgré les pressions internationales et les doutes persistants sur la viabilité de son modèle.
Un symbole avant tout
Avec l’opération, les réserves souveraines s’élèvent désormais à 6 313 BTC, pour une valeur proche de 702 millions de dollars. Depuis mars 2024, le gouvernement achète en moyenne un bitcoin par jour, une stratégie d’accumulation discrète, mais constante.
Le chiffre 21 n’a rien d’anodin. Il renvoie au plafond de 21 millions de bitcoins en circulation. Bukele veut en effet inscrire son pays dans l’histoire de la première monnaie numérique décentralisée, et rappeler que l’expérience salvadorienne s’avère un projet de long terme.
Buying 21 bitcoin for Bitcoin Day. pic.twitter.com/3X4yKeiqzg
— Nayib Bukele (@nayibbukele) September 7, 2025
Une relation tendue avec le FMI
L’initiative ne fait pas l’unanimité. En décembre 2024, le Salvador a signé un accord de 1,4 milliard de dollars avec le Fonds monétaire international. En contrepartie, le pays s’était engagé à geler ses achats publics de Bitcoin et à assouplir la loi imposant son usage aux commerçants. Or, les acquisitions se poursuivent.
C’est un acte de souveraineté pour les partisans : un petit État qui refuse de se laisser dicter sa politique monétaire par Washington ou par le FMI. En revanche, selon la lecture des critiques, c’est un pari dangereux qui expose les finances publiques à la volatilité d’un actif imprévisible.
Afin de réduire les risques, le gouvernement a commencé à répartir ses avoirs sur plusieurs portefeuilles, limités chacun à 500 BTC. Il s’agit d’une mesure présentée comme une précaution face aux menaces technologiques futures, dont l’informatique quantique.
Ancrer le Bitcoin dans la culture du pays
Le Salvador ambitionne d’ancrer le Bitcoin dans le quotidien. Des cours d’initiation sont aujourd’hui dispensés dès l’école primaire et des milliers de fonctionnaires ont été formés.
En novembre, San Salvador accueillera une conférence internationale, BITCOIN HISTÓRICO, destinée à renforcer son statut de capitale mondiale des cryptos.
Mais sur le terrain, l’usage reste limité. L’application publique Chivo, conçue pour faciliter les paiements en BTC, est largement délaissée par la population, qui continue de privilégier le dollar.
Les critiques rappellent que l’adoption forcée décidée en 2021 a surtout servi à consolider l’image réformatrice de Bukele plutôt qu’à transformer les habitudes économiques des Salvadoriens.
Un modèle sous les projecteurs
Le Salvador reste scruté par les marchés et par ses pairs. Dans l’écosystème crypto, il est perçu comme un laboratoire grandeur nature. De nombreux analystes y voient d’ailleurs une marque de résilience face aux institutions traditionnelles, d’autres un avertissement sur les limites d’une formule imposée par le haut.
Ce qui est sûr, c’est que l’expérience salvadorienne occupe une place singulière dans le débat global sur l’avenir des monnaies numériques. Le pays, en achetant 21 BTC pour marquer son « Bitcoin Day », envoie en réalité un signal fort : le projet continue, quelles que soient les critiques.
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