Michael Saylor ajoute une nouvelle pierre à son édifice financier avec une émission perpétuelle libellée en euros sur un compartiment professionnel. L’objectif, désormais bien connu, reste inchangé, par contre l’audience change : il s’agit maintenant de capter l’épargne institutionnelle européenne pour acheter toujours plus de Bitcoin.
Le format STRE affiche une valeur nominale de 100 € et un dividende annuel de 10 %, payable trimestriellement. En cas de report, le rendement pourrait monter jusqu’à 18 % avant rattrapage. Un profil hybride donc, qui vise des investisseurs qualifiés uniquement.
Ce que l’on sait de l’offre
L’admission préparée par Strategy se ferait donc sur l’Euro MTF au Luxembourg, avec un premier tirage annoncé à 3,5 millions de titres. De plus, la documentation mentionne la priorité d’emploi des fonds donnée aux achats additionnels de BTC, le fonds de roulement étant la seconde priorité.
Il est clair que ce nouveau canal européen permettrait à Strategy de diversifier ses sources de capital, tout en préservant l’optionnalité haussière liée à sa trésorerie Bitcoin. Par ailleurs, la société précise que l’offre cible l’EEE et le Royaume-Uni, mais en excluant la clientèle de détail.
Rappelons tout de même que le narratif de trésorerie de Strategy repose sur un empilement de poches à coupon fixe, seniors aux actions ordinaires. Si ce montage peut lisser la trésorerie en période de volatilité, il ajoute toutefois des obligations de coupon qui ne manqueront pas de peser si le marché se retourne.
JUST IN: Michael Saylor's Strategy to launch its first ever euro-denominated Perpetual Preferred Stock and use the net proceeds to buy more #Bitcoin 🇪🇺 pic.twitter.com/zXPXOzQ8oP
— Bitcoin Magazine (@BitcoinMagazine) November 3, 2025
Pourquoi viser l’Europe maintenant
Ce timing conjugue, d’une part, une fenêtre de marché encore ouverte pour les produits à rendement, et d’autre part, une demande institutionnelle orientée vers la diversification. Il faut néanmoins rappeler que l’euro-dénomination répond à des contraintes de devise.
Mais le jeu en vaut la chandelle selon Strategy : la contrepartie est un élargissement du vivier d’allocataires sensibles aux revenus récurrents. Et s’ils en effet nombreux en Europe, on ne sait pas encore s’ils répondront à l’appel.
Bien évidemment, le choix du Luxembourg n’est pas anodin : ce petit pays offre un cadre d’admission rapide sur un marché multilatéral professionnel, et est donc souvent privilégié pour des titres hybrides. Toutefois, ce n’est pas un blanc-seing non plus, et la communication autour de l’exécution comptera dans l’adoption, exigeant un carnet rigoureux, une allocation disciplinée, et un guidage clair sur le rythme d’achats programmés.
Les investisseurs actions garderont aussi un œil sur l’équilibre risque/rendement pour l’ensemble du bloc “corporate BTC”. Sur ce point, notre analyse de l’éligibilité de MicroStrategy au S&P 500 éclaire bien le rôle de proxy que joue l’écosystème Saylor dans les portefeuilles passifs.
Jusqu’où Saylor peut-il aller ?
Tant que le spread offert attire une demande solide, Strategy conserve la possibilité de superposer des étages de capital privilégié sans provoquer de dilution immédiate du common. En effet, l’option Bitcoin reste capturée au bilan, ce qui prolonge assez efficacement la thèse de levier contrôlé.
Mais le risque principal vient plutôt d’une hausse durable des taux ou d’un BTC sous pression, deux paramètres qui risqueraient d’augmenter le coût du capital et de réduire la flexibilité financière. En outre, n’oublions pas que la politique d’allocation et la priorisation des coupons seront décisives pour préserver l’attractivité du profil risque.
Alors, quel signal de marché guetter ? Déjà, rappelons que le BTC demeure l’actif pivot de la thèse Saylor. Ensuite, si le carnet d’ordres se remplit rapidement, cette nouvelle opération de Strategy prouvera l’existence d’une demande européenne pour un flux corrélé au cycle Bitcoin. À l’inverse, s’il s’avère que le prix de clearing grimpe trop, le coût de capital deviendra plus contraignant.
