Larry Fink et Rob Goldstein, représentants de la direction de BlackRock, envisagent la tokenisation comme le moteur de la prochaine révolution financière. Leur contribution publiée dans The Economist décrit un mouvement qui s’étend des institutions traditionnelles à tous les acteurs crypto. Les deux dirigeants comparent sa vitesse d’essor à la bulle Internet de la fin des années 1990, nous faisant entrevoir un potentiel de redéfinition des marchés mondiaux.
La vision de BlackRock : un pont solide entre deux mondes
Larry Fink admet qu’il regardait autrefois le secteur crypto avec prudence. Les excès spéculatifs de la première vague rendaient toute analyse sérieuse presque impossible. Aujourd’hui, son regard évolue, car la tokenisation progresse loin du bruit médiatique.
Cette avancée répond à des besoins très concrets : plus d’efficacité, davantage de transparence et un accès global aux marchés.
Tokenization is shaping the next evolution of global markets. In @TheEconomist, Larry Fink and Rob Goldstein discuss how tokenization can modernize market infrastructure, enhancing efficiency, transparency, and access by connecting traditional and digital finance. Read more: pic.twitter.com/Hf1Q7HbxaZ
— BlackRock (@BlackRock) December 1, 2025
Il conçoit un système simplifié pour les investisseurs en collaboration avec Rob Goldstein. Ils pourraient gérer leurs obligations, leurs actions, leurs liquidités et leurs actifs numériques depuis un seul portefeuille. Cette unification réduit les frictions qui ralentissent encore les marchés, tout en facilitant les mouvements de fonds. Pour illustrer cette convergence, les deux dirigeants parlent d’un « pont construit depuis les deux rives ».
D’un côté, les institutions financières traditionnelles continuent d’avancer, tandis que de l’autre, des innovateurs du Web3 tels que les émetteurs de stablecoins et les blockchains publiques font également des progrès.
D’après BlackRock, la tokenisation renouvelle les instruments financiers sans altérer la nature des actifs. Une obligation conserve son rôle, même lorsqu’elle circule sur blockchain. Dans ce contexte, le cadre réglementaire actuel peut évoluer sans créer un système entièrement nouveau.
Fink et Goldstein mettent alors l’accent sur deux priorités : limiter le risque de contrepartie et renforcer l’identité numérique pour sécuriser chaque échange.
BUIDL et l’essor spectaculaire des actifs tokenisés
Pour illustrer cette position, BlackRock mise sur son fonds tokenisé dénommé BUIDL lancé en 2024, qui atteint aujourd’hui 2,4 milliards de dollars et qui jouera désormais un rôle clé dans ce secteur.

En effet, le fonds permet d’accéder de manière simple à des actifs monétaires traditionnels, comme les bons du Trésor américain. Grâce à la blockchain, ces parts restent disponibles en continu, ce qui élimine les contraintes horaires des marchés traditionnels.
Ce mouvement ne reste pas limité aux investisseurs institutionnels, car les marchés émergents y voient aussi une solution utile. La situation bancaire demeure parfois précaire dans ces territoires, et la tokenisation peut être une véritable alternative.
Une multitude de porteurs de projets espèrent profiter de cette opportunité pour transformer les systèmes financiers. Ils proposent ainsi des services plus rapides et, souvent, plus flexibles que ceux de la finance classique.
« La tokenisation en est aujourd’hui à peu près au même point qu’Internet en 1996. ». Larry Fink, BlackRock, Président-directeur général
Les dirigeants de BlackRock comparent cette phase d’adoption à l’Internet de 1996. À l’époque, tout le monde sentait qu’un changement profond approchait sans en connaître le rythme exact.
Aujourd’hui, la situation parait à peu près identique, et là encore la tokenisation est plus rapide que prévu, l’estimation avancée se situe entre 10 et 13 000 milliards de dollars de marché potentiel d’ici à 2030, sous l’effet de la numérisation d’actifs réels comme les biens immobiliers, les obligations ou les fonds monétaires.
Malgré cet engouement, les deux dirigeants gardent un ton prudent. Ils rappellent en effet que chaque avantage technologique peut disparaître si le secteur avance trop lentement. Le défi consiste donc à aller vite tout en préservant la sécurité. Cet équilibre reste difficile à tenir, surtout dans une industrie qui évolue à un rythme soutenu.
Source : The Economist, Cointelegraph
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