Les régulateurs financiers sud-coréens viennent d’ordonner aux plateformes crypto de suspendre le lancement de nouveaux produits de prêts. Cette mesure vise à contenir les risques liés au levier croissant des particuliers.
Un avertissement ferme des autorités financières
La Commission des services financiers (FSC) et la Commission de surveillance financière (FSS) ont publié un communiqué appelant les sociétés crypto à geler toute offre de prêts innovants.
Ces institutions estiment que les produits récemment proposés, combinant staking et prêts à effet de levier, accroissent la vulnérabilité du système. En effet, les ménages sud-coréens sont déjà parmi les plus endettés de la région Asie-Pacifique.
Le régulateur veut donc éviter que la spéculation sur les actifs numériques ne renforce ce déséquilibre. Selon la FSS, certains services offraient jusqu’à 12 % d’intérêts annuels, ce qui a attiré un grand nombre d’investisseurs particuliers.
Toutefois, ce rendement élevé reposait sur des stratégies complexes et risquées, mêlant collatéralisation en cryptomonnaies et réutilisation d’actifs pour générer du rendement.
Une décision dans un contexte d’endettement record
La Corée du Sud fait déjà face à un endettement des ménages équivalent à plus de 100 % du PIB. Le gouvernement craint qu’un choc sur le marché crypto n’amplifie ce risque systémique.
Selon les données de CoinMarketCap, les volumes de prêts sur les principales plateformes locales ont fortement progressé depuis début 2025, stimulés par l’euphorie autour du Bitcoin et d’Ethereum.
Cette interdiction ne touche pas uniquement les nouveaux produits, mais impose aussi aux sociétés crypto de soumettre un rapport détaillé sur leurs offres actuelles. Les régulateurs souhaitent évaluer leur solidité et leur transparence.
“South Korea confirms that the only “investment” the U.S. is getting out of them is in the form of high interest rate loans. Just like Japan.”
— Spencer Hakimian (@SpencerHakimian)
Une régulation de plus en plus stricte
Ce durcissement s’inscrit dans une tendance plus large. En 2023, la Corée du Sud avait déjà imposé des règles strictes sur les plateformes d’échange, notamment l’obligation de réserves séparées pour les dépôts clients.
En 2024, le gouvernement avait également renforcé la fiscalité sur les gains liés aux cryptomonnaies, malgré une forte opposition des investisseurs. Cette nouvelle restriction confirme donc la volonté de placer la stabilité financière au-dessus de l’innovation crypto.
Selon plusieurs analystes, cette décision pourrait inspirer d’autres pays asiatiques. Le Japon et Singapour surveillent aussi de près l’évolution des prêts crypto, souvent pointés du doigt pour leur opacité.
Pour mieux comprendre l’impact des régulations sur le marché, on peut rappeler l’exemple de l’Europe. Comme nous l’expliquions dans cet article sur MiCA, un cadre strict peut renforcer la confiance des investisseurs mais aussi limiter certaines pratiques risquées.
Quelles conséquences pour le marché sud-coréen ?
À court terme, les plateformes crypto sud-coréennes risquent de perdre en attractivité par rapport à leurs concurrentes étrangères. Toutefois, elles pourraient gagner en crédibilité auprès des investisseurs institutionnels.
Les experts estiment que la demande pour les produits crypto ne disparaîtra pas. Elle pourrait simplement se déplacer vers des solutions offshore, échappant au contrôle des régulateurs. Cela renforcerait le débat sur la nécessité d’une coopération internationale.
En effet, la Corée du Sud reste l’un des marchés crypto les plus dynamiques au monde. Toute restriction locale a donc un impact sur la liquidité et la structure des flux de capitaux en Asie.
Pour les particuliers, cette interdiction constitue un signal clair : les régulateurs ne toléreront pas la montée de l’endettement via des instruments complexes et peu transparents.
Sources
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