Deblock, néobanque crypto déjà connue des early adopters français, vient de sécuriser une levée de 30 millions d’euros. Son objectif est clair : étendre à toute l’Europe son modèle de compte courant connecté à un wallet crypto en self-custody.
Cette opération fait partie intégrante d’un mouvement plus large. En effet, les services bancaires “on-chain” gagnent du terrain à mesure que le cadre MiCA se déploie et que les investisseurs cherchent des relais de croissance dans la finance numérique.
Un compte courant et un wallet en self-custody, dans une même app
Lancée en France depuis le printemps 2024, Deblock revendique déjà un pool de plus de 300 000 utilisateurs. L’application combine un compte en euros doté d’un IBAN, de cartes VISA et de virements instantanés, avec un portefeuille crypto non-custodial via lequel l’utilisateur garde la main sur ses clés privées.
En pratique, un client peut donc recevoir son salaire en euros, payer son loyer, puis convertir une partie de son solde en cryptos comme Bitcoin (BTC). Dans ce cas, les fonds basculent vers un wallet en self-custody, sans même passer par un exchange centralisé classique.
Un tour de table pour attaquer l’Allemagne en premier
Le tour de table de 30 millions d’euros en série A a été mené par le fonds viennois Speedinvest. CommerzVentures, Latitude, 20VC, Headline, Chalfen Ventures et Kraken Ventures complètent le tour en tant qu’investisseurs. Ces capitaux devront servir à financer l’expansion européenne, d’abord en Allemagne, marché jugé clé pour la banque digitale.
Rappelons que Deblock opère déjà sous statut d’établissement de monnaie électronique et dispose d’une licence MiCA délivrée par l’AMF, ce qui lui ouvre le passeport européen. Elle entend ainsi proposer son modèle de “banque on-chain” à un maximum de clients, tout en restant soigneusement alignée avec les exigences prudentielles de la zone euro.
🚨 Introducing Deblock Vaults!
You can now generate up to 6% interest with your idle cash
Thanks to @MorphoLabs and @stakekit , we’re now giving you access to DeFi yields in 2 taps directly from your current account.
One more step towards bridging TradFi and Crypto.
Check… pic.twitter.com/MNsnuzgF46
— Deblock (@DeblockApp) June 9, 2025
Mais au-delà des paiements, Deblock propose des “vaults” d’épargne qui exploitent la DeFi via des partenaires tels que Morpho et StakeKit. Les euros déposés dans ces vaults sont convertis en stablecoins, puis re-convertis en euros côté utilisateur, assortis de rendements annoncés jusqu’à 6 %, sans engagement contractuel visible.
MiCA, concurrence et risques : quelle place pour Deblock ?
En Europe, Deblock tente de s’imposer sur un créneau occupé jusqu’ici par les néobanques classiques et quelques exchanges. La grande différence dans sa proposition vient de la self-custody, qui réduit le risque de faillite due à un intermédiaire, mais place par contre l’utilisateur face à sa propre discipline de sécurité.
Par ailleurs, rappelons que l’obtention de licences MiCA ne suffira pas à verrouiller le marché. D’autres acteurs, comme OKX, avancent sur le terrain de la conformité européenne, comme nous l’évoquions déjà dans cet article consacré à OKX et à MiCA. Il semble donc que la bataille se jouera sur l’UX, les frais et la profondeur de l’offre crypto.
Un jalon supplémentaire pour la finance on-chain européenne
Cette levée de fonds confirme que les investisseurs institutionnels voient désormais dans la banque on-chain comme relais de croissance une hypothèse crédible. Hypothèse qui valide aussi le choix des régulateurs européens, ceux-ci voyant dans MiCA un moyen de canaliser la demande pour les cryptos vers des acteurs encadrés. Ils espèrent par là éviter que cette activité ne file vers des plateformes extraterritoriales.
Du côté des utilisateurs, l’enjeu consistera à arbitrer entre les offres des banques traditionnelles, des néobanques historiques et de ces nouveaux hybrides crypto-natifs. Et si Deblock tient sa promesse de simplicité, de rendement et de conformité, son pont entre comptes bancaires et wallets en self-custody pourrait s’imposer comme un nouveau standard en Europe.
