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Droits de douane américains et tourmente boursière – le Bitcoin, alternative ?

Les cryptomonnaies peuvent-elles être une alternative aux marchés boursiers traditionnels dans un contexte de tensions commerciales aux Etats-Unis avec ses droits de douane exorbitants ?

En avril 2025, l’économie mondiale a subi un nouveau choc : l’administration Trump a annoncé l’imposition massive de droits de douane sur les importations en provenance de plus de soixante pays. Cette politique commerciale protectionniste a provoqué une panique sur les marchés financiers, révélée par une chute spectaculaire des principaux indices boursiers (repartis à la hausse depuis). 

Dans ce climat d’instabilité, certains investisseurs se tournent vers les cryptomonnaies, en particulier le Bitcoin, souvent perçu comme une alternative indépendante aux institutions traditionnelles. Cependant, cette crise pose une question cruciale : le Bitcoin peut-il réellement jouer le rôle de « valeur refuge » dans une crise économique et politique mondiale ?  Pour y répondre, il convient de se replacer dans le contexte de la crise économique provoquée par l’administration Trump, de considérer les atouts du Bitcoin, et ses limites évidentes ainsi que les perspectives qu’il offre.

Un contexte économique marqué par les tensions géopolitiques

L’annonce de nouveaux droits de douane par le président Donald Trump, avec des surtaxes pouvant aller jusqu’à 125 % sur certains produits chinois (et un surenchérissement de Pékin en retour, la Chine décidant d’augmentations réciproques sur les produits américains), marque un tournant protectionniste qui bouleverse l’économie globale. La réaction des marchés financiers a été immédiate et brutale : le Dow Jones a perdu plus de 2 000 points, le S&P 500 recule de 6 %, tandis que les taux obligataires se sont envolés, témoignant d’un stress intense sur les marchés. 

Les retombées ne se limitent pas aux États-Unis : la Chine a donc répliqué avec des taxes douanières de 84 % et des mesures restrictives envers les entreprises américaines. Ce contexte de « guerre commerciale » fragilise les chaînes d’approvisionnement mondiales et accentue l’incertitude. Les prévisions de croissance sont revues à la baisse, et les craintes d’une récession s’installent. Les investisseurs cherchent alors à sécuriser leurs capitaux… mais vers quoi se tourner, quand même l’or ou les bons du Trésor deviennent instables ?

Les cryptomonnaies : une alternative séduisante mais risquée

Les cryptomonnaies, et plus particulièrement le Bitcoin, sont souvent présentées comme une alternative aux systèmes monétaires traditionnels. Leur nature décentralisée, leur indépendance des banques centrales et leur résistance à la censure constituent des atouts majeurs. Le Bitcoin, avec son offre limitée à 21 millions d’unités, est perçu par certains comme un rempart contre l’inflation.

En outre, le Bitcoin permet des transactions internationales rapides, peu coûteuses et sans l’intervention d’intermédiaires bancaires. Dans un monde où les flux commerciaux sont perturbés par les politiques douanières, cette fonctionnalité devient stratégiquement intéressante. Certains pays comme la Chine ou la Russie explorent déjà cette voie pour échapper aux sanctions économiques.

Cependant, comme le souligne Clara Balva, directrice de la néo-banque « Deblock », cette crise n’est pas de même nature que celle de 2008 qui avait favorisé l’essor du Bitcoin. Il ne s’agit pas d’une faillite bancaire, mais d’un choc politique. Et dans ce cas précis, les cryptomonnaies ne semblent pas bénéficier du même effet de levier.

Des limites structurelles qui fragilisent le rôle de valeur refuge

Si le Bitcoin attire, il reste un actif particulièrement volatile. En quelques semaines, sa valeur est passée de plus de 100 000 euros à 70 000 euros, illustrant la difficulté à y voir une « valeur refuge » stable, à la manière de l’or. La corrélation partielle entre le Bitcoin et le Nasdaq — alimentée par les investissements de grandes entreprises technologiques dans les cryptos — renforce cette impression : loin d’être totalement déconnecté des marchés, le Bitcoin en suit parfois les mouvements.

De plus, l’adoption généralisée reste incomplète. Malgré une popularité croissante, peu d’acteurs économiques acceptent les cryptomonnaies comme moyen de paiement fiable. Le cadre juridique, encore flou ou changeant selon les pays, freine leur légitimation dans le commerce de masse.

Enfin, les risques de sécurité persistent : piratages, arnaques, « memecoins » à la valeur spéculative volatile (comme ceux lancés autour de la figure de Trump lui-même), peuvent piéger des investisseurs mal informés.

Entre potentiel stratégique et rôle complémentaire

Malgré ces freins, le Bitcoin conserve un potentiel géopolitique important. Dans un monde de plus en plus multipolaire, où les pays cherchent à se défaire de la domination du dollar, les cryptomonnaies pourraient jouer un rôle stratégique. Certains États, notamment en Asie ou en Amérique latine, testent déjà l’utilisation de cryptos dans leurs échanges bilatéraux. Ces usages montrent que le Bitcoin peut, dans des cas précis, représenter une alternative fonctionnelle aux systèmes financiers traditionnels.

Cependant, dans un portefeuille d’investisseur ou une stratégie de gestion de crise, le Bitcoin ne saurait constituer l’unique rempart. Des économistes, comme Philippe Crevel, insistent sur la nécessité de diversification, et rappellent que les cryptos ne doivent représenter qu’une fraction raisonnée de l’épargne, et non un pilier unique.

Conclusion

La crise commerciale d’avril 2025, provoquée par les politiques protectionnistes de Donald Trump, a mis en lumière les fragilités des marchés mondiaux mais aussi les limites du Bitcoin en tant que « valeur refuge universelle ». Si cette cryptomonnaie conserve de réels avantages — comme son indépendance, sa résistance à la censure et sa facilité d’utilisation transnationale —, sa volatilité, sa dépendance partielle aux marchés traditionnels, et son faible niveau d’adoption freinent son efficacité dans un contexte de crise politique mondiale. 

Le Bitcoin ne doit donc pas être vu comme un remède miracle, mais plutôt comme un outil complémentaire, à utiliser avec discernement, au sein d’une stratégie d’investissement diversifiée. Il est un indicateur des mutations à venir dans le monde financier… mais pas encore une solution universelle.

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Didier Brochon Rédacteur Expert en Fiscalité

Didier Brochon Rédacteur Expert en Fiscalité

Dans la filière fiscale, je suis particulièrement compétent et formaté pour la fiscalité des entreprises et des particuliers, le contrôle fiscal et son assistance, les conseils aux entreprises et aux particuliers, le traitement des contentieux suite aux contrôles fiscaux, l'assistance aux vérifications de comptabilité informatisées (compétence informatique particulière dans le traitement des données), mais apte à défendre de la même manière un contrôle fiscal des particuliers (contrôle sur pièces, ou un examen contradictoire de la situation fiscale personnelle d'ensemble; impositions directes locales: taxe d'habitation, taxes foncières), je suis également compétent dans une autre spécialité mal connue, y compris de beaucoup d'avocats, les évaluations domaniales de valeurs vénales et de valeurs locatives d'immeubles, évaluations des indemnisations en matière d'expropriations pour cause d'utilité publique, et leurs contentieux (au sein de l'Agence France Domaine en qualité de Chargé de mission, évaluateur et commissaire du gouvernement devant le Juge de l'expropriation et devant les SAFER).

Ma carrière administrative m'a valu d'exercer dans pratiquement tous les domaines du droit fiscal, y compris international, au sein de plusieurs Grandes Directions Nationales (ex-DSGI aujourd'hui DRESG ; DNVSF, en liaison avec Bercy, puis dans une Grande Direction Régionale de contrôles fiscaux, la DIRCOFI Centre-Val de Loire). 

Plus que mes compétences techniques très étendues, ma personnalité s'est toujours distinguée par une exigence de rigueur, mon adaptabilité, l'esprit d'analyse et de synthèse, le pragmatisme, la créativité, réactivité, curiosité, l'aisance relationnelle et en équipe, la vitesse de compréhension et d'exécution, le goût de l'initiative, des responsabilités et de la négociation. J'aurais pu par exemple intégrer un cabinet spécialisé, pour assurer la défense des intérêts des clients dans les domaines précités. J'aurais tout aussi bien pu travailler en "back office" en défense et recours des contribuables vérifiés, sur études des dossiers, ou les assister pendant les vérifications. Mes principaux hobbies sont : musique, art en général et littérature en particulier, étant auteur publié, et je suis également intéressé par l'activité de rédacteur.

Mes compétences fiscales et "para-fiscales" sont des plus étendues : juridiques (droit civil, fiscal et pénal découlant du fiscal, et droit de l'urbanisme + droit administratif, public et constitutionnel).

Aujourd'hui à la retraite, je reste actif en qualité d'auto-entrepreneur, en matière de conseils et défense en fiscalité des particuliers uniquement, et secondairement conseil dans les activités liées à l'écriture. Mon site web professionnel est https://www.cdjf-casav.com, où je réponds aux contribuables (ou écrivains) qui me sollicitent (mes tarifs et honoraires y sont clairement mentionnés).

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