Le bras de fer entre la finance traditionnelle et la crypto s’intensifie. Après le Bitcoin et l’Ethereum, c’est désormais le token SEI qui tente de se faire une place à Wall Street. Le gestionnaire suisse 21Shares a déposé un dossier pour lancer un ETF inédit. Particularité : il intègre une option de staking, une première qui pourrait changer la donne si la SEC accepte de franchir ce pas.
21Shares parie sur SEI et le staking
Cette semaine, 21Shares a dévoilé ses ambitions en soumettant à la SEC un formulaire S-1. L’idée est claire : lancer un ETF Spot SEI qui suivrait le cours du token à travers un indice développé par CF Benchmarks. La garde des actifs serait assurée par Coinbase Custody, déjà bien implanté sur le marché.
Mais le détail qui fait parler, c’est l’ajout du staking. En clair, une partie des fonds pourrait être engagée directement sur le réseau Sei pour générer des récompenses. Pour les investisseurs, cela signifie une double exposition : suivre la performance du cours du SEI tout en profitant de revenus passifs.
C’est une proposition audacieuse. Jusqu’ici, les ETF crypto se limitaient à la détention d’actifs. Avec ce modèle, 21Shares brouille les frontières entre finance traditionnelle et mécanismes issus de la DeFi. Un pari risqué, mais qui pourrait attirer des investisseurs lassés des produits trop classiques.
La concurrence n’est pas loin. Canary Capital avait déjà tenté sa chance en avril avec une demande similaire, mais sans succès pour l’instant. En agissant vite, 21Shares espère être le premier à obtenir le feu vert et s’assurer une longueur d’avance dans la course aux ETF altcoins.
La SEC face à un choix stratégique
Tout repose désormais sur la SEC. L’institution s’est longtemps montrée réticente avant de valider les ETF Spot Bitcoin, repoussant plusieurs fois les échéances. Avec Ethereum, le chemin a été un peu plus rapide, mais la méfiance reste de mise.
Le cas de SEI est plus délicat. D’abord parce que c’est un altcoin récent, encore loin d’avoir l’aura du BTC ou de l’ETH. Ensuite, parce que l’intégration du staking change la nature du produit. On n’est plus seulement face à un ETF classique, mais devant une version hybride, capable de générer des rendements en parallèle de la performance du cours.
Les partisans du projet y voient un pas en avant. Pour eux, les ETF doivent refléter la réalité de l’écosystème crypto, où le staking occupe une place centrale. Offrir ce mécanisme via un produit coté permettrait de rapprocher encore un peu plus Wall Street du fonctionnement natif des blockchains.
Mais les questions juridiques restent nombreuses. Qui endosse la responsabilité si le staking connaît un problème technique ? Comment taxer ces revenus supplémentaires ? Et surtout, la SEC est-elle prête à créer un précédent qui ouvrirait la porte à une nouvelle génération d’ETF plus complexes ?
Conclusion — Un test grandeur nature pour les ETF altcoins
Avec sa demande, 21Shares ne se contente pas de proposer un produit de plus. Il pousse la SEC dans ses retranchements. Valider un ETF SEI avec staking serait un pas historique vers l’institutionnalisation des altcoins. Le refuser confirmerait la prudence américaine face à une innovation qui bouscule les codes. Dans les deux cas, le dossier 21Shares pourrait bien devenir un repère clé pour l’avenir des ETF crypto.
Sources : Cointelegraph
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