Ethereum s’impose de plus en plus comme l’infrastructure privilégiée des actifs réels tokenisés. La liquidité, les outils et les acteurs institutionnels semble converger vers la plateforme. Analyse d’une partie qui pourrait sembler gagnée d’avance par Ethereum.
Pourquoi Ethereum prend l’avantage
Ethereum bénéficie d’effets de réseau cumulés à trois niveaux : EVM, L2, L1. D’abord, la compatibilité EVM élargit l’offre d’outillage et de talents. Ensuite, les L2 réduisent les coûts sans pour autant sacrifier la sécurité. Enfin, la couche L1 constitue une vraie ancre de confiance.
Les institutions choisissent donc cet environnement pour lancer des produits concrets. Les uns après les autres, les fonds monétaires tokenisés et les bons du Trésor numérisés s’installent sur Ethereum. De plus, la disponibilité d’outils de garde et de conformité accélère l’onboarding.
La profondeur de marché s’accroît, ce qui encourage encore plus de profondeur de marché. On assite à la mise en place d’une boucle de rétroaction positive : plus de liquidité attire plus d’émetteurs, puis davantage d’investisseurs. Dès lors, les volumes et l’utilité réelle croissent de concert.
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BUIDL will provide investors with the opportunity to earn U.S. dollar yields by subscribing to the fund with Securitize… pic.twitter.com/nDsNehOXJU
— Securitize (@Securitize) March 20, 2024
Et les cas d’usage se multiplient au-delà des seuls trésoreries. Par exemple, des notes structurées et des parts de fonds d’investissement se tokenisent directement sur la chaîne. Voir à ce sujet notre article sur DBS qui lance des notes structurées tokenisées sur Ethereum, qui semble confirmer l’appétit des banques.
Le volant RWA : liquidité, institutions, couches
Les métriques confirment la traction sur Ethereum et ses L2. En effet, si l’on en croît les données visibles notamment sur CoinGecko, la catégorie RWA affiche une capitalisation en hausse, portée principalement par les stablecoins et la dette souveraine tokenisée.
La hiérarchie EVM / L2 / L1 évoquée plus haut reflète également une réalité opérationnelle. D’une part, les émetteurs privilégient l’EVM pour sa portabilité, les L2 pour l’échelle, et l’ancrage sur L1 pour la finalité. D’autre part, la standardisation des contrats favorise l’interopérabilité.
Ce sont sans grande surprise les émetteurs et les infrastructures qui pèsent le plus lourd dans ce partage. En effet, des acteurs de tokenisation et de garde soutiennent l’exécution sur Ethereum, ce qui réduit les frictions de marché. Une réduction qui à son tour augmente la vitesse de lancement des produits.
La transparence est un autre facteur crucial pour renforcer la confiance des marchés. D’une part, les règlements on-chain permettent de rendre tous les flux observables. D’autre part, les audits de contrats et la traçabilité des opérations améliorent sensiblement la lisibilité du risque. Ces deux paramètres ont pour effet de solidifier progressivement le pont entre finance traditionnelle et DeFi.
Ce que cela signifie pour les investisseurs
Le statut « premium de réseau » devient carrément un facteur de sélection. Gardons cependant la tête froide : l’avantage d’Ethereum ne garantit pas la supériorité de chaque actif RWA qui se trouve émis sur le réseau. Les investisseurs avisés prendront toujours le temps d’évaluer la qualité de l’émetteur, la liquidité secondaire et la gouvernance des smart contracts.
Les rendements doivent quant à eux être remis dans le contexte de risque. En effet, le risque de contrepartie, la conformité KYC/AML et la garde restent toujours déterminants. Ainsi, la prime de rendement apparente peut très bien refléter des risques opérationnels à ne pas négliger.
Mais le cycle d’innovation pourrait bien s’accélérer sur les L2 par effet d’aubaine. Il est donc probable qu’on assiste à davantage d’émissions natives en L2 avec règlement final sur L1. Une architecture intéressante qui, comme on l’a déjà rappelé, optimise les coûts tout en préservant la sécurité. Avec pour effet d’élargir le marché adressable.
À court terme, Ethereum consolide donc clairement sa position de standard RWA. À moyen terme, la compétition reste ouverte, et se jouera sur la qualité des actifs, la profondeur des carnets et la souplesse réglementaire des différentes juridictions. Et le gagnant sera l’écosystème capable d’aligner sécurité, liquidité et conformité.
