L’attente pour récupérer son ETH staké bat des records, ce qui intrigue même les non-validateurs. Le phénomène est normal, car la sécurité du réseau prime sur la vitesse.
En effet, la file de retrait d’Ethereum est un amortisseur, pas un bug. Elle orchestre les flux sortants pour éviter les à-coups qui fragiliseraient le consensus.
Comment fonctionne la file de retrait ?
La mécanique distingue retraits partiels et retraits totaux. Les premiers rapatrient automatiquement les récompenses au-delà de 32 ETH, sans quitter l’ensemble des validateurs. Les seconds retirent la mise et exigent d’amorcer une sortie.
D’abord, Ethereum balaie les retraits de manière round-robin. À chaque bloc, jusqu’à 16 retraits (partiels ou totaux) sont traités. Ce « balayage » parcourt l’ensemble des validateurs, puis reprend au suivant, ce qui impose un délai systémique quand la base est très large.
Ensuite, tout retrait total passe par une file d’attente de sortie. Le churn dynamique borne le nombre de validateurs pouvant sortir à chaque époque (~6,4 minutes). Aujourd’hui, avec un peu plus d’un million de validateurs actifs, environ 16 sorties par époque sont possibles.
Enfin, une fois sorti, un validateur attend 256 époques supplémentaires, soit environ 27 heures, avant d’être retirable. Ce délai protocolaire est fixe et vise à lisser les chocs.
Ethereum's validator exit queue has recently hit new highs! Validators wanting to exit Ethereum's proof-of-stake consensus must wait over 15 days (approximately 870,000 ETH waiting) to exit.
Why does Ethereum have an exit queue?
👇🧵👇 pic.twitter.com/oO0VJQIMpi— prestonvanloon.eth (@preston_vanloon) August 16, 2025
Pourquoi l’attente s’allonge, et avec quels effets ?
Quand les demandes de sortie débordent la capacité par époque, la file s’étire, et l’attente peut dépasser deux semaines. Ce n’est pas inédit, toutefois la concentration des sorties allonge mécaniquement la queue.
Cette lenteur relative a des effets de marché. D’abord, les LST (stETH, cbETH, etc.) peuvent décoter davantage si des acteurs doivent attendre plus longtemps pour récupérer l’ETH sous-jacent. Ensuite, les coûts de couverture (perpétuels, futures) peuvent augmenter, ce qui élargit les rabais demandés.
Pour le suivi, des tableaux de bord publics publient le temps résiduel estimé et la taille de la queue. En parallèle, surveiller le prix de l’ETH et la volatilité reste utile ; la page Ethereum sur CoinMarketCap fournit des repères de marché pertinents. Enfin, notre décryptage des 35 millions d’ETH jalonnés revient sur les équilibres entre sécurité, liquidité et rendement.
Au fond, la file de retrait est un pare-chocs conçu pour protéger la finalité et la disponibilité du réseau. Elle ralentit, certes, mais elle stabilise. Pour l’investisseur, l’enjeu est d’intégrer ces délais dans la gestion de trésorerie, tout en gardant un œil sur les écarts des LST et la demande de staking.
Sources
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