L’avenir d’Exaion, filiale d’EDF dédiée au calcul haute performance et au Web3, s’invite au sommet de l’agenda politique chargé du Parlement. Le gouvernement a annoncé activer le contrôle des Investissements étrangers en France (IEF) pour encadrer la vente majoritaire envisagée à l’américain Mara. Sébastien Lecornu promet de « protéger » l’actif.
Mais la question n’est pas seulement financière. Elle touche en effet au cœur de la souveraineté numérique française, à l’intersection des centres de données bas carbone, des services cloud de confiance et des usages crypto-industriels. S’agit-il d’une affaire en devenir, ou d’une tempête dans un verre d’eau ?
Ce que signifie la promesse de l’État
Selon des sources économiques, Bercy conditionne cette cession de propriété (Mara pourrait acquérir 64% du capital d’Exaion) au filtre IEF. Concrètement, elle peut l’autoriser, l’interdire ou l’assortir de conditions strictes. Un processus administratif qui vise normalement tous les actifs sensibles, dont font partie les capacités de calcul et d’hébergement liées à la sécurité économique.
Dans l’hémicycle, en réponse aux inquiétudes soulevées notamment par Eric Ciotti, Sébastien Lecornu a assuré vouloir « protéger » Exaion. Ces discussions ravivent évidemment le débat sur les intérêts stratégiques français. Et si les mots du premier ministre constituent un signal politique fort, on rappelle que la décision juridique revient in fine à l’IEF.
Souveraineté, cloud et Bitcoin : pourquoi Exaion compte
Exaion n’est pas une simple start-up. C’est une filiale issue d’EDF Pulse, qui opère des services numériques responsables, des calculs haute performance, et des nœuds Web3 sur plusieurs réseaux. Son positionnement « carbone et sécurité » en fait une brique d’infrastructure singulière.
Dans ce contexte, la France soutient un narratif “cloud de confiance” assorti d’offres souveraines ou hybrides visant SecNumCloud, pour faire face aux géants américains. Le dossier Exaion illustre bien ces arbitrages entre ouverture capitalistique et maîtrise juridique des données.
"Exaion n'est pas à vendre", précise @SebLecornu, "EDF va rester au capital de cette entreprise (…) Cela pose quand même très clairement la question de la disponibilité des capitaux français pour investir dans nos entreprises". #QAG #DirectAN pic.twitter.com/dCsgWj2Ay4
— LCP (@LCP) November 4, 2025
Sur le plan industriel, Mara s’affiche comme un géant du minage, avec une stratégie exposée aux cycles crypto. Sans surprise, son arrivée dans un actif français de calcul soulève des questions de gouvernance et d’alignement.
L’une des problématiques autour de cette affaire, que Sébastien Lecornu a mentionnée, est le manque d’investisseurs européens pour soutenir le développement d’entreprises technologiques. Mais en parallèle, une contre-offre d’acteurs français serait en train d’émerger, avec pour objectif de maintenir l’actif sous contrôle national. Une évolution qui pourrait rebattre les cartes, surtout si l’IEF conditionne l’opération initiale.
Les scénarios probables
Premier scénario : l’IEF valide la vente en l’accompagnant de garde-fous (localisation des données, clauses de résilience, veto sur certains usages…). C’est l’option « compromis », qu’on a déjà vue sur d’autres négociations sensibles.
Deuxième scénario : priorité au « signal souverain », soit un refus pur et simple ou une préférence donnée à une offre française. Politiquement lisible et économiquement exigeant, ce choix suppose par contre de mobiliser capital et partenaires industriels locaux.
Troisième scénario : reconfiguration de l’actif (co-contrôle, carve-out, pacte d’actionnaires renforcé…) pour concilier investissements étrangers et intérêts régaliens.
Dans tous les cas, ce dossier dépasse la crypto et touche les questions d’énergie, de défense économique et de technologies cloud.
Sources
- EDF — Exaion
- LCP — Questions au Gouvernement du 4 novembre 2025
- EDF — Accord d’investissement MARA/Exaion
