HashKey est aujourd’hui le plus grand exchange crypto régulé de Hong Kong, mais ce statut s’est construit au prix d’un déficit massif. Ainsi, la plateforme prépare actuellement son IPO alors même que ses comptes restent profondément dans le rouge.
Le dossier déposé à la Bourse de Hong Kong fait état de volumes s’élevant à environ 82 milliards de dollars en 2024. Des volumes presque doublés en un an, qui s’expliquent surtout par une politique de frais extrêmement bas.
HashKey, champion des volumes mais prisonnier de ses frais
C’est donc dans un marché local très encadré que HashKey domine les rares plateformes disposant d’une licence officielle. Une position dominante qui lui permet de capter une large part des volumes régulés à Hong Kong.
Sans surprise, c’est principalement grâce à des frais de trading souvent inférieurs à 0,1 % que HashKey attire les traders particuliers et institutionnels. Toutefois, il faut bien comprendre qu’une telle stratégie comprime fortement les revenus unitaires et repousse le point mort opérationnel.
Et le résultat est assez criant de vérité : en 2024, HashKey enregistre une perte nette estimée à plus de 150 millions de dollars en 2024. Les coûts d’infrastructure, de conformité et de marketing absorbent l’essentiel des commissions, et même l’essor continu des volumes ne suffit pas à rééquilibrer la barque.
HashKey Group, the operator of Hong Kong’s biggest licensed crypto exchange, has confidentially filed for an IPO in the Asian financial hub, sources say https://t.co/Cr7FjHy6PJ
— Bloomberg (@business) October 10, 2025
Une IPO pour financer la prochaine phase de croissance
Selon la presse financière, HashKey viserait lors de son IPO une levée de plusieurs centaines de millions de dollars. L’objectif affiché par HashKey est multiple et et vital : renforcer le capital, accélérer le développement de nouveaux produits et bien sûr absorber les pertes accumulées.
Il convient aussi de rappeler le contexte : Hong Kong veut se repositionner en tant que place forte des IPO technologiques et des crypto. Cependant, les investisseurs restent très sélectifs, et le dossier HashKey constituera un bon test pour jauger l’appétit du marché – ou pas ! – envers les exchanges régulés déficitaires.
Cet essor d’Hong Kong comme plateforme crypto est au coeur des évolutions du marché asiatique. Nous avions d’ailleurs déjà traité ce sujet dans un article sur l’exchange thaïlandais Bitkub, qui envisage lui aussi une cotation locale. Toute cette activité illustre la concurrence entre les différentes plateformes asiatiques pour attirer les capitaux.
Par ailleurs, on notera qu’HashKey tente aussi de diversifier ses revenus via la tokenisation d’actifs et des événements Web3, dont une grande conférence annuelle. Toutefois, ces activités ne génèrent que quelques millions de dollars par an, un poids encore marginal dans le chiffre d’affaires d’HashKey.
Pour défendre son pari, l’entreprise met en avant sa transparence et ses volumes (voir le détail sur CoinGecko). Elle espère ainsi démontrer que, malgré des pertes importantes à ce stade, son modèle est scalable.
Un test grandeur nature pour le pari “crypto régulée”
Pour les investisseurs présents sur le marché asiatique, la question centrale est de savoir si HashKey peut relever ses marges sans casser sa dynamique de croissance actuelle. Car une hausse trop brutale des frais pourrait remettre en cause son image de plateforme compétitive et, surtout, son avantage en volumes.
Cependant, si cette IPO réussit, elle montrera que se lancer à perte sur un marché traditionnel, et lever massivement du capital, est de l’ordre du possible pour un exchange régulé. Quant aux traders hongkongais, le pari est pour eux plus immédiat : tenter de profiter de frais bas, tout en sachant qu’ils remonteront inévitablement une fois l’IPO passée.
À une échelle plus globale, on peut dire que le sort de HashKey sur le marché boursier servira de thermomètre. Si HashKey parvient à atteindre une valorisation solide, sa stratégie de sacrifice du court terme pour gagner la bataille des parts de marché s’en trouvera validée. Et inspirera peut-être d’autres crypto-bourses régulées à faire de même ailleurs ?

