Une crise énergétique sans précédent touche l’Iran du fait du développement incontrôlé auquel se livre le minage illégal de cryptoactifs. Selon les chiffres officiels, 95 % des 427 000 machines qu’il utilise fonctionne à l’insu des autorités, entraînant une consommation de plus 1 400 mégawatts ayant mis le réseau national sens dessus dessous. Un phénomène pourtant ignoré longtemps, devenu incontournable pour le gouvernement.
Le « paradis » des mineurs illégaux
L’Iran occupe aujourd’hui la quatrième place mondiale du minage de crypto-monnaies. Ce classement peut surprendre, car le pays contrôle strictement l’accès à l’électricité.
Selon Akbar Hasan Beklou, directeur de la société de distribution d’électricité de Téhéran, les tarifs fortement subventionnés ont transformé le pays en un « paradis pour les mineurs illégaux ».
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— Bitcoin Archive (@BTC_Archive) October 19, 2025
De nombreux opérateurs clandestins ont profité de cette situation. Ils installent leurs machines dans des usines abandonnées, des tunnels ou encore dans les zones industrielles du sud de la capitale. Souvent, ils se connectent à des réseaux électriques à bas coût, normalement destinés à des usages civils ou agricoles.
Pour contrer l’expansion croissante des activités de minage illégal, les autorités intensifient les opérations de terrain, en fermant ces dernières semaines à Téhéran 104 fermes clandestines et en confisquant plus de 1 400 machines, dont la consommation totale, selon les services énergétiques, il valait celle d’environ 10 000 foyers.
Les principaux foyers du minage illégal se situent à Pakdasht, Malard, Shahre Qods et dans plusieurs zones industrielles de l’ouest et du sud de Téhéran. Ces régions concentrent aujourd’hui une grande partie des opérations non autorisées, malgré les efforts constants du gouvernement pour les éliminer.
Un réseau électrique sous pression
Pour endiguer cette dérive, les autorités ont lancé en août 2025 un programme de signalement citoyen. Toute personne capable d’identifier un appareil de minage illégal peut recevoir une prime d’un million de tomans, soit approximativement 24 dollars. Grâce à cette initiative, le gouvernement espère mobiliser la population contre les branchements frauduleux et soulager le réseau électrique, déjà fragilisé par les vagues de chaleur et la forte demande en climatisation.
Cependant, la situation reste hautement complexe. Selon plusieurs experts, une part importante du minage national serait assurée par des entités proches de l’État, notamment le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (IRGC). Ces organisations exploitent leurs infrastructures sous couvert de licences officielles, ce qui leur permet d’échapper à tout contrôle réel.
Ce flou réglementaire rend compliqué les efforts du gouvernement et alimente la méfiance du public, entre les annonces d’une volonté de consommer moins d’électricité par les autorités et certains établissements publics qui continuent à faire du minage pour créer des recettes en devises, particulièrement avec le bitcoin.
Ainsi, l’État se retrouve face à ses propres contradictions, partagé entre la volonté de réguler et le besoin de capter des ressources économiques dans un contexte de sanctions.
Une économie en tension permanente
La situation iranienne, dans ses contradictions, illustre assez bien les atteintes d’une économie sous sanctions : alors même que le pays a besoin de nouvelles ressources de revenus, le minage illicite se traduit par un volume colossal de consommation énergétique, aggravant ainsi le niveau des pénuries et coupures de courant. Cette situation témoigne du mal de ce schéma dans lequel, d’une part, la régulation peine à adapter son action au rythme technologique dans lequel la société s’est engagée, et, d’autre part, les incitations économiques sont en porte-à-faux avec l’objectif de la politique énergétique.
Sources : Cointelegraph

