Le Parlement kényan vient d’approuver le Virtual Asset Service Providers Bill, un cadre légal attendu pour les crypto-actifs. Son objectif est d’attirer des investissements en sécurisant l’écosystème naissant, et dans le même temps de préparer une supervision partagée des acteurs clés.
Toutefois, le texte doit encore être promulgué par le président William Ruto. En effet, ce dernier feu vert conditionne la mise en application des licences et des règles d’agrément destinées aux bourses, émetteurs de stablecoins et autres prestataires.
Ce que prévoit la loi kényane
D’après le projet, la CBK (banque centrale) deviendrait l’autorité de licence pour l’émission de stablecoins, tandis que la Capital Markets Authority (CMA) superviserait les plateformes d’échange et de trading. Une répartition qui clarifie les responsabilités et rapproche le Kenya des standards internationaux.
Par ailleurs, cette initiative s’inspire fortement des pratiques américaines et brittaniques en la matière et pourrait attirer des acteurs mondiaux déjà en discussion avec Nairobi, selon les rapporteurs du projet. D’ailleurs, l’expérience M-Pesa conforte l’ambition fintech du pays, qui garde à l’esprit le modèle sud-africain, déjà opérationnel.
À l’échelle régionale, Nairobi veut se positionner comme porte d’entrée vers l’Afrique de l’Est. Pour mieux prendre la mesure du mouvement pro-crypto sur le continent, il peut être utile de relire notre analyse sur l’essor africain autour de Bitcoin.
Kenyan lawmakers have passed a bill to regulate digital assets like cryptocurrencies, a senior parliamentarian said on Monday, as it seeks to boost investments into the sector by putting clear rules in place for the emerging industry. https://t.co/cM8ts08gWJ
— Reuters Africa (@ReutersAfrica) October 13, 2025
Quels effets pour l’Afrique de l’Est ?
Comme toujours, il va de soit que la clarté réglementaire peut être source de capitaux et d’emplois. En effet, un guichet unique pour les VASP peut déclencher des implantations locales (compliance, liquidité, market-making). Toutefois, ce sont le calendrier d’agrément, les exigences AML et les fonds propres qui feront vraiment la différence entre simple effet d’annonce et flux réels.
En parallèle, il faut rappeler que l’essor des stablecoins est une épée à double tranchant. D’une part, ils fluidifient le change et les paiements transfrontaliers, mais d’autre part, les risques de substitution monétaire inquiètent les régulateurs. Pour suivre la profondeur et la part de marché des stablecoins, les tableaux sectoriels de CoinMarketCap offrent un repère utile.
Enfin, l’attractivité du projet VASP se jouera aussi sur la fiscalité et les règles secondaires fixées par le Trésor et les régulateurs. Bien évidemment, il faudra établir des normes de solvabilité et de garde claires pour rassurer investisseurs et banques partenaires. Une publication rapide des textes d’application serait également un signal décisif.
Les points de vigilance des prochains mois
D’une part, la promulgation présidentielle et le calendrier des licences : sans décret ni procédures opérationnelles, l’investissement restera en « mode attente ». De plus, la coordination CBK/CMA devra éviter les chevauchements qui complexifient l’implantation des acteurs.
D’autre part, l’impact régional : si Nairobi avance vite, l’arbitrage réglementaire pourrait lui profiter face à d’autres juridictions africaines encore floues. Toutefois, une régulation trop lourde déplacerait les projets vers des hubs concurrents plus souples. L’équilibre entre innovation et protection reste un paramètre à surveiller de près.
Sources
- Reuters
- Parliament of Kenya — Lawmakers debate the Virtual Asset Service Providers Bill
- National Treasury — Draft National Policy on Virtual Assets & VASPs (PDF)