La banque centrale chinoise n’en a pas fini avec les « activités illégales » liées aux stablecoins : elle ravive la pression sur les cryptomonnaies en promettant un nouveau tour de vis. Une annonce qui intervient alors que Hong Kong essaie de s’imposer comme place forte des actifs numériques.
La PBOC met les stablecoins dans le viseur
Lors d’une réunion de coordination fin novembre, la Banque populaire de Chine a de nouveau martelé que tous les actifs virtuels, stablecoins compris, restaient illégaux sur le continent. Dans la foulée, l’institution a maintenu sa position quant à l’impossibilité de les utiliser comme monnaie dans la circulation économique.
La PBOC souligne aussi que les stablecoins ne respectent ni les standards KYC ni ceux propres à la lutte anti-blanchiment. L’argument est connu et, il faut bien l’admettre, tout à fait entendable : ces jetons peuvent servir à des transferts transfrontaliers clandestins et renforcer des circuits parallèles de change déjà visés par les autorités.
Un rappel qui, pour Pékin, met fin à toute ambiguïté sur son approche des actifs numériques. C’est bien une « ligne rouge » que les autorités tracent entre expérimentation contrôlée et spéculation non autorisée, là l’espoir d’un assouplissement progressif pointait chez certains acteurs.
Les valeurs crypto de Hong Kong décrochent
Les conséquences n’ont pas tardé à venir : dès l’ouverture, les actions liées aux stablecoins à Hong Kong ont décroché en réaction au message de la PBOC. Yunfeng Financial a plongé de plus de 10 %, suivi de Bright Smart Securities à environ 7 %, et de la plateforme OSL à 5 %.
En effet, ces sociétés s’étaient positionnées de façon à bénéficier de la stratégie de Hong Kong, qui a adopté au printemps une loi encadrant les émetteurs de stablecoins. Mais la réalité semble les rattraper : toute exposition à la demande continentale reste politiquement sensible, même via une place financière officiellement plus ouverte. C’est en tout ce que semble rappeler le signal venu de Pékin.
Cela fait d’ailleurs plusieurs mois que les régulateurs chinois freinent déjà les projets les plus ambitieux. En effet, Ant Group et JD.com ont mis en pause leurs émissions prévues de stablecoins à Hong Kong après les inquiétudes causées par Pékin. Une prudence qui freine l’essor de la tokenisation régionale, et que nous évoquions dans cet article.
Un test pour la stratégie stablecoins de l’Asie
Pour Hong Kong, le timing est ultra-sensible. Le territoire vient de mettre en place un cadre officiel pour les stablecoins, alors que dans le même temps la Chine continentale répète ne pas vouloir de ces instruments dans la circulation monétaire. Des signaux contraires qui compliquent grandement la promotion d’un hub régional crédible.
Et pour couronner le tout, rappelons que des géants comme USDT jouent un rôle central – certains diraient trop centralisé – dans la liquidité crypto, et concentrent les inquiétudes des banques centrales. Quoi qu’il en soit, l’interdiction persistante des cryptos en Chine ferme la porte à un usage légal de ces tokens sur le marché domestique chinois. À tord ou à raison ? Bien malin qui devinera quel camp a vu juste.
En attendant, les flux continueront de s’appuyer sur les stablecoins pour relier les plateformes asiatiques. On peut au moins se réjouir d’une chose : la pression réglementaire accrue incite les acteurs à renforcer leurs procédures KYC/AML et leur gouvernance, dans l’espoir d’éviter des restrictions supplémentaires.
On Nov. 28, China’s central bank (PBOC) convened a coordination meeting and reiterated that: Virtual assets do not have the same legal status as fiat, are not legal tender, and must not be used as currency in market circulation; related business activities constitute illegal…
— Wu Blockchain (@WuBlockchain) November 29, 2025
Quelles conséquences pour les investisseurs ?
À court terme, les investisseurs exposés aux valeurs crypto de Hong Kong prendront en compte une prime de risque politique plus élevée. Car si Pékin estime à un moment ou à un autre que la frontière avec la spéculation est franchie, les avancées locales en matière de régulation pourront être remises en question du jour au lendemain.
Du côté des émetteurs de stablecoins, le message est tout aussi clair. Jusqu’à preuve du contraire, tout projet misant sur la demande chinoise devra composer avec une hostilité de principe des autorités continentales. Car le point de focale de ces dernières reste encore et toujours le contrôle des capitaux et la stabilité financière.
Enfin, pour le marché crypto global, ce tour de vis ne change pas énormément la situation : la Chine reste fermée aux actifs numériques privés. Mais les enjeux sont tout de même importants, car la fragmentation demeure croissante entre les zones tolérantes aux stablecoins et celles qui les considèrent comme un risque à contenir.

