Sécuriser ses crypto-monnaies, que cela soit physiquement ou virtuellement, reste toujours un choix comprenant de nombreux pour et contre. Si bien entendu certaines solutions sont davantage viables, le risque zéro n’existe pas, peu importe le facteur venant générer une vulnérabilité, qu’elle soit extérieure ou interne.
Des agressions physiques crypto en augmentation
Le 1er décembre, dans le Val-d’Oise, en France, le père d’un entrepreneur crypto installé à Dubaï a été enlevé en pleine rue. Ce drame vient s’ajouter aux plus de 225 agressions physiques vérifiées et recensées par Jameson Lopp dans son fichier dédié aux attaques visant les détenteurs d’actifs numériques.
Selon cette base de données que Lopp (responsable de la sécurité chez le portefeuille Bitcoin Casa) met à jour depuis six ans, les actes de violence liés aux cryptos explosent. En effet, les attaques physiques signalées ont bondi de 169 % en 2025.
Thai police have arrested a 46-year-old South Korean man accused of working with three Thai nationals to kidnap, assault, and rob a Chinese man of more than $10,000 in cash and cryptocurrency earlier this month.https://t.co/Cahd6jKZie
— Jameson Lopp (@lopp) November 23, 2025
Le phénomène n’est pas vraiment nouveau : or, produits de luxe ou liquidités ont toujours attiré la violence. La nouveauté, c’est que les cryptomonnaies, supposées être virtuelles, deviennent, elles aussi, la cible d’agressions directes.
Cette évolution a déclenché une véritable course technologique dans la conception des portefeuilles. Les « portefeuilles de détresse » incluent désormais des fonctionnalités de défense : suppression instantanée des fonds, leurres, ou encore alertes discrètement déclenchées via des gestes biométriques.
Mais comme le souligne Lopp, la protection reste imparfaite. Une telle technologie suppose d’anticiper le comportement et les connaissances de l’attaquant. C’est un pari hasardeux, puisque ses intentions réelles sont, par nature, impossibles à prévoir.
Des attaques rythmées avec les cycles cryptos
Les observations de Lopp indiquent que les attaques suivent les cycles du marché. Elles augmentent durant les bull runs et les périodes d’intenses transactions de gré à gré (OTC), lorsque de gros volumes s’échangent en dehors des plateformes. Les États-Unis comptent le plus grand nombre de cas en valeur absolue, bien que le risque par habitant soit plus élevé aux Émirats arabes unis et en Islande.
Environ un quart des incidents sont des cambriolages ou intrusions à domicile, souvent facilités par des fuites de données KYC (que Lopp surnomme « Kill Your Customer ») ou par le doxing provenant de registres publics. Environ 23 % sont des enlèvements. Deux tiers des attaques réussissent et environ 60 % des auteurs identifiés sont arrêtés.
La tendance suit globalement le graphique du prix du Bitcoin, autour de 91 295 $. À chaque période de frénésie retail, de nouveaux investisseurs, et donc de nouvelles cibles apparaissent sous les projecteurs, et les criminels, eux aussi, recherchent le meilleur retour sur investissement.
La self-custody est-elle toujours viable ?
Avec l’augmentation des agressions physiques et l’arrivée de normes de confidentialité plus strictes (notamment le nouveau cadre de déclaration de l’OCDE) même des détenteurs de longue date remettent en question la self-custody. Certains choisissent désormais de confier leurs actifs à un dépositaire pour réduire leur exposition personnelle.
Pour Lopp, ce glissement serait dramatique :
Si trop de gens renoncent à la garde autonome parce qu’ils la jugent dangereuse, on se dirige vers une centralisation massive et un risque systémique pour tout le réseau. Je combats ce phénomène depuis dix ans.
Ce constat souligne le paradoxe de la sécurité crypto en 2025 avec toutes les protections censées renforcer la sécurité (exigences KYC renforcées, biométrie déportée, etc.) qui réduisent l’anonymat et augmentent les opportunités pour les agresseurs.
Rester dans l’ombre pour sa propre sécurité
Malgré toutes les nouvelles technologies, la meilleure protection reste la discrétion. Lopp recommande de ne pas parler de Bitcoin publiquement, surtout pas en associant son nom réel ou son visage à ses avoirs.
À mesure que les hardware wallets adoptent des fonctions de détresse et que les régulateurs imposent davantage de transparence, la seule défense vraiment durable pourrait devenir la culture elle-même. En effet, la plupart des attaques réussissent parce que les criminels savent où se trouve la victime, bien plus que parce qu’ils savent casser un portefeuille.
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