Des emails datant de 2009 entre Satoshi Nakamoto et un de ses premiers collaborateurs, « Martii ‘Sirius’ Malmi » révèle que l’homme derrière le Bitcoin savait que l’impact énergétique de sa création allait poser un problème. Les emails révèlent aussi que Nakamoto était préoccupé par le statut juridique du Bitcoin, déclarant que s’il le présentait comme un « produits d’investissement » les autorités en aurait après lui.
Nouveaux emails
Martii « Sirius » Malmi, un des premiers collaborateurs ayant travaillé sur le code du Bitcoin, a révélé une série d’e-mails échangés avec Satoshi Nakamoto en 2009. L’homme derrière le Bitcoin y explique que la Proof-of-Work (PoW), bien qu’indispensable, serait surement critiquée pour sa consommation d’énergie :
« La preuve de travail est la seule solution que j’aie trouvée pour faire fonctionner l’e-cash p2p sans tiers de confiance », écrivait Satoshi en mai 2009, qualifiant la PoW de « fondamentale pour coordonner le réseau et empêcher la double dépense ».
La preuve de travail (PoW), cœur du fonctionnement du Bitcoin, assure la sécurité de la blockchain sans intermédiaires, mais à un coût énergétique important. Ce mécanisme engendre des débats dans la DeFi, ou l’on cherche des solutions plus vertes pour miner, mais aussi dans TradFi : ce qui critique le Bitcoin adore pointer du doigt à quel point celui-ci « pollue ».
📧 Martii "Sirius" Malmi, l'un des premiers collaborateurs sur le code #Bitcoin, partage une serie d'e-mails échangés avec Satoshi Nakamoto entre 2009 et 2011.
"Je ne me sentais pas à l'aise de partager une correspondance privée auparavant, mais j'ai décidé de le faire pour le… https://t.co/kAoKjzMN7S pic.twitter.com/OqD1cmGI5C
— Goku 🗞 (@Crypto__Goku) February 24, 2024
Par exemple, des États comme New-York et la Colombie-Britannique ont décidé de limiter le minage, soulevant au passage des questions sur son efficacité énergétique.
Qui pollue le plus ?
L’email révèle aussi que Satoshi, tout à fait conscient de la consommation d’énergie nécessaire pour sa blockchain, estimait que dans tous les cas, cette dernière polluerait moins que le système financier mondial actuel :
« Si sa consommation énergétique devenait importante, je pense qu’elle serait tout de même moins énergivore que les activités bancaires traditionnelles, gourmandes de main d’œuvre et de ressources […] Le coût serait de loin inférieur aux milliards en frais bancaires finançant tous ces édifices en brique et mortier, ces gratte-ciels et ces offres de cartes de crédit non sollicité reçu par la poste. »
Pour rappel, une étude de Galaxy Digital de 2021 a montré que le Bitcoin consommait deux fois moins d’énergies que les banques ou les mines d’or. Le créateur du Bitcoin finit même sur une touche d’humour :
« Ce serait ironique si nous étions finalement contraints de choisir entre la liberté économique et la préservation de l’environnement. »
Le visionnaire
Et ce n’est pas tout, la série d’emails révèle deux autres choses. Premièrement, Satoshi mentionne que la technologie blockchain n’est pas forcément destinée à l’argent. Il explique que pour lui la blockchain est un « Notaire open source », capable d’enregistrer toute forme d’informations de manière indépendante et contrôlée :
« Bitcoin est un serveur d’horodatage sécurisé et distribué. »
Deuxièmement, le créateur du Bitcoin se dit préoccupé par « le statut juridique » du Bitcoin. Il explique qu’il devra aussi faire très attention à la façon dont il qualifiera le Bitcoin. Il explique que le vendre comme un « investissement » lui vaudrait surement une enquête de la part des institutions financières, ce qui menacerait le projet :
« C’est une chose dangereuse à dire et vous devriez supprimer ce point. Il n’y a pas de mal à ce que les gens arrivent à cette conclusion par eux-mêmes, mais nous ne pouvons pas le présenter comme tel. »
Et en effet, l’organisme régulateur financier américain, la SEC, s’est engagée dans une longue campagne juridique autour de l’utilisation de ce mot et pourrait classer une cryptomonnaie comme une valeur mobilière et les échanges de cryptomonnaies comme des transactions portant sur des valeurs mobilières non enregistrées.
Ces emails ont été publiés dans un contexte où Craig Wright est jugé, dans le cadre d’une procédure par la Crypto Open Patent Alliance (COPA) pour déterminer s’il est bien Satoshi Nakamoto. L’homme prétend être le créateur anonyme de Bitcoin.
Beaucoup de personnes de la communauté critiquent cette réclamation, dont Martii « Sirius » Malmi. Certains estiment que Martii aurait publié ses messages pour dire que si Craig Wright était bien Satoshi Nakamoto, eh bien il devrait aussi avoir accès à ses e-mails.
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