Dans une interview chez Bankless, Zach Abrams a détaillé la stratégie de Stripe, présentant une feuille de route qui prépare la fusion entre cryptomonnaies et paiements. Le pari de Stripe est clair : pour une partie des flux mondiaux, les stablecoins peuvent faire mieux que les canaux historiques de paiement.
Pourquoi Stripe mise gros sur les stablecoins
La promesse est simple et tient en trois principaux axes : des règlements plus rapides, des frais maîtrisés et une meilleure programmabilité. En effet, ce modèle s’avère séduisant pour les marchands, toujours friands pour réduire le temps d’immobilisation de trésorerie et les litiges coûteux.
Le signal de marché est net : les stablecoins forment en effet une classe d’actifs dédiée aux paiements numériques. Pour s’en convaincre, et prendre la mesure de la tendance, le meilleur moyen est de suivre l’essor du segment sur CoinMarketCap.
Tempo, Bridge et la stratégie d’infrastructure
Stripe s’efforce d’assembler les briques critiques de son infrastructure de paiement : Bridge d’une part, pour l’orchestration des flux et la conformité ; Tempo d’autre part, pour des règlements on-chain à haut débit. En d’autres termes, l’objectif de Stripe est d’industrialiser la tendance vers le concept d’« argent programmable ».
Bien évidemment, une telle trajectoire doit s’inscrire dans le temps long. Un pas après l’autre, Stripe renforce donc son infrastructure, alignant produits, acquisitions et partenariats (voir notamment notre article sur Privy et Bridge).
Crypto is back. @Stripe will start supporting global stablecoin payments this summer. Transactions instantly settle on-chain and automatically convert to fiat. Join the waitlist https://t.co/hws2OsU3Id and watch the demo (h/t @Solana) from Sessions. pic.twitter.com/zGKYW2FM6i
— John Collison (@collision) April 25, 2024
Ce que cela change pour les marchands
Du côté des sites marchands et autres vendeurs, la bascule est surtout pragmatique. Elle permet d’accepter les stablecoins autant que les monnaies fiat, tout en conservant une expérience client familière et accessible. En conséquence, l’adoption des cryptomonnaies peut progresser sans que les gestionnaires de site n’aient besoin de développer une expertise crypto pointue.
Côté back-office, c’est surtout une valeur opérationnelle qui est mise en avant. Parmi les avancées qu’elle permet, on peut citer des réconciliations plus rapides, des journaux d’audit horodatés ou encore des fenêtres de règlement élargies. Toutefois, n’oublions pas que l’intégration IT est un métier en constante évolution, et que la gestion du risque réseau reste primordiale. Autant de chantiers qui restent à piloter.
Conformité, risques et prochaines étapes
Sans une conformité robuste, la stratégie de Stripe pourrait rester lettre morte. Plus précisément, le KYC/KYT, les sanctions ou encore les procédures de rachat 1:1 demeurent non négociables. C’est donc avant tout la normalisation des contrôles qui déterminera le rythme d’ouverture des tunnels de paiement transfrontaliers.
La route est donc toute tracée, mais reste semée d’embûches. Parmi les paramètres qui seront décisifs pour déterminer le succès de Stripe, on peut citer a minima la fiabilité multi-réseaux, la gouvernance des clés et, last but not least, la mise en avant d’un plan de continuité.
En définitive, si Tempo tient ses promesses en termes de finalité et de coûts, les stablecoins pourraient bel et bien engloutir une part non négligeable des paiements internationaux. Quant à tout remplacer du jour au lendemain, ce n’est pas près d’arriver.
Sources
- Bankless — Stripe’s Trillion Dollar Bet: How Stablecoins Eat Global Payments
- Paradigm — Tempo, a blockchain designed for payments
