Depuis son retour à la Maison Blanche en 2025, Donald Trump a relancé les tensions fiscales transatlantiques, en réaction à la taxe sur les services numériques instaurée par la France. Cette taxe, souvent désignée comme la « taxe GAFA », vise les géants du numérique américains comme Google, Amazon, Facebook et Apple.
En réponse, l’administration Trump prévoit une surtaxe de 20 % sur les revenus américains perçus par les citoyens et entreprises françaises à partir de 2026. Cette mesure marque une escalade dans la guerre fiscale mondiale, avec des conséquences économiques majeures et des répercussions sur la souveraineté fiscale des Etats.
Une taxe française controversée : origine de la taxe GAFA
Adoptée par la France en 2019, la taxe GAFA impose 3 % du chiffre d’affaires généré en France par les grandes plateformes numériques. L’objectif : corriger l’optimisation fiscale pratiquée par les multinationales du web, qui transfèrent leurs bénéfices vers des juridictions à faible fiscalité.
Cette démarche vise à instaurer plus de justice fiscale à l’ère numérique, mais elle est perçue par les Etats-Unis comme une attaque ciblée contre leurs entreprises.
La taxe GAFA s’inscrit dans un contexte global de tensions autour de la fiscalité numérique. Alors que de nombreuses nations réclament une imposition plus équitable des multinationales, les Etats-Unis défendent un principe central : seule l’Amérique peut taxer ses propres entreprises.
La contre-attaque de Trump : une surtaxe fiscale aux airs de représailles
Fidèle à son approche nationaliste, Donald Trump entend riposter en utilisant l’arme fiscale. Son administration prévoit de mettre en œuvre une surtaxe pouvant atteindre 20 % sur les revenus américains perçus en France.
Cette décision s’appuierait sur la section 891 du Code des impôts américain, une disposition rarement mobilisée, mais qui permet d’alourdir la fiscalité sur les ressortissants de pays jugés « discriminants » envers les intérêts fiscaux américains.
Les cibles sont nombreuses : dividendes, intérêts, royalties, plus-values et revenus locatifs générés aux Etats-Unis. Concrètement, tous les citoyens français – particuliers comme entreprises – percevant des revenus en provenance du sol américain seront concernés. Cela inclut les investisseurs, les groupes possédant des filiales américaines, mais aussi les Etats ou entités publiques détentrices d’actifs américains.
Une surtaxe à large spectre, aux conséquences multiples
Un frein pour les particuliers
Pour les épargnants français investissant aux Etats-Unis, cette mesure se traduira par une diminution nette des rendements. Les dividendes des actions américaines, déjà soumis à une retenue à la source et à l’impôt français, seraient désormais affectés par cette surtaxe supplémentaire.
Il en résulterait une double imposition punitive, rendant les placements outre-Atlantique nettement moins attractifs.
Un choc pour les entreprises
Les entreprises françaises implantées aux Etats-Unis subiront une pression fiscale accrue.
Cette surtaxe pourrait affecter leurs bénéfices, freiner leurs projets d’expansion et remettre en cause leurs stratégies d’investissement transatlantiques. A terme, cela pourrait entraîner une baisse des flux économiques bilatéraux, avec un impact négatif sur la croissance et l’emploi.
Une arme de dissuasion fiscale et une dynamique de confrontation internationale
La surtaxe envisagée par Trump ne répond pas seulement à une logique financière : elle sert aussi de levier politique, en visant à dissuader d’autres pays de suivre l’exemple de la France, tout en imposant une vision unilatérale de la fiscalité mondiale. En créant un climat d’incertitude et en complexifiant les règles d’imposition, cette mesure risque d’affaiblir la stabilité des échanges économiques internationaux.
L’isolement des États-Unis sur la scène fiscale
Si l’Europe, à travers l’OCDE, cherche à instaurer un cadre fiscal multilatéral équitable, l’attitude de Trump va à contre-courant. L’administration américaine rejette l’idée d’un impôt minimum mondial et préfère imposer ses propres règles en menaçant de sanctions fiscales.
Cette approche pourrait torpiller les efforts de coordination internationale, en particulier sur la fiscalité des entreprises du numérique.
La réponse de la France et de l’Union européenne
La France, soutenue par plusieurs pays européens, défend sa taxe comme étant juste et proportionnée face aux pratiques d’optimisation des géants technologiques. Face aux pressions américaines, Paris pourrait renforcer sa coopération avec Bruxelles pour élaborer une réponse commune. L’objectif serait de protéger les intérêts fiscaux européens tout en évitant une guerre fiscale ouverte.
Vers une guerre fiscale mondiale ?
L’instauration d’une telle surtaxe par les Etats-Unis pourrait avoir des effets domino. D’autres pays visés par des mesures américaines pourraient réagir en instaurant à leur tour des surtaxes ou barrières fiscales. Ce scénario, redouté par de nombreux économistes, menace de fragmenter le système fiscal international et de miner la coopération économique mondiale à un moment où la stabilité reste fragile.
Déjà, les droits de douane exorbitants dont taxe l’Administration Trump toute une liste de pays dont ceux du continent européen, bouleversent les relations commerciales et affaiblissent par exemple les entreprises françaises qui exportent vers les Etats-Unis.
Par ailleurs, cette mesure pourrait raviver les tensions commerciales entre les Etats-Unis et leurs partenaires stratégiques. Elle risque également de décourager les investissements transnationaux, essentiels dans un monde globalisé.
Conclusion : vers une fiscalité de confrontation
La volonté de Donald Trump d’imposer une surtaxe de 20 % sur les revenus américains perçus par les citoyens et entreprises françaises illustre une transformation inquiétante des relations fiscales internationales.
Ce tournant protectionniste, motivé par une vision souverainiste de l’économie, risque de nuire aux intérêts des deux côtés de l’Atlantique.
Face à cette escalade, seule une réponse collective, fondée sur une harmonisation fiscale internationale, permettrait de restaurer l’équilibre. Alors que l’économie numérique bouleverse les modèles traditionnels, les nations devront choisir entre coopération et confrontation pour dessiner l’avenir de la fiscalité mondiale.
