Tether vient de franchir un cap symbolique à Turin. L’émetteur d’USDT possède actuellement 10,7 % du capital de la Juventus et se hisse ainsi au rang de deuxième actionnaire du club.
La famille Agnelli, via sa holding Exor, réaffirme son contrôle majoritaire autour de 65 %. Toutefois, Tether compte bien peser dans la gouvernance du club italien, à commencer par son conseil d’administration.
Ce que l’on sait de l’opération et de la gouvernance
Selon les déclarations publiques disponibles, Tether a donc porté sa participation à environ 10,7 %, aboutissement d’une montée graduelle entamée en février. Par conséquent, l’émetteur de l’USDT dispose désormais d’un levier accru lors des assemblées.
Exor reste donc aux commandes avec près de 65 % du capital, et n’a pas l’intention de céder de titres. Mais cela n’a pas empêché Tether d’annoncer qu’il proposerait ses propres candidats au conseil d’administration lors de l’AG de ce 7 novembre.
Le rapport de forces évolue donc, mais sans renverser l’équilibre. D’ailleurs, le passage au-dessus de 10 % permet à Tether d’exercer des droits accrus en Italie, notamment la capacité à déposer une liste d’administrateurs. En l’occurrence, c’est donc Francesco Garino qui fait son entrée dans le conseil d’administration en tant que représentant de Tether.
Rappelons également que Tether est devenu actionnaire visible dès février, avant d’annoncer en avril le franchissement du seuil de 10 %. Ce cheminement éclaire la stratégie progressive – et visiblement déterminée – de l’émetteur.
Tether Investments Announces Strategic Minority Stake in Juventus Football Club @juventusfc 🦓
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— Tether (@Tether_to) February 14, 2025
Quels enjeux pour les finances et l’image du club ?
Sur le plan financier, il faut aussi rappeler que la Juventus a encore besoin d’oxygène après plusieurs années chahutées. En effet, un projet d’augmentation de capital jusqu’à 110 M€ est sur la table, et Tether s’est dit prêt à y participer.
Pour Exor, l’arrivée d’un investisseur technologique pourrait diversifier les relais de croissance du club. Mais l’actionnaire majoritaire a tenu à insister sur sa “pleine implication” et sa volonté de garder les deux mains sur la barre stratégique du club.
En termes d’image, il est indéniable que le rapprochement avec l’émetteur d’USDT offre une vitrine « crypto-sport » de premier plan. D’autant plus que la domination d’USDT dans les flux de trading souligne la position de Tether comme poids lourd de l’industrie crypto.
Mais une telle exposition s’accompagne aussi de débats. D’aucuns ne manqueront pas de scruter la stabilité promise par un stablecoin et la conformité opérationnelle, qui peut sembler renforcée par les afflux récents vers les stablecoins. Une promesse alléchante mais potentiellement dangereuse, surtout pour un club qui veut tourner la page des turbulences comptables.
Quant au sujet du marketing et des revenus, on ne peut s’empêcher d’envisager des ponts entre paiements en USDT, merchandising et engagement des fans. En effet, l’importance d’USDT dans l’écosystème crypto est connue, et Tether se targuait récemment d’avoir dépassé les 500 millions d’utilisateurs.
Last but not least, n’oublions pas que si le sport reste la priorité, l’accès à de nouveaux publics via la crypto peut devenir un soutien à la billetterie, aux hospitalités et à l’internationalisation du club. On attendra toutefois de voir ce que donne l’alignement entre gouvernance et performance pour cette saison avant de juger.
