Tether affirme que USDT sert désormais à 500 millions d’utilisateurs dans le monde. Cette annonce nourrit l’idée d’une adoption massive, mais elle pose aussi une question clé : que mesure-t-on exactement lorsque l’on parle d’« utilisateurs » ?
500 millions d’utilisateurs : un cap symbolique, une méthode à préciser
Le CEO de Tether, Paolo Ardoino, parle de « personnes réelles » et non de simples portefeuilles. À l’évidence, on peut objecter que la méthodologie reste opaque : parle-t-on d’agrégation de comptes custodial, d’adresses uniques, ou encore de données KYC de partenaires ? Des précisions qui comptent pour éviter les doubles comptes.
En effet, ce chiffre reflète aussi le rôle social qu’ont acquis les stablecoins : paiements du quotidien, e-commerce gris, micro-épargne dollar et remittances. Toutefois, précisons que l’usage réel se comprend mieux en analysant adresses actives, volumes on-chain et montants de rachat/émission, plutôt qu’en regardant un simple total cumulé.
Un marché plus concentré que jamais
Côté parts de marché, USDT domine clairement (autour de 60 %) un marché des stablecoins qui dépasse 300 milliards de dollars. Selon CoinMarketCap, l’offre d’USDT avoisine 182 milliards, loin devant ses poursuivants. Des chiffres qui confirment un leadership structurel sur les échanges crypto.
Par ailleurs, USDC reste en seconde position avec une capitalisation élevée, tandis que USDe et DAI s’installent derrière, mais ciblent sur des usages précis. Toutefois, la profondeur des carnets et la présence multi-chaînes d’USDT en font la principale source de « liquidité dollar » du trading crypto.
Tether USDT reached officially 500 million users!
Likely the biggest financial inclusion achievement in history. https://t.co/jbmnMDwidi— Paolo Ardoino 🤖 (@paoloardoino) October 21, 2025
Pour les plus néophytes lisant ces lignes, n’hésitez pas à consulter notre mode d’emploi des stablecoins. Il explique notamment en quoi choisir entre paiement, épargne courte, couverture ou routage de liquidité n’implique pas les mêmes compromis de risque et de coût.
Par ailleurs, on doit aussi dire ici que la concentration de Tether interroge. En effet, un acteur dominant centralise le risque opérationnel et réglementaire ; inversement, les coûts baissent et l’interopérabilité augmente. Cette recherche d’équilibre entre efficience et résilience reste le vrai sujet pour 2026.
Le vrai signal à suivre : flux, rachat et conformité
Au-delà de l’aspect marketing de l’annonce de Tether, ce sont les flux nets d’émission/rachat qui mesurent l’adoption. Car en effet, des rachats soutenus prouvent la confiance dans le collatéral. De même, une hausse des émissions nettes signale une demande organique pour la liquidité dollar dans la DeFi et le trading.
En termes de conformité, l’UE (avec MiCA) et le Royaume-Uni (avec des plafonds prudents) ont fixé des garde-fous. Néanmoins, rappelons que les contrôles de gel, les listes noires et la qualité des attestations resteront déterminants pour l’acceptation par les banques, le PSP et l’e-commerce.
Enfin, les métriques de stabilité du peg (écarts moyens/maximum, profondeur des pools) aideront à distinguer l’adoption « vitre teintée » des pics spéculatifs. Ainsi, suivre la volatilité intrajournalière et la rotation des volumes par chaîne offre un baromètre plus fiable que « 500 M ».