Un raz-de-marée crypto déferle sur la Turquie : les volumes explosent et atteignent près de 200 milliards de dollars en un an. Une progression fulgurante qui place le pays en tête de la région MENA. Et pourtant, derrière cette frénésie le constat est plus contrasté : la crypto fascine, mais son adoption réelle avance beaucoup plus lentement qu’il n’y paraît.
Un marché en pleine effervescence, mais sans base solide
La Turquie a pris une longueur d’avance. En un an, ses plateformes ont vu passer plus de 200 milliards de dollars tandis que l’Émirats arabes unis restent loin derrière : un peu plus de 50 milliards et la comparaison s’arrête là.
Mais derrière ces montants impressionnants, l’écosystème montre encore quelques signes de fragilité. Le marché turc bouillonne, mais cette agitation repose avant tout sur la spéculation. Les échanges vont vite, parfois trop, et se concentrent sur le court terme.
En effet, l’économie turque reste encore à l’écart de cette frénésie. Malgré le mouvement, la crypto n’a pas vraiment trouvé sa place dans la vie quotidienne. L’activité reste forte, mais elle reflète surtout un engouement de marché plutôt qu’une adoption stable ou des usages concrets.
Turkey’s $200B crypto boom is built on speculation, not adoption: Chainalysis
Turkey’s $200 billion crypto market leads the MENA region, but has been fueled more by speculative activity than by sustainable adoption, according to Chainalysis.https://t.co/X2BYABEi5Z
— Helen Partz (@coindanslecoin) October 23, 2025
Les altcoins prennent de la place, les stablecoins reculent
Dans son dernier rapport, Chainalysis met en avant la progression des altcoins, de plus en plus présents dans les échanges. À la fin de 2024, ces jetons ne brassaient qu’une petite poignée de millions de dollars par jour. Quelques mois plus tard, la tendance s’est emballée : les volumes ont quadruplé, signe d’un appétit grandissant pour les paris risqués.
Dans le même temps, les stablecoins, longtemps privilégiés pour leur stabilité face à l’inflation, reculent nettement. Leur volume moyen est tombé de plus de 200 millions $ à environ 70 millions $. Cette bascule montre un changement d’état d’esprit. Beaucoup préfèrent désormais courir après le rendement plutôt que jouer la sécurité.
Une frénésie portée par les gros acteurs
L’essentiel du volume provient des grands comptes et institutions, tandis que les particuliers pèsent de moins en moins dans la balance. Les petits investisseurs, plus prudents, semblent s’être mis en retrait. Le terrain est désormais occupé par quelques gros porteurs. À chaque correction ou rebond, leurs décisions orientent le reste du marché.
L’inflation continue de rogner le pouvoir d’achat, poussant une partie des ménages à se tourner vers la crypto. Pendant que certains y voient une protection contre la dépréciation de la livre, d’autres cherchent surtout à profiter des variations brutales du marché.
Avec le temps, cette soif de rendement a fini par dominer. Quant à l’usage pratique, il est passé au second plan, loin derrière la promesse de gains rapides.
Une trajectoire encore incertaine
Le marché turc impressionne par ses volumes, mais son équilibre reste fragile. Tant que les échanges reposeront davantage sur la spéculation que sur l’usage réel, la stabilité restera hors de portée.
Pour transformer cette effervescence en croissance durable, la crypto devra trouver sa place dans la vie courante : moyens de paiement, épargne locale, transferts ou investissements de long terme. Pour l’instant, la Turquie brille par son activité, mais la confiance reste encore à bâtir.
Sources : Cointelegraph
Sur le même sujet :