La Chine sort de l’ombre. Avec le lancement d’un stablecoin adossé à sa monnaie au Kazakhstan, elle envoie un signal direct aux marchés. Ce n’est peut-être qu’un test, mais il porte une portée symbolique lourde de sens.
Un essai grandeur nature en terrain étranger
C’est à Hong Kong qu’a germé l’idée. AnchorX, en partenariat avec la blockchain Conflux, a lancé l’AxCNH, un stablecoin calé sur le yuan offshore. La grande différence avec tant d’autres projets ? Il a reçu le feu vert du régulateur kazakh. Une première pour un jeton lié à la monnaie chinoise.
En Chine, la règle est connue. Depuis 2021, le trading crypto est interdit. Pékin a préféré un détour. Plutôt que de relâcher ses contraintes à domicile, elle choisit un partenaire proche avec lequel les liens économiques sont déjà solides. Le Kazakhstan joue ainsi le rôle de laboratoire, d’espace-test grandeur nature.
L’ambition est claire : rendre les paiements transfrontaliers plus fluides et donner au yuan une place dans la finance numérique. Pour Conflux, le lancement pourrait déclencher un « effet papillon ». Ce mouvement pourrait même entraîner d’autres acteurs et réécrire les règles de paiement.
Un coup porté à l’hégémonie du dollar
Derrière ce jeton, il y a un message politique. Les stablecoins libellés en dollar dominent largement le marché. Ils sont devenus la référence, presque un passage obligé dans l’écosystème. Or, l’arrivée d’un stablecoin en yuan vient fissurer cette hégémonie, même si ce n’est pour l’instant qu’à une échelle régionale.
Le choix du Kazakhstan n’a rien d’anodin. Membre clé de la Nouvelle route de la soie, ce pays occupe une place stratégique pour Pékin. En y installant son premier stablecoin réglementé, la Chine ne fait pas qu’innover. Elle trace aussi un chemin vers une influence monétaire plus affirmée au cœur de l’Eurasie.
Mais tout n’est pas joué. Reste à voir si les acteurs économiques locaux oseront utiliser ce nouveau jeton. La confiance n’est pas automatique. Les entreprises devront juger sur pièces, vérifier la stabilité du mécanisme et sa réelle utilité dans leurs échanges.
À cela s’ajoute l’œil attentif des régulateurs internationaux. Le FMI ou encore les autorités américaines scrutent déjà l’expansion des stablecoins. L’arrivée d’un concurrent directement lié au yuan ne manquera pas d’alimenter les débats.
Même Conflux, moteur technique du projet, reconnaît la nécessité d’avancer prudemment. La technologie est prête, dit-on, mais la réussite dépend surtout de l’adoption. C’est sur le terrain, et non dans les communiqués, que l’AxCNH devra prouver sa valeur.
China-Backed Offshore Yuan Stablecoin Debuts in Kazakhstan Under Regulationhttps://t.co/gTVe0nJ3la
— John Morgan (@johnmorganFL) September 29, 2025
Le dollar face à un nouvel adversaire
L’AxCNH n’est pas un simple jeton de plus. C’est un signal envoyé par Pékin. Ce n’est qu’un test au Kazakhstan. Et pourtant, s’il s’avère concluant, il pourrait éroder peu à peu la domination du dollar.
Sources : Reuters
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