En 2025, le modèle des sociétés de « trésorerie crypto » vit un moment de vérité. Après des années d’ascension fulgurante, ces entreprises qui stockent massivement du Bitcoin comme réserve stratégique se heurtent désormais aux secousses d’un marché brutalement volatil.
Ce qui était perçu comme une assurance contre l’inflation ressemble aujourd’hui à une arme à double tranchant.
Du sommet à la dégringolade
L’euphorie du premier semestre 2025 a laissé place à une correction brutale. Le Bitcoin, qui culminait en août à 123 000 dollars, a plongé sous les 109 000 dollars en septembre, effaçant plus de 11 % de sa valeur en quelques semaines. Conséquence immédiate : la valorisation des bilans de ces sociétés, dont une partie repose sur des réserves de BTC, a vacillé.
Un rapport sorti en ce mois souligne l’ampleur du ralentissement. En août, les sociétés publiques et privées n’ont acquis « que » 47 718 BTC, soit 5,2 milliards de dollars. C’est moins de la moitié des volumes de juillet, où près de 100 000 BTC avaient été achetés. L’appétit est toujours là, mais les doutes grandissent.
Des trésoreries en chiffres record… mais fragilisées
Le paradoxe de la période, c’est que malgré cette prudence, les trésoreries crypto dépassent désormais le million de BTC, l’équivalent de 400 milliards de dollars. Mais ce chiffre impressionnant cache une vulnérabilité. En juillet, leur valeur dépassait encore 428 milliards. La baisse du cours suffit à rogner des dizaines de milliards de capitalisation.
Quelques acteurs bravent pourtant la tempête. KindlyMD a injecté 679 millions de dollars en août, en s’offrant 5 744 BTC. Metaplanet, la société japonaise, a ajouté 1 859 BTC à son bilan.
Quant à la plateforme Bullish, qui a fait son entrée en bourse, elle a révélé une réserve de 24 000 BTC, soit 2,6 milliards de dollars. En revanche, ces gestes isolés ne suffisent pas à inverser une tendance plus lourde : celle d’un marché hésitant.
Un modèle sous tension
Le modèle crypto treasury s’est construit dans le sillage de MicroStrategy, pionnière depuis 2020. Il a séduit investisseurs et dirigeants, fascinés par l’idée de faire du Bitcoin un actif de réserve stratégique. Mais la réalité de 2025 en révèle les fragilités : volatilité extrême, coûts de financement plus élevés, environnement macroéconomique incertain.
Les levées de fonds abondent, mais leur concrétisation en achats reste sporadique. Le décalage intrigue. Les entreprises annoncent, lèvent, mais n’achètent pas toujours aussi vite. Signe d’une prudence nouvelle ou d’une confiance qui s’effrite ?
Des signaux contrastés en Europe et ailleurs
Capital B, société cotée sur Euronext Growth Paris, fait figure d’exception. Elle a levé 58,1 millions d’euros fin août en vue de renforcer sa stratégie Bitcoin, et son rendement dépasse déjà 1 500 % en 2025. Preuve que le modèle séduit encore quand il est géré avec discipline.
Néanmoins, pour d’autres, la correction est douloureuse. Leurs cours boursiers dévissent, les actionnaires s’impatientent… la dépendance au seul Bitcoin se révèle être une faiblesse criante. En gros, l’enthousiasme de 2021-2024 laisse place à des interrogations sur la durabilité de ce pari.
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