Ce qui s’est passé
Concrètement, le SRF fournit du cash contre des Treasuries ou MBS, pour une nuit seulement, avec retour automatique le lendemain. Il sert donc de plafond aux taux repo, évitant ainsi que la tension ne déborde vers d’autres marchés. Un mécanisme qui soulage une tension passagère, fréquente en fin de mois ou lors de fenêtres fiscales.
Rappelons en effet qu’en fin de mois, les besoins de liquidité montent mécaniquement. Ainsi, le 31 octobre, l’usage du SRF a culminé à 50,35 Md$, record depuis 2021 selon des données agrégées sur la place. Ce pic illustre un resserrement passager des conditions.
Mais attention : il ne s’agit pas d’un programme d’achats d’actifs. Par contre, l’opération abaisse temporairement le coût du financement en dollars, jusqu’au prochain roulement quotidien.
Pourquoi le SRF n’est pas du QE
Le SRF prête contre collatéral et se dénoue rapidement. C’est donc une opération temporaire, sans achat net d’actifs. De plus, le bilan ne “gonfle” pas durablement, contrairement aux programmes d’achats en vigueur durant la pandémie.
En effet, le QE, lui, allonge structurellement le bilan en absorbant des titres, ce qui aplatit la courbe et compresse les primes. À l’inverse, le SRF vise le contrôle des taux courts et la stabilité du marché monétaire. Il ne signale ni pivot accommodant, ni cycle de relance monétaire durable.
Money market conditions update: The Fed's standing repo facility saw $3 billion in borrowing on Tuesday morning after $2 billion Monday.
Tri-party repo rates fell to 4.12%—below the interest rate the Fed pays on reserves (4.15%) for the first time in a week. pic.twitter.com/u6KCmFjPP3
— Nick Timiraos (@NickTimiraos) October 21, 2025
Lecture macro : un « filet de sécurité », pas un tournant
Cette utilisation du SRF indique bien une demande de liquidité spot. Pour mieux comprendre cette situation, il faut savoir que les banques arbitrent entre les réserves, RRP et repo selon le coût relatif et leurs contraintes internes.
Par conséquent, quand le repo se tend, puiser au SRF vient stabiliser les taux effectifs. Toutefois, on observe souvent que si la tension persiste plusieurs séances, le message de rareté devient plus tangible.
Impact potentiel pour Bitcoin
À court terme, une tension repo maîtrisée tend à fluidifier les carnets et à réduire les coûts de financement des teneurs. Toutefois, si l’usage du SRF restait élevé, le signal serait plus ambigu : conditions serrées, volatilité possible, sensibilité accrue aux données macro et au DXY.
Cependant, l’effet reste tactique. Sans baisse durable des taux réels ni reflux du dollar, l’élasticité de BTC demeure limitée et très dépendante des flux dérivés. En effet, il ne fait jamais de mal de rappeler qu’historiquement, BTC réagit surtout au dollar et aux taux réels, plus qu’à l’inflation isolée.
Côté marché, la profondeur sur BTC reste clé. En effet, un flux de cash plus serein peut accélérer les rotations vers les actifs risqués, si les niveaux techniques cèdent. Pour un cadrage de prix, n’hésitez pas à vous aider des tableaux de données agrégées de CoinMarketCap.
Microstructure : où regarder maintenant ?
Voici quelques points toujours utiles à surveiller :
- Appétit SRF : des volumes récurrents signaleront une rareté plus large.
- SOFR et TGCR : un écart persistant plaidera pour une vigilance accrue.
- RRP et réserves : la trajectoire devrait bien éclairer le « plancher » de liquidité.
- Dollar : un reflux ordonné reste en général le meilleur catalyseur pro-risque.
- BTC : attention aux potentielles réactions près des zones techniques travaillées ces dernières semaines.
À retenir
Le message de politique monétaire reste inchangé : la Fed soigne la plomberie, pas le cycle. Autrement dit, l’injection de 29,4 Md$ vise à lisser une bosse de liquidité, sans promettre un assouplissement durable. Le marché crypto doit l’interpréter comme un filet de sécurité, non comme un déclencheur de bull-run.
Suite à cette intervention, si les marchés monétaires se calment, l’effet s’estompera rapidement. Sinon, les opérateurs prolongeront la couverture, en attendant des signaux plus structurels.

