En 2025, le marché crypto change de visage. Après des années d’hégémonie, le dollar n’est plus seul maître à bord. De nouveaux stablecoins régulés, adossés à l’euro, au yen ou au yuan, gagnent du terrain.
Ils menacent un monopole qui pesait jusqu’ici près de 99 % du marché. Autour de cette bascule, c’est d’ailleurs une lutte pour la souveraineté monétaire numérique qui se mène.
La toute-puissance du billet vert vacille
Depuis une décennie, les stablecoins en dollars ont dicté la loi. Tether et Circle règnent en maîtres, soutenus par la profondeur des marchés américains et la confiance que suscite encore le Trésor US. Tether, à lui seul, détient plus de 120 milliards de dollars de bons du Trésor. Plus qu’un pays comme l’Autriche.
Mais ce monopole inquiète. Trop de dépendance aux choix de Washington. Une grande vulnérabilité face aux sanctions américaines. Trop de pouvoir concentré entre les mains de quelques émetteurs privés. Les régulateurs européens comme asiatiques veulent desserrer l’étau. Et ils passent à l’action.
L’Europe ouvre la voie avec MiCA
Le règlement MiCA, entré en vigueur début 2025, change la donne. Il impose des standards bancaires aux émetteurs de stablecoins. Capital, transparence, gouvernance… le cadre est strict, et il a de quoi séduire les institutions.
Surtout, MiCA distingue deux catégories : les tokens adossés à une devise unique et ceux indexés sur un panier d’actifs. Ces derniers, appelés ART, portent l’ambition de concurrencer directement le dollar.
Aussi, l’EUR CoinVertible, piloté par SG-Forge, gagne en légitimité. Les banques européennes commencent à tester des règlements transfrontaliers en euros numériques via blockchain. Dans le même temps, d’autres projets, au Japon et en Chine, avancent aussi. De cette manière, l’idée d’un marché crypto dominé par plusieurs devises n’est plus une fiction.
Les États-Unis sécurisent leur avance avec le GENIUS Act
Washington n’est pas resté immobile. Le Congrès a adopté en 2025 le GENIUS Act, première loi fédérale dédiée aux stablecoins. Réserves 1:1 en actifs liquides, audits trimestriels, interdiction des produits rémunérés… le cadre se veut rassurant pour Wall Street.

Mais en serrant la vis, les États-Unis laissent aussi des brèches. Certains investisseurs internationaux, fatigués de la domination du dollar, regardent déjà vers des alternatives. L’Europe et l’Asie veulent occuper cet espace. La bataille ne fait que commencer.
Un marché crypto multipolaire
L’arrivée des stablecoins multidevises régulés change la mécanique du marché. Elle diversifie les risques. Elle réduit l’influence des taux d’intérêt de la Fed sur l’écosystème. Et elle ouvre de nouveaux corridors de paiements pour les entreprises exportatrices, notamment en Asie et en Europe.
Le résultat est un crypto-marché plus robuste. Moins vulnérable aux secousses américaines. Plus équilibré face aux chocs monétaires mondiaux. Certains analystes y voient le premier pas vers une finance numérique multipolaire.
Vers la fin d’un monopole ?
L’histoire n’est pas encore écrite. Le dollar garde une avance écrasante, adossée à la première économie mondiale et à une finance américaine toujours incontournable. Mais l’édifice tremble.
Pour la première fois, des alternatives crédibles émergent, portées par des cadres réglementaires solides et par la volonté de grandes puissances de reprendre la main.
2025 pourrait bien rester l’année où les stablecoins ont cessé d’être l’ombre numérique du billet vert. Et où la finance mondiale, même sur blockchain, a commencé à parler plusieurs langues.
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