Le Nigeria passe enfin à l’action en régulant les acteurs du secteur des cryptomonnaies. Après des années de flou et de répression, la SEC s’apprête à délivrer les premières licences pour encadrer ce marché.
Le Nigeria veut sa part du gâteau
Longtemps tiraillé entre interdictions et tolérance, le Nigeria amorce un tournant majeur dans sa politique crypto. La Securities and Exchange Commission (SEC) s’apprête à délivrer des licences aux prestataires de services numériques. En première ligne, les plateformes d’échange de cryptomonnaies. Cette décision marque un changement radical après des années de restrictions imposées par le gouvernement, notamment le bannissement des transactions crypto via les banques en 2021.
Malgré ces obstacles, les Nigérians n’ont pas cessé de trader. Bien au contraire, le pays se classe aujourd’hui deuxième au niveau mondial en termes d’adoption des cryptomonnaies, selon Chainalysis. Les jeunes, avides de nouvelles technologies, ont trouvé des moyens de contourner les interdictions, propulsant ainsi le volume des transactions à 56,7 milliards de dollars en juin 2023, soit une hausse de 9 % par rapport à l’année précédente. Le marché est en pleine effervescence, et la SEC a bien compris l’enjeu : il est temps de réguler pour mieux contrôler et, surtout, profiter de ce dynamisme.
I feel Nigeria is an underappreciated market in crypto
Who are your favorite content creators from Nigeria?
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— Abhi (@0xAbhiP) August 18, 2024
Par ailleurs, le Nigéria ayant remarqué cela, a déjà décidé de mettre en place certaines actions. En effet, le pays investi sur sa jeunesse pour l’aider à se former à l’IA et aux chaînes de blocs.
Une régulation entre soutien et contrôle
Pour le Nigeria, il ne s’agit pas simplement de suivre une tendance mondiale. Avec une monnaie locale, le naira, qui s’effondre, le pays voit dans les cryptos un moyen de stabiliser et dynamiser son économie. Pourtant, le gouvernement reste méfiant face à la possibilité que ces actifs numériques soient utilisés pour manipuler le taux de change du naira.
Emomotimi Agama, le directeur général de la SEC, a récemment exprimé sa volonté de créer un cadre légal pour les transactions crypto, tout en évitant tout abus. L’objectif est de fournir une plateforme transparente et légale, permettant aux jeunes de tirer profit des innovations fintech tout en sécurisant l’économie nationale. Cependant, il a averti que la manipulation de la monnaie nationale par le biais des cryptos ne serait pas tolérée.
NIGERIA TO LAUNCH CRYPTO LICENSING PROCESS
Nigeria’s SEC plans to issue its first licenses for virtual assets, including cryptocurrencies, by the end of August.
Director-General Emomotimi Agama cited the growing market demand as the reason behind the move.
This aligns Nigeria… pic.twitter.com/p0urqvt6aY
— Mario Nawfal’s Roundtable (@RoundtableSpace) August 21, 2024
Ce virage vers la régulation survient après une série de mesures sévères contre les géants du secteur. En février 2024, le gouvernement s’en est pris à Binance, accusant la plateforme de spéculer sur le naira et de contribuer à sa dépréciation. Ces actions ont créé un climat de méfiance chez les utilisateurs de cryptos, qui voient le gouvernement adopter des positions contradictoires : d’un côté, il prône la régulation, et de l’autre, il réprime durement certains acteurs.
Vers un avenir crypto mieux encadré ?
La démarche actuelle de la SEC vise à formaliser un marché jusqu’ici largement informel et à harmoniser les pratiques avec celles d’autres pays, comme l’Union européenne ou l’Afrique du Sud. Le défi est de taille : instaurer un cadre réglementaire sans freiner l’innovation ni décourager les jeunes investisseurs.
Le président Bola Ahmed Tinubu avait promis, lors de sa campagne, de favoriser l’adoption des cryptos et des technologies blockchain pour renforcer l’économie. Pourtant, son administration a multiplié les messages contradictoires depuis son entrée en fonction, entre encouragements et restrictions.
La mise en place de ces licences, attendues dès ce mois-ci, est une première étape. Elles devraient offrir une meilleure visibilité aux acteurs du marché et, espérons-le, apaiser les tensions. Toutefois, il reste à voir si le gouvernement saura allier soutien au secteur et protection de l’économie nationale, sans étouffer un marché en pleine ébullition.
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