La Corée du Sud impose un plafond à 20 % sur tous les prêts crypto, et interdit tout effet de levier au-delà de la valeur du collatéral. L’objectif est de ce mouvement est on ne peut plus clair : freiner la spéculation tout en protégeant les particuliers.
Que disent les nouvelles lignes directrices
Le régulateur sud-coréen fixe un taux d’intérêt maximal de 20 % pour tout prêt adossé à des actifs numériques. À compter de l’entrée en vigueur de cette mesure, les plateformes ne pourront donc plus prêter davantage que la valeur du collatéral déposé par l’emprunteur. Cependant, les prêts « surcollatéralisés » restent autorisés, mais l’emprunt au-delà de 100 % de la garantie ne l’est plus.
L’éligibilité s’en trouve donc relativement réduite. Parmi les tokens autorisés, on peut trouver pour le moment le top 20 par capitalisation, ainsi que les tokens listés sur au moins trois bourses domestiques (donc libellées en won). De plus, l’introduction de plafonds individuels (entre 30 et 70 millions de wons par utilisateur, selon l’expérience et l’historique) est également très probable.
En plus de cette restriction d’éligibilité, les plateformes vont devoir renforcer la transparence, ce dont on peut se réjouir. ainsi, elles devront publier non seulement leur grille de frais, mais aussi les volumes prêtés par actif ainsi que les risques de liquidation, et cela soit en temps réel soit mensuellement.
De plus, chaque nouveau client devra effectuer un test de connaissance et d’adéquation, administré par la Digital Asset Exchange Alliance (DAXA). On pourrait d’ailleurs ne pas s’étonner de la mise en place de ces nouvelles règles en se rappelant le gel des nouveaux produits de prêts décidé en août, destiné à casser la montée du levier et les liquidations en chaîne.
https://twitter.com/FSC_Korea/status/1951144736053485847
Quels impacts pour les exchanges et pour le marché asiatique ?
À court terme, les grandes plateformes locales seront sans nul doute amenées à réviser leurs offres, notamment concernant les limites par client et les disclosures. En conséquence, il y a des chances que les volumes sur les produits de prêt se réduisent, amputant proportionnellement la part de revenus « intérêts ».
À l’inverse, une meilleure clarté réglementaire a de bonnes chances d’attirer de nouveaux acteurs plus prudents, jusqu’ici réfractaires. On pense bien sûr ici aux teneurs de marché institutionnels.
https://twitter.com/FSC_Korea/status/1951144736053485847
Dès lors, on peut aussi imaginer une intensification de l’arbitrage régional : certains traders n’hésiteront pas une seconde à chercher des juridictions plus permissives. Cependant, si on regarde le contexte asiatique, on constate que la tendance va vers davantage d’encadrement, du Japon à Singapour. Par conséquent, on peut espérer que les spreads se normalisent, et que le coût du risque grimpe hors Corée, limitant mécaniquement l’attrait d’un exil du levier.
Autre point à prendre en compte : la limitation d’éligibilité aux grandes capitalisations. Il est indubitable que les flux vont, au moins dans un premier temps, se concentrer sur BTC, ETH et quelques altcoins majeurs. À l’inverse, les altcoins moins liquides devraient subir une contraction de la demande domestique. On peut cependant voir les choses du bon côté en rappelant que la baisse du risque systémique sur les plateformes sud-coréennes devrait stabiliser la liquidité globale.
Quels impacts pour les investisseurs particuliers ?
En termes concrets, la marge spéculative va sans nul doute devenir plus difficile à financer. D’autre part, les spirales de liquidation devraient s’atténuer, car l’emprunt ne dépassera plus la valeur des garanties. Un tel assainissement, bien que salutaire, n’empêchera toutefois pas les rendements promis par certains produits de prêt de se contracter mécaniquement.
Pour les investisseur particuliers lisant ces lignes et ayant accès au marché sud-coréen, on pourrait conseiller de privilégier les stratégies moins risquées. Sans trop s’avancer à des prédictions hasardeuses, on devrait probablement assister à un basculement vers le staking, à des portages « cash-and-carry » plus sobres, et à une gestion du collatéral plus active.
De plus, on peut espérer qu’à moyen terme les gains en stabilité du marché priment sur la baisse de rendement, surtout si la volatilité recule.
Enfin, on rappelle que l’exigence de formation et d’adéquation de la DAXA élève aussi le niveau de protection. Cet aspect trop souvent absent des offres crypto introduit un filtre pédagogique et comportemental. C’est pourtant une normalisation salutaire, qui rapproche les pratiques des standards des marchés financiers traditionnels.