
Une fraude née en Chine, nourrie par la cupidité
Tout commence vers 2014. Zhimin Qian lance un programme d’investissement censé rendre riches des milliers de petits épargnants chinois. Les promesses étaient belles, presque trop : des rendements à deux chiffres, une réussite assurée. En réalité, elle montait une pyramide de Ponzi aussi sophistiquée qu’impitoyable.
Lorsque le système s’est effondré, plus de 128 000 personnes avaient perdu leurs économies. Qian, elle, avait déjà pris le large. Direction : le Royaume-Uni, sous une fausse identité.
À Londres, elle refait sa vie comme si de rien n’était. Les enquêteurs découvriront plus tard qu’elle avait investi dans des bijoux, de l’or, et même un manoir à plusieurs millions. Pendant qu’elle savourait son anonymat, la Metropolitan Police remontait patiemment la trace de ses transactions sur la blockchain.
61 000 bitcoins saisis : un record absolu
Les investigations auront duré des années. Avec l’aide de la police chinoise, les forces britanniques sont finalement remontées jusqu’à un portefeuille numérique colossal.
À l’intérieur : 61 000 bitcoins, soigneusement dissimulés, tous reliés à l’arnaque. Une découverte qui a marqué la fin de la cavale et le début de la chute. Cette saisie a également permis de mettre la main sur de l’or, des appareils chiffrés et d’autres cryptos.
En 2024, Zhimin Qian est finalement arrêtée, en compagnie d’un complice basé dans le Derbyshire. Le dossier était si complexe qu’il a fallu sept ans d’enquête, des centaines d’analystes et de spécialistes de la blockchain pour en venir à bout.
Lors de son procès à la Southwark Crown Court, la “Cryptoqueen” a plaidé coupable de blanchiment d’argent. Elle attend désormais sa condamnation. Selon les procureurs, la peine pourrait aller jusqu’à 14 ans de prison.
UK police seized more than 61,000 BTC from Qian in one of the UK’s largest crypto-related raids.
$6,478,410,594 pic.twitter.com/BxxQaCajrb
— Matt Davio (@MissTrade) November 10, 2025
La blockchain, un témoin impossible à faire taire
Cette affaire change clairement la donne pour la justice. Elle montre que l’époque où l’on pouvait se cacher derrière la technologie touche à sa fin.
Même dissimulés derrière des portefeuilles anonymes ou des pseudonymes, les fraudeurs laissent des traces. Et désormais, les enquêteurs savent les lire. Les transactions Bitcoin, qu’on croyait anonymes, ont fini par parler.
Chaque transfert, chaque conversion a servi de fil conducteur aux enquêteurs, jusqu’à remonter à la fraude initiale. Ironie du sort : la technologie que Zhimin Qian croyait capable de la protéger s’est finalement retournée contre elle.
Pour la Metropolitan Police, cette victoire judiciaire prouve qu’il est désormais possible de suivre et confisquer les actifs numériques issus d’activités criminelles. Et pour le marché crypto, c’est un rappel brutal : la transparence de la blockchain peut être une alliée redoutable… ou un piège pour ceux qui en abusent.
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