L’Union européenne a accéléré ses plans pour un e-euro, en réponse aux récentes initiatives américaines sur les stablecoins. Selon le Financial Times, Bruxelles étudie l’usage de blockchains publiques, notamment Ethereum et Solana, comme support technique.
Ce choix, encore à l’étude, constituerait une rupture dans la stratégie de la BCE, jusqu’ici centrée sur des solutions fermées. La question dépasse le simple cadre technique : elle engage la souveraineté monétaire, l’interopérabilité financière et la confiance des citoyens.
Pour les marchés crypto, cette ouverture pourrait déclencher un soutien inédit aux actifs concernés. L’annonce a déjà provoqué un regain d’intérêt sur ETH et SOL, qui évoluent sur des résistances importantes.
Derrière les coulisses, les discussions impliquent les banques centrales nationales et les régulateurs européens. L’e-euro pourrait devenir un laboratoire de convergence entre monnaie publique et technologies décentralisées.
Contexte et faits clés
Le débat sur un e-euro s’intensifie depuis la publication du Genius Act aux États-Unis. Ce texte, adopté récemment, a clarifié le statut des stablecoins adossés au dollar. En réaction, l’Europe souhaite accélérer le déploiement de sa propre monnaie numérique.
Selon des sources proches du dossier, la BCE teste des solutions hybrides combinant des infrastructures publiques et des modules privés. Parmi les blockchains étudiées figurent Ethereum et Solana, retenues pour leur liquidité et leur écosystème.
Le choix surprend, car ces réseaux étaient perçus comme trop ouverts pour supporter une monnaie souveraine. Pour les analystes, il s’agit d’une reconnaissance de leur maturité et de leur résilience.
Le projet pilote prévoit des transactions limitées à un cercle restreint de banques européennes. Les premiers tests doivent démarrer au premier semestre 2026. Le calendrier a été compressé pour éviter un retard face à la Chine et aux États-Unis.
Les discussions incluent aussi des solutions layer-2, afin d’améliorer la scalabilité et de réduire les frais. Un rapport intermédiaire sera présenté au Parlement européen dès le printemps 2025.
D’ici là, Bruxelles veut sécuriser la confiance politique autour de l’e-euro.
Analyse : pourquoi Ethereum et Solana ?
Le choix d’Ethereum s’explique par son rôle de standard dans la finance décentralisée. Ses contrats intelligents offrent une flexibilité idéale pour construire des produits monétaires programmables.
De plus, son passage au Proof-of-Stake réduit l’empreinte énergétique et améliore son image auprès des régulateurs. Solana, quant à lui, séduit par sa vitesse et ses coûts de transaction faibles.
Son architecture en fait un candidat crédible pour un usage de paiement quotidien. Toutefois, sa dépendance à un réseau plus centralisé suscite des réserves politiques. Pour l’UE, la combinaison des deux réseaux permettrait d’équilibrer innovation et contrôle.
Les discussions portent sur un modèle hybride : un registre public adossé à une couche privée pour la banque centrale. Ce modèle garantirait la transparence des flux tout en préservant la confidentialité des utilisateurs.
L’option de déployer des sidechains ou des rollups européens est aussi étudiée. Cette approche permettrait de réduire la dépendance directe aux validateurs globaux. Pour les marchés, cette reconnaissance agit comme un signal fort.
Elle légitime ETH et SOL comme infrastructures monétaires crédibles. Cela ouvre aussi la porte à de nouvelles alliances entre banques et développeurs.
Conséquences et scénarios pour le marché
À court terme, l’annonce a soutenu les cours de Solana et d’Ethereum. ETH s’est maintenu au-dessus des 4 200 $, malgré un dollar ferme. SOL a progressé de 3,5 %, franchissant un seuil psychologique à 200 $.
Si les tests se confirment, ces actifs pourraient attirer un afflux de capitaux institutionnels. Les gestionnaires européens pourraient diversifier leurs allocations en anticipant cette adoption. Cependant, les risques restent nombreux.
Un rejet politique ou un scandale technique freinerait brutalement l’élan. De plus, l’intégration d’une monnaie publique sur une chaîne ouverte pose un défi inédit. Les débats portent sur la gouvernance : qui validerait réellement les blocs de l’e-euro ?
Les scénarios divergent :
- Optimiste : ETH et SOL deviennent des piliers monétaires, dopant leur capitalisation.
- Neutre : l’e-euro reste expérimental, sans impact durable sur le marché.
- Pessimiste : des problèmes techniques déclenchent une perte de confiance.
Pour l’instant, les régulateurs insistent sur une progression prudente. Mais l’effet d’annonce suffit à nourrir un nouveau narratif haussier.
Conclusion
L’e-euro entre dans une phase de concrétisation accélérée. L’intérêt porté à Ethereum et Solana marque une rupture stratégique. Ces réseaux, longtemps jugés trop ouverts, se voient propulsés dans le débat monétaire européen.
Pour les marchés, l’opportunité est double : reconnaissance institutionnelle et liquidité accrue. Le succès dépendra de la capacité de l’Europe à concilier innovation et contrôle. D’ici là, le marché crypto continuera de spéculer sur l’issue de ce pari audacieux.
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