Le président du Salvador, Nayib Bukele, a annoncé que son gouvernement achèterait un bitcoin par jour désormais. Une idée que tout le conseil salvadorien approuve d’ailleurs. Tous les détails sont énumérés dans cette revue.
Notez que cette annonce intervient après que le Congrès ait donné son approbation sur la recherche de ressources pour plus de 436,25 millions de dollars, en obligations ou en prêts, jusqu’à fin 2022.
L’achat de bitcoin par les Salvadoriens
« Nous allons acheter un Bitcoin tous les jours à partir de demain », a publié le président en anglais sur son compte Twitter, sans préciser la source de l’argent pour effectuer cet achat.
Le Bitcoin est devenu le principal pari économique de Bukele il y a cela 1 an déjà. Et d’ailleurs, pour cet état des choses devrait être une célébration, sauf que la plupart des attentes n’ont pas jusque-là été concrétisées.
Depuis que le corps législatif, à la demande de Bukele, a approuvé la loi Bitcoin, le gouvernement salvadorien aurait acheté une somme importante de bitcoin alors. Il s’agit de 2 381 bitcoins pour plus de 100 millions de dollars, dont la valeur a été réduite par les chutes que la crypto-monnaie a subies.
Malgré le fait que les transactions du bitcoin pourraient être connues publiquement via l’adresse du portefeuille numérique dans lequel elles sont stockées, le gouvernement n’a pas divulgué ces informations. Mieux, la banque qui gère cette opération en fiducie pour l’adoption de la crypto-monnaie a gardé les données secrètes.
L’adoption du bitcoin comme monnaie légale au Salvador.
Avec l’approbation et l’entrée en vigueur de la loi Bitcoin, El Salvador est devenu le premier pays au monde à l’avoir comme monnaie, tout en devenant une sorte de laboratoire cryptoactif.
Pour ce qui est des paris de l’exécutif de Bukele, qui ne se présentaient sous aucun plan officiel ni politico-public, on pouvait retrouver :
- l’adoption massive du bitcoin,
- l’obtention de bénéfices avec l’achat de la crypto-monnaie avec des fonds publics,
- l’attraction d’investissements et
- un million de dollars d’économies de commissions sur les émissions de fonds.
Mais, après une année rude, le Bitcoin, crypto-monnaie la plus connue et la plus précieuse, a chuté de 5,35 % vendredi après le dépôt de bilan de la plateforme crypto FTX aux États-Unis. Et cela, après une longue période de descente aux enfers jusqu’aux 20 000 $.
Cependant, Bukele et d’autres porte-parole du gouvernement local minimisent les pertes qu’ils subissent actuellement. Leur pari, selon eux, est à long terme et la volatilité à court terme n’affecte pas ladite stratégie d’accumulation.
Comment sont-ils arrivés à ces chiffres ?
El Salvador est devenu le premier pays à adopter le bitcoin comme monnaie légale le 7 septembre 2021. Cette décision historique a entraîné le débat sur l’institutionnalisation des cryptomonnaies et ses effets possibles sur l’économie.
Pour le moment, El Salvador est sur le point de faire défaut sur sa dette en raison, entre autres, de la forte volatilité du bitcoin et de son acceptation insuffisante par la population. Toutefois, cette situation masque le véritable problème sous-jacent : le fait que le gouvernement d’El Salvador cherche à résoudre les problèmes structurels du pays par la spéculation avec des cryptoactifs.
Que s’est-il passé ?
Avant de miser sur l’univers crypto, l’économie du Salvador connaissait de sérieux problèmes structurels. La dette du pays a considérablement augmenté ces dernières années, augmentant les intérêts sur la dette. Compte tenu du fait que le dollar américain est la monnaie officielle du pays, le déficit commercial constant (plus d’importations que d’exportations) a créé une pénurie de dollars qui a mis l’économie en danger. Cette pénurie a été compensée par les remises d’argent à des proches par des Salvadoriens résidant aux États-Unis, représentant plus de 25 % du PIB en 2021.
Pour s’attaquer à ce problème, le paquet de 52 réformes proposé par le président Nayib Bukele reposait principalement sur l’attraction de capitaux externes par le biais d’incitations fiscales ou même sur l’offre de nationalité aux investisseurs utilisant la technologie Bitcoin et blockchain comme instruments de libéralisation économique. Comme l’a dit le président lui-même dans un tweet : « Alors que le monde tombe dans la tyrannie, nous allons créer un havre de liberté ». Mais, parmi toutes ses mesures, il convient de noter l’acceptation du Bitcoin comme monnaie légale, l’émission de dette adossée au bitcoin et la création de « Bitcoin City », un paradis fiscal détaxé à zéro émission de CO2 pour minage de cryptomonnaies.
Que pense Justin Sun de l’achat du bitcoin par les Salvadoriens ?
Justin Sun, fondateur de la blockchain Tron, a répondu au tweet de Bukele en déclarant qu’il ferait de même : acheter un BTC par jour. Pendant ce temps, d’autres tweeters ont appelé le président à garder le BTC d’El Salvador dans des portefeuilles froids et d’autres ont même célébré sa politique de « bitcoiner » malgré les critiques d’organisations telles celles promulguées par le Fonds monétaire international.
La stratégie DCA de Bukele
La stratégie d’achat récurrent de Bukele, désormais renforcée avec l’achat de 1 BTC par jour, peut être considérée comme un moyen d’accumuler plus de pièces, quel que soit le prix d’achat. Ce mécanisme, qui vise à éliminer la volatilité quotidienne face à une stratégie à long terme, est connu sous le nom de DCA (Dollar Cost Average).
Si ce marché baissier et le prix du BTC restent inférieurs à la moyenne des achats de Bukele, cette politique l’aiderait à accumuler du bitcoin à des prix plus bas, tout comme les bitcoiners l’encourageaient à le faire il y a quelques mois. Ainsi, sa moyenne diminuerait progressivement face à un prochain cycle haussier où son portefeuille reviendrait au vert.
Le bitcoin, selon une enquête de l’Université jésuite d’Amérique centrale (UCA) réalisée en septembre et publiée en octobre, n’est pas utilisé par 75,6 % des Salvadoriens consultés, tandis que 24,4 % ont indiqué qu’ils utilisaient la crypto-monnaie dans leurs transactions.
Mercredi, l’ambassadrice d’El Salvador à Washington et active promotrice du bitcoin, Milena Mayorga, a déclaré à la chaîne d’État 10 que son utilisation « est un processus ». « Nous devons d’abord le connaître, l’éducation est la clé », déclare-t-elle.
« Nous avons déjà installé 44 sociétés de crypto-monnaie » a célébré Mayorga. Le bitcoin « est la mesure la plus impopulaire du gouvernement Nayib Bukele, la plus critiquée et la moins bien évaluée », a déclaré le recteur de l’UCA, Andreu Oliva, lors de la présentation des résultats de l’enquête.
De plus, 77 Salvadoriens sur 100 estimaient que le président « ne devrait pas continuer à dépenser de l’argent public pour continuer à acheter du bitcoin ».
Mais, avec l’adoption du bitcoin, Bukele cherche « l’inclusion financière » au monde de la crypto pour la majorité de la population. De fait, il facilite l’envoi de fonds familiaux depuis l’étranger ce faisant. Mais la mesure a été remise en cause par la Banque mondiale et le FMI, qui ont mis en garde contre la forte volatilité de la crypto-monnaie.