Boursier.com : Si l’envolée des cours du brut se poursuit, le scénario d’une activité mondiale résistante en 2011 pourrait-il être remis en cause selon vous ?
Dominique Netter : Cela aura effectivement un impact négatif sur l’activité mondiale, particulièrement sur la consommation des ménages dans les pays occidentaux car cela induira une érosion du pouvoir d’achat… Dans les pays émergents, ce phénomène aura également un impact sur la consommation des ménages, même si les salaires progressent.
Boursier.com : Si l’on prend l’hypothèse d’un baril à 100 Dollars en moyenne, à combien se chiffre l’impact pour l’économie mondiale ?
D.N. : Avec un baril de brut à 100 Dollars, la facture pétrolière atteindrait environ 5% du PIB mondial, c’est-à-dire le même niveau qu’en 2008…
Boursier.com : S’agissant de la catastrophe japonaise, ses répercussions sur l’économie mondiale sont en revanche très relatives ?
D.N. : Oui car la contribution de la croissance japonaise à l’économie mondiale est modeste. Il n’en demeure pas moins que les perturbations de la chaine de production qui vont se poursuivre plusieurs mois entraineront des répercussions principalement sur les pays asiatiques qui sont de gros partenaires commerciaux du Japon. Et dans le domaine des composants électroniques, là aussi, l’effet sera significatif… Globalement, on chiffre l’impact négatif à 0,2% ou 0,3% sur l’activité mondiale.
Boursier.com : Revenons en Europe sur la problématique des dettes souveraines. Les analystes jugent inévitable une restructuration de la dette grecque. Est-ce votre avis ?
D.N. : Le terme restructuration recouvre plusieurs réalités : restructuration, réaménagement, extension, taux plus bas… Il y aura certainement un cocktail d’outils qui seront utilisés pour rendre plus supportable le fardeau de la dette pour ce pays. Elle devrait atteindre 150% du PIB en 2011/2012. Il y a déjà eu un premier acquis sur les 100 MdsE prêtés par le FMI et l’Union Européenne, la maturité de la dette a déjà été prolongée… Il reste maintenant à traiter le problème de 260 MdsE de dette grecque qui existait auparavant. Je ne pense pas que cela surviendra en 2011 parce que c’est un processus qui doit être relativement bien pensé. Il faut également que le système bancaire ait été recapitalisé, que les « stress test » aient été publiés pour que l’on puisse juger de la bonne adéquation des capitaux aux besoins. Cela devrait se produire plutôt en 2012 ou début 2013.
Boursier.com : Sur les marchés actions, le potentiel de hausse est-il épuisé à court terme ?
D.N. : Il semble, en effet, assez limité pour les prochains mois… D’abord, il faut digérer le mouvement de hausse qui a été extrêmement puissant depuis le mois de septembre. Et puis, nous arrivons à un certain infléchissement au niveau du cycle économique. Après deux années de croissance, nous atteignons une forme de maturité. Les indicateurs économiques ont retrouvé des sommets en début d’année. Ils vont mécaniquement plafonner voire se retourner. De plus, les resserrements monétaires vont avoir lieu de manière graduelle… Ces éléments devraient amener les marchés à marquer une vraie pause.
Boursier.com : L’attrait des investisseurs pour les actions semble toutefois important ?
D.N. : Nous assistons à un phénomène de flux positif pour les marchés actions… Depuis 4 ans, il existait une désaffection de la classe action au profit de la classe obligataire. Ce mouvement est en train de s’inverser très doucement. On assiste donc à un certain rééquilibrage. Au niveau des actions, il y a des perspectives correctes de gain… Je crois qu’on assiste à ce phénomène de bascule de classe d’actif.
Boursier.com : Quels sont les secteurs et les zones géographiques que vous privilégiez ?
D.N. : Nous faisons un mélange de secteurs défensifs et agressifs. Dans les défensifs, nous privilégions les télécommunications et la santé. Face à cela, nous continuons à apprécier la technologie, les valeurs industrielles et la consommation discrétionnaire…