Depuis plusieurs mois, une question circule de plus en plus ouvertement dans l’écosystème : Ethereum est-il en train de perdre son statut central ? À mesure que les Layer 2 se multiplient, que les liquidités se fragmentent et que l’expérience utilisateur se complexifie, la promesse d’un internet de l’argent unifié semble s’éloigner. Ethereum n’est pas mort, mais son modèle est clairement sous tension.
Ethereum n’est plus une blockchain, mais une couche de règlement
Depuis la transition vers le proof of stake et l’adoption progressive du rollup-centric roadmap, Ethereum a fait un choix stratégique clair. La couche principale se concentre sur la sécurité et le règlement final, laissant l’exécution aux Layer 2. Sur le papier, cette architecture répond aux limites historiques du réseau, notamment en matière de scalabilité.
Dans les faits, Ethereum est devenu une sorte de tribunal cryptographique, où les transactions ne sont plus réellement vécues par l’utilisateur final. L’activité se déroule ailleurs, sur Arbitrum, Optimism, Base, zkSync ou Starknet. La couche 1 sécurise, mais n’héberge plus l’usage.
Ce repositionnement pose une question fondamentale. Peut-on encore parler d’un réseau dominant quand l’utilisateur n’interagit presque plus avec lui directement ? Ethereum est solide techniquement, mais de plus en plus abstrait, voire invisible pour le grand public.
Les Layer 2 fragmentent l’écosystème plus qu’ils ne l’unifient
La promesse des L2 était simple : réduire les coûts, améliorer la vitesse et préserver la sécurité d’Ethereum. Sur ces points, les résultats sont réels. Les frais ont chuté, les transactions se sont accélérées et de nouveaux usages ont émergé.
Mais le revers est désormais évident. Chaque Layer 2 devient un micro-écosystème avec ses propres bridges, ses propres standards, ses propres liquidités. Pour l’utilisateur, naviguer entre ces couches reste complexe, risqué et peu intuitif. Pour les développeurs, maintenir une application réellement interopérable relève encore du bricolage.
L’interopérabilité, pourtant présentée comme la prochaine grande étape, reste largement théorique. Les hacks de bridges passés ont laissé des traces, et la confiance n’est pas totalement revenue. À force de multiplier les couches, Ethereum a gagné en capacité, mais perdu en lisibilité.
Ethereum face à ses concurrents, et face à lui-même
Pendant qu’Ethereum affine son architecture, d’autres blockchains avancent avec une approche plus intégrée. Solana, par exemple, mise sur une couche unique hautement performante. D’autres réseaux tentent de proposer une interopérabilité native, plutôt qu’additionnelle.
Ethereum conserve un avantage déterminant : son effet réseau. La majorité de la DeFi, des stablecoins et des actifs tokenisés restent ancrés dans son écosystème. Mais cet avantage n’est plus absolu. Il repose sur une inertie historique plus que sur une expérience utilisateur supérieure.
La vraie menace pour Ethereum n’est pas un concurrent direct. C’est la complexité qu’il impose à ceux qui l’utilisent. Si devenir l’internet de l’argent signifie être accessible, fluide et compréhensible, alors Ethereum doit encore résoudre un paradoxe central : comment rester décentralisé et sécurisé sans devenir illisible.
Ethereum n’est pas mort. Mais il n’est plus simple. Et dans un écosystème où l’adoption dépend autant de l’expérience que de la technologie, cette réalité pourrait peser lourd dans les années à venir.
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