Depuis cet été, plusieurs signaux convergent vers un même constat : l’équilibre économique d’Ethereum se déplace. En effet, la baisse structurelle des frais L1 depuis EIP-4844 et l’essor des L2 ont eu pour effet de redistribuer la valeur. Dans ce cadre, les détenteurs d’ETH non-stakés pourraient subir une dilution relative si la tendance s’accentue. La firme d’investissement VanEck a remis le sujet sur la table, mais d’autres données et rapports pointent dans la même direction.
Moins de burn L1, plus d’activité L2 : un partage de valeur qui change
La mise à jour Proto-Danksharding (EIP-4844) a réduit le coût des “blobs”, fait chuter les frais L2, et compressé le burn L1, qui était l’amortisseur d’émission traditionnel via EIP-1559. Ainsi, le filet déflationniste dépend davantage des pics d’usage que d’une base de frais élevée et permanente. Les tableaux d’ultrasound.money illustrent bien ce régime : la variation nette d’offre oscille désormais avec l’activité, ce qui fragilise la protection automatique des non-stakés lors des phases de frais bas.
Le prochain jalon, PeerDAS dans la mise à jour Fusaka, promet d’augmenter encore la capacité de données pour les rollups. C’est une excellente nouvelle en termes d’échelle, cependant la capture de valeur se fera surtout chez les séquenceurs L2, tant que les mécanismes de partage resteront limités côté L1. C’est d’ailleurs l’un des angles clés du débat sur la dilution.
Staking, ETPs et séquenceurs : pourquoi la position “passive” s’érode
En ce qui concerne les stakers, la rémunération des validateurs devient un poids croissant dans la création de valeur lorsque le burn s’affaiblit. Par ailleurs, des produits institutionnels privilégient des stratégies de trésoreries d’actifs numériques ou des ETP stakés en Europe, ce qui leur permet de capter ce rendement.
Mais de leur côté, les ETF spot US n’intègrent pas le staking, ce qui alimente le débat “dividendes vs détention simple”. Plusieurs gérants ont d’ailleurs déjà souligné que détenir de l’ETH sans staking revient à renoncer à une part de la rémunération du réseau.
Dans le même temps, les L2 ont affiné leurs mécanismes de priorité et de capture de revenus au niveau du séquenceur. Tant que ces flux (frais, MEV local, lanes de priorité) ne sont pas redistribués aux détenteurs d’ETH, la valeur s’éloigne de la couche de base. Une divergence qui accentue mécaniquement la dilution relative des non-stakés.
Ethereum is already scaling, but the upcoming Fusaka upgrade will reduce bandwidth and storage demands for validators even further.
We dug into in it in latest VanEck Crypto Monthly (link in reply). pic.twitter.com/HvODayTKnE
— matthew sigel, recovering CFA (@matthew_sigel) October 3, 2025
VanEck… et les autres : un diagnostic désormais transverse
VanEck a formalisé cette inquiétude dans un récent rapport en parlant explicitement de “risque de dilution” pour les non-stakers, dans un contexte où les trésoreries d’actifs numériques grossissent et où les revenus L1 restent sous pression. Toutefois, le constat est plus large : les données d’offre nette, les analyses sur la capture de revenus L2, et les contraintes produits des ETF non-stakés convergent vers la même interrogation centrale. Qui capte la valeur marginale d’Ethereum en 2025 ?
Concrètement, on distingue trois variables fondamentales qui orienteront la suite de l’histoire d’Ethereum :
- Le ratio de staking (et sa concentration)
- La trajectoire des frais L1 après Fusaka/PeerDAS
- Le partage (ou le non-partage) des revenus des séquenceurs L2 avec les détenteurs d’ETH
Si les frais restaient bas et que la part stakée continuait de grimper, la position “cash ETH non-staké” y perdrait au change, à moins d’être compensée par la performance prix. À l’inverse, un retour durable de frais élevés sur la L1, ou de nouveaux ponts de valeur des L2 vers la L1, resserrerait l’écart entre stakers et non-stakés. Pour finir, l’essor du restaking ajoute une couche de rendement pour les validateurs, renforçant encore l’avantage des positions actives.
Perspectives à garder à l’esprit
L’enjeu n’est pas d’opposer L1 vs L2, mais d’évaluer comment la sécurité L1, la gouvernance économique des L2 et la structuration des produits d’investissement se combineront. À court terme, mesurer sa propre exposition au staking et suivre l’arrivée de PeerDAS sont les comportements déterminants. À moyen terme, la question clé reste la remontée de valeur vers ETH l’actif.
Sources
- VanEck — Crypto Monthly Recap (sept. 2025)
- ultrasound.money — ETH supply since Merge
- Galaxy Research
- Reuters