Le crowdfunding, qui a connu une popularité croissante ces dernières années, est aujourd’hui source de regrets pour de nombreux investisseurs. Plusieurs raisons expliquent ce sentiment de regret, et les pertes financières encourues sont souvent significatives. Pourtant, le crowdfunding n’est pas une mauvaise idée en soi !
Les atouts du crowdfunding
Sur le papier en tout cas, le financement participatif – ou « crowdfunding » (de « crowd », en anglais), n’est pas dépourvu d’attraits. Il permet à des sociétés -notamment des promoteurs, des marchands de biens et autres, ainsi qu’à des individuels, de lever plus rapidement des financements auprès des quidams via des sites Internet dédiés et sans passer par les établissements bancaires classiques. Le financement participatif consiste à s’engager en contrepartie à verser des intérêts très importants, à des taux de 10 % à 14 % qui évidemment attirent bon nombre d’investisseurs.
L’AMF (Autorité des Marchés Financiers) veille au grain
L’activité est contrôlée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) au titre de la protection des épargnants, et il faut disposer d’un agrément pour jouer les entremetteurs entre la foule («crowd ») et les sociétés.
Les prestataires de services de financement participatif sont tenus de répondre dans un délai maximum de 2 mois à compter de la date d’envoi d’une première lettre de mécontentement ou réclamation. Si l’investisseur n’est pas satisfait de la réponse ou en l’absence de réponse, celui-ci peut saisir le médiateur de l’AMF, et en cas de doute, l’investisseur peut contacter la plateforme Epargne Info Service de l’AMF qui peut le guider dans la compréhension des produits et l’orienter dans les démarches possibles.
Pourquoi les investisseurs regrettent-ils ?
Leurs raisons sont multiples.
- Sous-estimation des risques : beaucoup d’investisseurs ont sous-estimé les risques associés au crowdfunding. Ils pensaient que les rendements promis étaient garantis, mais les projets ont souvent échoué à atteindre leurs objectifs.
- Retards de remboursement : ceux-ci sont en forte hausse, et certaines plateformes sont à plus de 50 % de retard. En 2023, environ 8,7 % des projets immobiliers financés sur les plateformes de crowdfunding accusaient un retard supérieur à six mois (20 à 25%) alors que 3 ans auparavant, le retard n’était que de 10%. Ces retards peuvent entraîner des pertes importantes pour les investisseurs.
- Défauts de paiement : certains projets n’ont pas pu rembourser les investisseurs, entraînant des pertes définitives. Selon un rapport, entre 2 % et 4 % des dossiers aboutissent à des pertes définitives pour les investisseurs.
- Marché de l’immobilier en crise : le secteur immobilier, qui représente une part importante des investissements en crowdfunding, est en crise. La hausse des taux d’intérêt et le ralentissement du marché immobilier ont rendu difficile pour les promoteurs de vendre leurs biens et de réaliser leurs projets.
- Manque de diversification : certains investisseurs ont tout misé sur le crowdfunding, sans diversifier leurs investissements. Cela a augmenté leur vulnérabilité face aux pertes. Or suivant l’adage « il ne faut jamais mettre tous ces œufs dans le même panier », beaucoup d’investisseurs auraient été mieux avisés de diversifier les classes d’immobilier (résidentiel, bureaux, hôtellerie), les types d’opération (construction, rénovation, achat-revente), et d’investir sur différentes plateformes, plutôt que de prêter deux fois à une même entreprise !
Combien d’investisseurs sont dans ce cas ?
Il est difficile de donner un chiffre exact du nombre d’investisseurs qui regrettent d’avoir investi dans le crowdfunding, mais les signes de mécontentement sont nombreux. Les forums financiers et les groupes de discussion en ligne sont remplis de témoignages de personnes qui ont perdu de l’argent dans des projets de crowdfunding.
Quelles sont les raisons de leurs malheurs ?
Elles sont nombreuses.
- Un manque de connaissances : de nombreux investisseurs n’avaient pas suffisamment d’informations sur le fonctionnement du crowdfunding et des risques associés.
- Une excitation excessive : l’attrait du gain, des rendements promis, a souvent poussé les investisseurs à ignorer les risques et à investir plus qu’ils ne le devaient.
- La confiance excessive dans les plateformes : les investisseurs ont souvent misé avec trop de confiance sur les plateformes de crowdfunding, pensant qu’elles avaient fait toutes les diligences nécessaires pour s’assurer de la viabilité des projets.
- L’absence de diversification : comme déjà mentionné, le manque de diversification des investissements a augmenté les pertes potentielles.
Combien ont-ils perdu en argent ?
Les pertes financières encourues par les investisseurs varient considérablement, mais elles peuvent être significatives. Par exemple, certains investisseurs ont perdu jusqu’à 40 % de leur capital investi dans des projets de crowdfunding immobilier. Globalement, entre 2 % et 4 % des dossiers aboutissent à des pertes définitives pour les investisseurs.
Conclusion
Bien que le crowdfunding puisse offrir des opportunités d’investissement attractives, il est essentiel pour les investisseurs de bien comprendre les risques associés et de diversifier leurs portefeuilles pour minimiser les pertes potentielles. Les regrets exprimés par de nombreux investisseurs aujourd’hui servent de rappel de l’importance de la prudence et de la diligence lorsqu’on s’engage dans ce type d’investissement.