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Le Pacte Dutreil bénéficie-t-il en réalité aux plus riches ?

Didier Brochon Rédacteur Expert en Fiscalité Author expertise

Le « Pacte Dutreil », mis en place par la loi de finances pour 2024, vise à faciliter la transmission intergénérationnelle des entreprises et des participations par une exonération partielle des droits de mutation à titre gratuit (DMTG). Cependant, plusieurs aspects de ce dispositif peuvent être perçus comme favorisant les riches et les très riches. Quelles en sont les conditions d’éligibilité et de transmission ? Quels en sont les impacts sur l’impôt sur la fortune (IFI) et sur la répartition des richesses ?

Conditions d’éligibilité restrictives

Pour bénéficier du « Pacte Dutreil », il faut respecter plusieurs conditions strictes. Par exemple, l’entreprise ou la société doit exercer une activité agricole, artisanale, commerciale, industrielle ou libérale. De plus, le dispositif exige que l’entreprise soit gérée activement par les héritiers ou légataires, et qu’au moins un des donataires soit âgé de 18 à 60 ans au moment de la transmission.

Seuil de transmission élevé

Le « Pacte Dutreil » s’applique principalement aux transmissions de participations ou d’entreprises dont la valeur dépasse un certain seuil. Cela signifie que les petites entreprises ou participations, souvent détenues par des familles moins riches, ne peuvent pas bénéficier de cette exonération.

Une certaine complexité administrative

La mise en œuvre du « Pacte Dutreil » implique des démarches administratives complexes et coûteuses. Les familles moins fortunées peuvent ne pas avoir les moyens de se faire assister par des experts-comptables ou des avocats pour naviguer dans ces formalités.

Son impact sur l’impôt sur la fortune

Le « Pacte Dutreil » exonère les droits de mutation à titre gratuit, mais il ne prend pas en compte l’impôt sur la fortune (IFI) ou l’impôt sur le revenu (IR). Les familles riches peuvent donc encore être soumises à ces impôts, mais bénéficier de l’exonération fiscale sur la transmission de leurs actifs.

L’exclusion des sociétés unipersonnelles

Les sociétés unipersonnelles, souvent détenues par des entrepreneurs individuels, ne peuvent pas bénéficier du « Pacte Dutreil ». Cela signifie que les petites entreprises individuelles, souvent moins riches, sont exclues de ce dispositif.

Son impact sur la répartition des richesses

Le dispositif « Dutreil » permet aux héritiers ou donataires de parts ou d’actions d’une entreprise, souvent les enfants du chef d’entreprise, de bénéficier d’une exonération partielle des droits de succession ou de donation, grâce à un abattement de 75 % qui est applicable sur la valeur des titres.

En cas de donation et après déduction de l’abattement, les droits peuvent être réduits de moitié si la donation est consentie en pleine propriété avant les 70 ans du donateur, permettant de ramener le coût de la donation d’une entreprise à ses enfants à moins de 5 % de sa valeur, même si le barème progressif des droits de donation en ligne directe atteint au maximum le taux de 45 % au-delà de 1,8 million d’euros par part taxable transmise.

Entre 2018 et 2020 le nombre de « pactes Dutreil » a explosé, faisant qu’environ 40 % des montants transmis par des « Pactes Dutreil » ont concerné des fortunes de 60 millions d’euros et plus, faisant craindre à certains observateurs, dont des députés de l’opposition, que ce dispositif du « Pacte Dutreil » ne soit davantage une stratégie successorale d’optimisation fiscale suivie par des actionnaires familiaux d’entreprises, que la volonté de poursuivre durablement l’activité de celles-ci.

En facilitant la transmission des entreprises et des participations, le « Pacte Dutreil » peut donc en effet contribuer à la concentration des richesses au sein de quelques familles, avec pour conséquences d’accentuer les inégalités économiques et sociales en France.

Conclusion

Le Pacte Dutreil, bien qu’il ait des objectifs louables, présente des aspects qui peuvent être perçus comme favorisant les riches et les très riches. Les conditions d’éligibilité restrictives, le seuil de transmission élevé, la complexité administrative, l’impact sur l’impôt sur la fortune, l’exclusion des sociétés unipersonnelles et l’impact sur la répartition des richesses sont autant de facteurs qui peuvent limiter l’accès à ce dispositif pour les familles moins fortunées.

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Didier Brochon Rédacteur Expert en Fiscalité

Didier Brochon Rédacteur Expert en Fiscalité

Dans la filière fiscale, je suis particulièrement compétent et formaté pour la fiscalité des entreprises et des particuliers, le contrôle fiscal et son assistance, les conseils aux entreprises et aux particuliers, le traitement des contentieux suite aux contrôles fiscaux, l'assistance aux vérifications de comptabilité informatisées (compétence informatique particulière dans le traitement des données), mais apte à défendre de la même manière un contrôle fiscal des particuliers (contrôle sur pièces, ou un examen contradictoire de la situation fiscale personnelle d'ensemble; impositions directes locales: taxe d'habitation, taxes foncières), je suis également compétent dans une autre spécialité mal connue, y compris de beaucoup d'avocats, les évaluations domaniales de valeurs vénales et de valeurs locatives d'immeubles, évaluations des indemnisations en matière d'expropriations pour cause d'utilité publique, et leurs contentieux (au sein de l'Agence France Domaine en qualité de Chargé de mission, évaluateur et commissaire du gouvernement devant le Juge de l'expropriation et devant les SAFER).

Ma carrière administrative m'a valu d'exercer dans pratiquement tous les domaines du droit fiscal, y compris international, au sein de plusieurs Grandes Directions Nationales (ex-DSGI aujourd'hui DRESG ; DNVSF, en liaison avec Bercy, puis dans une Grande Direction Régionale de contrôles fiscaux, la DIRCOFI Centre-Val de Loire). 

Plus que mes compétences techniques très étendues, ma personnalité s'est toujours distinguée par une exigence de rigueur, mon adaptabilité, l'esprit d'analyse et de synthèse, le pragmatisme, la créativité, réactivité, curiosité, l'aisance relationnelle et en équipe, la vitesse de compréhension et d'exécution, le goût de l'initiative, des responsabilités et de la négociation. J'aurais pu par exemple intégrer un cabinet spécialisé, pour assurer la défense des intérêts des clients dans les domaines précités. J'aurais tout aussi bien pu travailler en "back office" en défense et recours des contribuables vérifiés, sur études des dossiers, ou les assister pendant les vérifications. Mes principaux hobbies sont : musique, art en général et littérature en particulier, étant auteur publié, et je suis également intéressé par l'activité de rédacteur.

Mes compétences fiscales et "para-fiscales" sont des plus étendues : juridiques (droit civil, fiscal et pénal découlant du fiscal, et droit de l'urbanisme + droit administratif, public et constitutionnel).

Aujourd'hui à la retraite, je reste actif en qualité d'auto-entrepreneur, en matière de conseils et défense en fiscalité des particuliers uniquement, et secondairement conseil dans les activités liées à l'écriture. Mon site web professionnel est https://www.cdjf-casav.com, où je réponds aux contribuables (ou écrivains) qui me sollicitent (mes tarifs et honoraires y sont clairement mentionnés).

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