Depuis le 1er janvier 2025, le règlement européen MiCA s’applique pleinement. L’île de Malte, déjà rompue aux actifs numériques, s’est empressée de proposer une « voie rapide » vers le précieux statut de Crypto-Asset Service Provider (CASP).
Les mastodontes des exchanges y voient un passeport unifié pour les 30 pays de l’Espace économique européen ; Bruxelles, elle, observe avec prudence.
Malte, laboratoire réglementaire post-MiCA
Malte s’appuie sur sa loi de 2018 sur les Virtual Financial Assets, déclarée « quasi-équivalente » à MiCA par le régulateur local MFSA. En effet, les plateformes déjà titulaires de ce sésame peuvent convertir leur licence en quelques jours.
OKX, par exemple, a obtenu une pré-autorisation le 23 janvier 2025 et sa licence définitive quatre jours plus tard.
Cette célérité séduit d’autres acteurs. Crypto.com et Gemini ont suivi, tandis que Zondacrypto préfère l’Estonie, jugée « plus exclusive ».
Pour comprendre l’attrait maltais, il suffit de voir que l’exchange figure désormais parmi les cinq premiers volumes mondiaux, selon CoinMarketCap. De fait, Malte transforme sa taille en avantage compétitif, comme l’illustre le cas similaire de Coinbase avec sa licence MiCA.
OKX has received MiCA pre-authorization in Malta! 🇪🇺
A major step toward compliant, secure, and transparent crypto services across the EEA. We’re fully committed to embracing MiCA and shaping A New Alternative in crypto for Europe. pic.twitter.com/MhdVu6EjBT
— Roy van Krimpen (@Royvankrimpen) January 23, 2025
Toutefois, le choix de l’île dépasse le simple guichet réglementaire. Le ministère des Finances a promis d’augmenter de 20 % les effectifs de supervision d’ici fin 2025. D’ailleurs, un appel d’offres pour un système de surveillance des portefeuilles on-chain est en cours.
« Recevoir une licence ne doit pas être aussi simple que commander un menu à emporter », ironise Przemysław Kral, PDG de Zondacrypto, soulignant que la confiance passe aussi par la lenteur étudiée des procédures.
Un accélérateur qui inquiète Bruxelles et Paris
Par ailleurs, plusieurs autorités questionnent la robustesse d’un contrôle mené par moins de 70 inspecteurs pour tout le secteur financier maltais.
La présidente de l’Autorité des marchés financiers française (AMF), Marie-Anne Barbat-Layani, a réclamé en avril 2025 une coordination renforcée avec l’ESMA afin d’éviter un « tourisme de licence ».
Ainsi, l’ESMA a publié en mai des lignes directrices pour harmoniser les contrôles sur le blanchiment et la manipulation de marché sous MiCA. Ces recommandations pourraient ralentir la dynamique maltaise si une revue de conformité paneuropéenne est lancée début 2026.
Néanmoins, Malte défend son modèle. Un circular d’avril 2024 précise que tout détenteur de licence VFA reste soumis à des audits trimestriels et à un dépôt de 730 000 € de fonds propres minimaux.
Dès lors, l’île argue qu’elle conjugue rapidité et rigueur, même si les amendes récentes – 1,2 million € pour OKX en avril 2025 pour manquements AML – montrent que la barre reste perfectible.
Enfin, l’adoption volontaire de normes ISO-27001 par quatre exchanges locaux, signalée dans le rapport stratégique 2024 du MFSA, suggère une professionnalisation bienvenue du marché. Toutefois, l’enjeu principal reste la capacité à mener des enquêtes transfrontalières lorsque les flux litigieux quittent l’archipel.
Sources
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