Le plus gros fonds souverain du monde, le fonds d’État norvégien, a récemment défini l’objectif de zéro émission de gaz d’ici à 2050. Le Norges Bank Investment Management (NBIM) a indiqué lors d’une conférence de presse que toutes les entreprises se trouvant dans son giron ont quelques années pour descendre à zéro émission de carbone.
Le NBIM veut exiger à ses entreprises d’atteindre à l’horizon 2050 une émission nette de carbone nulle
Au cours d’une conférence de presse donnée le mardi 20 septembre 2022, le plus gros fonds d’État au monde a informé le public de ses nouvelles ambitions en matière d’écologie. Le fonds qui vaut à lui seul 1,3% de la capitalisation boursière mondiale entend désormais imposer aux milliers de sociétés dans lesquelles il a investi, de parvenir à un niveau d’impact carbone nul. En fixant cet objectif de neutralité carbone, le NBIM entend adopter une politique plus respectueuse de ses règles d’éthique. Certaines de ces règles évoquent en effet que le fonds d’État le plus valorisé au monde ne doit pas réaliser des investissements dans le charbon, ou accompagner des entreprises dont les activités causent des dégâts climatiques et environnementaux majeurs.
Objectif zéro carbone : une stratégie à la fois écologique et économique pour le plus important fonds d’État au monde
Le fonds souverain norvégien possède des actions dans près de 9 000 entreprises. Dans le lot, il n’y a pour l’instant qu’environ 1 entreprise sur 10 qui ait déjà défini une date butoir pour atteindre la neutralité carbone. En imposant à toutes les entreprises des délais pour atteindre un taux d’émission de CO2 à zéro, le fonds pose un pas essentiel vers le respect de ses propres principes. Financièrement soutenu par les bénéfices de l’exploitation de pétrole en Norvège, une activité connue pour être très polluante, le fonds d’investissement redore son image à travers cette décision.
Pour que l’objectif de zéro carbone d’ici à 2050 soit atteint par les sociétés au capital desquelles il participe, le fonds envisage d’offrir un accompagnement à chacune d’entre elles pour l’élaboration d’un plan climatique. Comme mentionné par la directrice de la gouvernance et de la conformité du NBIM, Carine Smith Ihenacho, le fonds s’appuiera sur divers outils juridiques, administratifs et financiers. Il mettra en place un cadre de dialogue avec les entreprises, influencera les plans d’actions décidés en assemblée générale grâce à son droit de vote ou, en guise « d’ultime recours », sortira de leur capital.
Au-delà de l’aspect environnemental que revêt une telle ambition, il y va aussi de la pérennité des activités du fonds. Øystein Børsum, vice-gouverneur et représentant de la Banque de Norvège (qui dirige le fonds), en a fait cas dans ses propos. Il a mentionné que la durabilité fait partie des conditions susceptibles de garantir de « bons rendements à l’avenir » pour le fonds, qui a subi de plein fouet la crise économique mondiale en perdant 14,4% de sa valeur (170 milliards d’euros) sur le premier semestre de 2022.
Un contexte national et international propice à une telle démarche
Les ambitions de neutralité carbone nourries par le gigantesque fonds d’investissement souverain sont dévoilées dans le sillage d’une décision similaire prise plus tôt par le parlement norvégien. Début 2022, les parlementaires de la Norvège ont à nouveau engagé le pays sur la voie de l’objectif zéro carbone, après de premières résolutions en 2008 et 2016.
La vision du NBIM de mener 100% des entreprises dans lesquelles il investit vers zéro émission de carbone s’inscrit également dans la dynamique de l‘Accord de Paris. Adopté en 2015 et signé en 2016, ce traité international sur le réchauffement climatique fixe plusieurs objectifs écologiques aux 195 pays signataires. L’Accord s’inspire des travaux du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et recommande la neutralité carbone d’ici à 2050. Il s’agit d’un préalable nécessaire pour que le réchauffement climatique soit limité à 1,5%.
Plus gros fonds d’État au monde, le fonds norvégien NBIM affiche une valeur financière d’environ 1 200 milliards d’euros et des investissements dans 70 pays. À l’heure du bilan, ses orientations stratégiques vaudront certainement leur pesant d’or dans la marche vers la préservation de l’environnement.