Brian Armstrong n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Ces derniers jours, le fondateur et CEO de Coinbase a confié son optimisme sur ce qui pourrait devenir un moment charnière pour l’industrie crypto américaine : l’adoption prochaine du Digital Asset Market Clarity Act, ou CLARITY Act. Le texte, déjà validé en juillet par la Chambre des représentants, est désormais sur la table du Sénat.
Une clarification attendue depuis des années
Depuis plus d’une décennie, les entrepreneurs de la blockchain réclament un cadre clair. Aujourd’hui encore, la bataille entre la SEC et la CFTC alimente l’incertitude.
D’un côté, la SEC considère une partie des tokens comme des valeurs mobilières, soumises à une réglementation lourde et parfois inadaptée. De l’autre, la CFTC plaide pour un traitement des cryptomonnaies comme des matières premières numériques, ce qui implique une supervision plus souple et mieux alignée sur leur fonctionnement décentralisé.
Le CLARITY Act tranche : la CFTC deviendrait le régulateur de référence pour Bitcoin, Ethereum et d’autres actifs suffisamment décentralisés pour entrer dans la catégorie des « digital commodities ». Cette bascule va engendrer une zone de stabilité où les entreprises crypto sauraient enfin à quelles règles se conformer.
L’enthousiasme affiché de Coinbase
Brian Armstrong insiste sur l’urgence de ce texte. Pour lui, l’adoption est « imminente » et l’impact sera « transformateur ». Dans ses déclarations récentes, il ne cache pas que ce cadre légal pourrait enfin libérer l’innovation aux États-Unis, en ouvrant la voie à l’entrée massive de capitaux institutionnels.
Avec cette loi, Coinbase et ses concurrents bénéficieraient d’une sécurité juridique renforcée. Les produits dérivés crypto, les fonds indexés ou encore les offres tokenisées trouveraient un terreau beaucoup plus fertile.
Et au-delà des produits, c’est la confiance des investisseurs particuliers qui s’en trouverait consolidée, sur un marché encore marqué par les traumatismes de la faillite de FTX et les batailles judiciaires interminables contre la SEC.
Le Sénat face à un choix stratégique
Si l’optimisme de Coinbase est tangible, le passage au Sénat reste une étape délicate. Le texte fait face à un rival, le Responsible Financial Innovation Act (RFIA), porté par un autre groupe de sénateurs. Plus conservateur, il confierait à la SEC un rôle prépondérant, lequel risque de renforcer les obligations imposées aux acteurs crypto.
En réalité, cette compétition législative reflète le dilemme américain : faut-il privilégier l’innovation et la compétitivité internationale ou renforcer avant tout la protection des investisseurs face aux risques systémiques ?
La réponse aura des répercussions bien au-delà de Washington, car une adoption claire aux États-Unis sert souvent de signal mondial.
Un enjeu décisif pour l’écosystème et pour Coinbase
Coinbase a plus à perdre qu’à gagner dans l’incertitude actuelle. Côté bourse, l’entreprise doit convaincre des investisseurs institutionnels frileux. Côté marché, elle voit certains de ses rivaux étrangers profiter d’un cadre plus souple en Europe ou en Asie.
Le CLARITY Act, en donnant à la CFTC la responsabilité principale, permettrait à l’exchange d’élargir ses offres en toute sérénité, sans craindre d’être pris pour cible par la SEC au moindre lancement de produit.
Mais par-dessus tout, c’est l’ensemble du marché américain qui en sortirait renforcé. Les projets décentralisés auraient une grille claire pour savoir s’ils relèvent de la CFTC ou de la SEC.
Les investisseurs particuliers auraient l’assurance que les plateformes respectent des règles de transparence et de lutte contre le blanchiment. Et les capitaux institutionnels, longtemps hésitants, pourraient enfin s’engager sans craindre un retournement réglementaire brutal.
Sur le même sujet :