Sous les cycles de hype, cinq chantiers profonds redessinent l’architecture crypto. Ils avancent lentement, parfois douloureusement, toutefois leur inertie paraît durable. L’objectif, ici, est d’identifier des axes anticycliques qui survivront aux modes.
1) Sécurité partagée, ZK et modularité : le socle
La restake-économie popularisée par EigenLayer ouvre la sécurité partagée à des services autonomes (AVS). Ainsi, de nouveaux réseaux émergent sans repartir de zéro côté confiance. Toutefois, la gouvernance des slashing conditions reste délicate, en effet.
Les incitations financières devront éviter la capture courte vue. Autrement, la “location” de sécurité peut fragiliser les fondations. Les intégrateurs chercheront donc des garanties techniques et économiques plus fortes, malgré la pression du time-to-market.
En parallèle, les preuves à connaissance nulle compressent le calcul et rapprochent confidentialité et débit. Les coûts de preuve baissent avec des améliorations matérielles et logicielles. Cela rend crédible une exécution riche sur chaînes publiques, sans sacrifier l’ouverture.
Cependant, les piles ZK demeurent fragmentées. Les frameworks, langages et bibliothèques évoluent vite, ce qui complique l’industrialisation. Les équipes devront figer des standards pragmatiques, puis réduire les coûts d’audit et de maintenance, en priorité.
Sur Ethereum, la trajectoire de scaling conforte les rollups. L’enjeu se déplace désormais vers l’UX de compte, les intents et l’abstraction. Pour aller plus loin sur cet axe, voir notre analyse : pourquoi tous les L2 convergeront vers les zk-rollups. Ce pont interne aide à mesurer la vitesse de convergence.
Enfin, l’empilement modulaire isole exécution, consensus et data availability. Cela favorise l’expérimentation, mais complexifie la coordination et la capture de valeur. Les couches DA, en particulier, devront prouver leur résilience économique, toutefois.
With $1.2 trillion in activity this year, Ethereum now powers over half of all real-world asset volume onchain.
BlackRock’s $2.38B+ BUIDL and the $110M+ Securitize tokenized Apollo Diversified Credit Fund ACRED showcase this institutional size.
U.S. dollar yields and private… pic.twitter.com/vk2ojIpyCU
— Securitize (@Securitize) August 22, 2025
2) RWAs, DeFi grand public et social décentralisé : l’usage
La tokenisation des actifs du monde réel apporte du rendement “hors-crypto” sur chaîne et sert de ballast à la volatilité. Les tableaux de CoinGecko – RWA par capitalisation offrent une jauge en temps réel de ce pont financier. Les stablecoins, obligations tokenisées et fonds réglementés composent un premier noyau crédible.
Côté distribution, la DeFi se dissout dans les usages grand public : cartes, on-ramps, paiements marchands et “super-apps” rendent invisibles les rails on-chain. L’utilisateur n’“adopte” pas la crypto ; il choisit un produit plus rapide, moins cher et programmable. Toutefois, la confiance réglementaire reste à consolider.
Les portefeuilles évoluent grâce à l’abstraction de compte et aux intents. Les récupérations sociales, limites de dépenses et authorizations granulaires réduisent le risque d’erreur. Ainsi, l’UX progresse vers le mainstream, sans renoncer à la self-custody, idéalement.
Le social décentralisé dépasse la rémunération des créateurs. Les graphes publics et portables inversent l’enfermement des plateformes. Même une traction modeste déplace le pouvoir vers les communautés. Cependant, la modération, l’anti-spam et la découvrabilité restent des défis d’ingénierie et de gouvernance.
À terme, ces trois axes imposent une même question : l’UX avale-t-elle la complexité assez vite pour survivre aux phases baissières ? Les signaux récents suggèrent que oui, grâce aux bundlers, à la signature déléguée et aux parcours fiat-on-chain. Le chemin restera sinueux, pourtant.
