Un rapport de Fidelity Digital Assets vient de jeter un pavé dans la mare : d’ici à 2032, près de 8,3 millions de bitcoins pourraient sortir du marché, soit environ 42 % de l’offre totale. Si ce scénario se confirme, il ne s’agira pas seulement d’un ajustement technique, mais d’un bouleversement historique du rapport entre offre et demande.
En clair, la cryptomonnaie star risque de devenir plus rare qu’on ne l’imagine. Et cette perspective alimente autant l’enthousiasme que l’inquiétude des investisseurs.
Une rareté programmée, mais accélérée
Depuis sa création, Bitcoin repose sur une règle simple : pas plus de 21 millions d’unités en circulation, jamais. Aujourd’hui, environ 19,8 millions ont déjà été minés.
Le reste, à peine 1,2 million de bitcoins, sera progressivement libéré d’ici à 2140, avec un rythme de production ralenti par les célèbres halvings. Ces événements qui divisent par deux la récompense des mineurs tous les quatre ans.
Cependant, Fidelity attire l’attention sur une autre rareté, plus insidieuse, celle qui ne dépend pas du protocole, mais des comportements des acteurs. Des millions de bitcoins deviennent illiquides, car coincés dans des portefeuilles dormants ou dans les bilans de sociétés qui ne comptent pas les céder.
En conséquence, une part croissante de l’offre disparaît purement et simplement de la circulation.
Les gardiens du temps long
Deux groupes concentrent l’essentiel de cette immobilisation. D’abord, les « HODLers », ces investisseurs historiques qui n’ont pas bougé depuis plus de sept ans.
Ils détiennent leurs BTC comme d’autres gardent de l’or dans un coffre, indifférents aux cycles de marché. Leur patience est légendaire et leur inactivité retire déjà des millions de bitcoins du jeu.
Ensuite, les entreprises cotées, qui multiplient les stratégies de « Bitcoin Treasury ». Plus de 105 sociétés possèdent aujourd’hui près de 969 000 BTC, soit environ 4,6 % de l’offre totale. Ces groupes achètent en bloc, stockent et laissent leurs réserves intactes dans leurs bilans.
L’objectif ? Diversification, couverture contre l’inflation, et parfois, une forme de spéculation institutionnelle assumée.
Le scénario Fidelity : une offre qui s’évapore
En additionnant ces deux forces, Fidelity estime que 6 millions de bitcoins seront verrouillés d’ici à fin 2025. Et dans sept ans, ce chiffre risque de grimper à 8,3 millions. Autrement dit, presque un bitcoin sur deux deviendrait inactif.
Le plus préoccupant ? La prévision n’intègre même pas l’arrivée de nouveaux acteurs institutionnels. Or, avec la montée en puissance des États et des fonds souverains dans la crypto, le chiffre pourrait être encore plus vertigineux.
Là où certains voient une opportunité de valorisation colossale, d’autres y lisent un risque systémique.
Un prix sous pression… vers le haut ?
Moins d’offre face à une demande constante ou croissante : la loi économique est implacable. Fidelity projette une pression haussière structurelle sur le prix du Bitcoin. Chaque halving à venir devrait accentuer l’effet, et donc, réduire la quantité de nouveaux BTC disponibles, rendre la rareté encore plus palpable.
Les cycles passés plaident d’ailleurs pour cette thèse. À chaque réduction de l’offre, Bitcoin a connu des envolées spectaculaires, malgré des phases de correction. L’idée d’une flambée alimentée par la pénurie séduit de nombreux investisseurs de long terme, persuadés que le marché n’a encore rien vu.
En gros, la thèse de Fidelity n’est pas une prophétie gravée dans le marbre, mais elle repose sur des tendances mesurables : accumulation, immobilisation, adoption institutionnelle. Si la trajectoire se confirme, Bitcoin risque de voir son marché être impacté de façon radicale.
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