Dexia : et maintenant ?

Rumeurs. De nouvelles rumeurs de rapprochement font jaser sur le dossier Dexia… L’établissement franco belge pourrait en effet se marier avec la Banque Postale sous l’égide de l’Etat et de son bras armé, la Caisse des Dépôts. Cette solution, déjà évoquée il y a quelques mois, aurait comme avantage de renforcer l’assise de l’ensemble avec un accès facilité au marché de capitaux et une base de dépôts plus conséquente. Lors de la dernière crise financière, on se souvient que Dexia avait péché par manque de clairvoyance avec une activité de rehaussement de crédit très risquée en cas de défaillance des émetteurs.

Etat. Le groupe, dont le métier historique consiste à financer les collectivités locales, a ainsi été rattrapé par une défiance généralisée qui le privait d’accès au marché. Dexia exerce également le métier de banque de détail au Benelux, mais l’établissement est absent de ce créneau dans l’hexagone. Lors de la crise, une banque classique peut s’appuyer sur sa base de clientèle pour exercer son métier et se refinancer… Dexia n’a dû son salut qu’à l’intervention des pouvoirs publics qui ont pris une part conséquente du capital via une injection de cash. En outre, une garantie étatique est venue couvrir les engagements du groupe. Les opérateurs ont été rassurés par ces mesures, mais les pouvoirs publics et les marchés ont réalisé que le vent du boulet est passé tout prêt de la banque.

Rapprochement. Dès lors, il convient de trouver une solution d’adossement pour Dexia… Les Etats qui ont participé à la recapitalisation entendent également sortir la tête haute de cette opération. Ils sont entrés au capital sur la base de 6 Euros par action, ce qui est loin des cours actuels. L’approche avec la Banque Postale est judicieuse car cet établissement évolue dans le giron du secteur public. Les pouvoirs publics ont donc toute latitude pour mener à bien l’opération sans devoir rendre compte à des entités à capitaux privés. Concernant le titre Dexia, nous considérons qu’un mariage devrait contribuer à recréer de la valeur pour les actionnaires. On peut ainsi tenter de replacer l’action en portefeuille pour le moyen terme.

Pertes. Dexia vient de faire état de ses comptes prévisionnels sur 2008… Le groupe bancaire spécialisé dans le crédit aux collectivités fait part d’une perte nette estimée à 3 Milliards d’Euros sur l’exercice. Le quatrième trimestre a été encore bien sombre avec la bagatelle de 2,3 Milliards d’Euros de perte, dont 1,7 Milliards d’Euros au titre de FSA. L’ensemble des conséquences comptables liées à la cession de cette filiale ont été prises. Elle ne devrait donc plus peser à l’avenir sur les résultats de Dexia, ce qui représente un réel motif de soulagement. FSA est spécialisé, rappelons-le, dans le rehaussement de crédit et le retournement de la conjoncture aux Etats-Unis a plongé cette société dans une situation très difficile.

Adaptation. La vente de FSA va contribuer à réduire le profil de risque de Dexia. Les activités de ‘trading’ vont également être ‘redimensionnées’. Sur son métier de base, Dexia a décidé de mettre un terme aux implantations dans les pays où l’entreprise n’a pas la taille critique. Un plan de réduction d’effectifs va concerner 900 personnes en 2009, tandis que le management a décidé de renoncer à son bonus. Les actionnaires vont également devoir se serrer la ceinture alors qu’aucun dividende ne sera servi au titre de l’exercice qui vient de se terminer. Le groupe franco-belge devrait réaliser 200 Millions d’Euros d’économies dès cette année, ce qui pourrait lui permettre de renouer enfin avec les profits.

Stable. La garantie des Etats français et belge a contribué à rassurer la clientèle. Les capitaux qui avaient quitté la banque sont revenus et la situation semble ainsi être rentrée dans l’ordre… Quant à la conformité avec les ratios réglementaires, elle est très correcte avec un ratio ‘Tier 1’ de plus de 10% après prise en compte des pertes annuelles. Si le pire semble passé pour Dexia, le chemin va être encore long avant de retrouver la confiance des actionnaires. On conservera les positions éventuelles et on se montrera attentif à l’évolution capitalistique de l’entreprise…