Boursier.com : Entrevoyez-vous des signes d’amélioration de l’activité économique ?
V.V. : Les médias insistent beaucoup sur la hausse de la production industrielle sur le deuxième trimestre, qui donne selon eux un signal positif sur la sortie de récession. Nous mettons un bémol à ce constat car sur une année, la production industrielle chute de 15%. Aussi, l’industrie a été tirée vers le haut artificiellement grâce aux diverses primes à la casse mises en place pour le secteur automobile. En outre, nous soulignons que le secteur industriel n’est pas seul en cause ans l’économie française…il y a aussi le secteur des services qui demeure déprimé. Par conséquent, nous estimons être dans une phase de stabilisation après avoir connu une forte chute lors des trimestres précédents.
Boursier.com : Concernant les publications semestrielles des grands groupes, quel est votre sentiment global ?
V.V. : Concernant le secteur bancaire, notamment dans les activités de financement et d’investissement, la croissance est réelle avec des marges confortables. En effet, les entreprises avaient besoin de se refinancer. Néanmoins, il ne faut pas omettre un coût du risque qui a été multiplié par trois dans les banques françaises et par sept pour la Deutsche Bank par exemple. En outre, nous avons constaté de bonnes surprises dans le secteur industriel. La bonne tenue des chiffres semestriels ne vient pas d’une hausse de l’activité mais de la réduction des investissements et des effectifs. Les chiffres annoncés par les constructeurs automobiles n’ont pas été bons mais on a observé un vif intérêt des investisseurs sur ces valeurs en raison de la préservation de leur cash. En revanche, la fin progressive de la prime à la casse va surement provoquer un trou d’air pour les constructeurs en 2010.
Boursier.com : Etes vous surpris par le rally haussier de ces dernières semaines ?
V.V. : Nous sommes surpris par cette montée subite du CAC40 de 2950 à 3500 points. Ce rally emmené par les valeurs cycliques, est intervenu pendant la période estivale connue pour ses faibles volumes échangés. Ce mouvement a été entrainé par les publications macroéconomiques américaines qui sont ressorties meilleures que prévu. Pourtant, contrairement aux chiffres européens qui sont plus réalistes, ceux d’Outre-Atlantique nous paraissent surestimés. Aussi, toujours du point de vue macroéconomique, les divers plans de relance mis en place récemment, vont entrainer un creusement significatif des déficits publics pour les années à venir. Le seul moyen pour arrêter cette spirale d’endettement massif est d’augmenter la pression fiscale, quitte à frapper un coup sur la consommation.
Boursier.com : Quelles sont les valeurs en portefeuille que vous privilégiez chez Finance S.A ?
V.V. : Nous privilégions les valeurs qui ont une bonne visibilité sur leur activité, sur leur marge et qui présentent une bonne solidité bilancielle. Nous nous sommes écartés des valeurs cycliques qui ont toutefois mené le récent rebond sur les marchés. Cela nous n’empêche pas de battre le marché puisque nos deux fonds actions ont progressé de 20% par rapport aux indices. Nous pensons que le potentiel de revalorisation sur ces valeurs défensives est plus important que sur les cycliques. En effet, nous sommes investis dans des sociétés du secteur de la santé à l’instar de Sanofi-aventis, BioMerieux, Ipsen et Ipsogen. Nous portons aussi notre intérêt sur le secteur de la téléphonie qui présente une récurrence dans leur activité avec des valeurs comme Vivendi, France Telecom ou KPN.
Boursier.com : Regardez-vous les titres liés à l’énergie ?
V.V. : Même si nous nous sommes récemment allégés sur le secteur de l’énergie, nous demeurons investis sur les parapétrolières avec Technip, CGG Veritas, Maurel et Prom ou bien Rubis. Nous possédons également en portefeuille Total, ou des valeurs de niche comme Heurtey Petrochem. En outre nous nous intéressons aux valeurs leaders sur leur marché à l’instar de SEB ou Vilmorin ou de niche comme Gemalto, SES ou 1000Mercis.