
L’Assemblée nationale a validé un amendement le vendredi 31 octobre 2025, créant une nouvelle taxe sur la fortune improductive afin de remplacer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) actuellement en vigueur. Un changement fiscal majeur qui pourrait concerner cette fois directement les détenteurs de cryptomonnaies.
Un impôt réformé pour taxer les actifs jugés improductifs
Initiée par le député MoDem Jean-Paul Matteï et modifiée par le socialiste Philippe Brun, la proposition a été adoptée à la limite avec 163 voix en faveur et 150 défavorables. L’intention déclarée : étendre le champ d’imposition aux types de richesse qui ne contribuent pas directement à l’économie concrète.
Ce qui vient de se passer est sidérant.
Le PS vient de voter AVEC LE RN un impôt qui retire la progressivité de l'IFI, et épargne les résidences jusqu'à 1 million. C'est potentiellement une BAISSE de recettes par rapport a l'IFI.
C'est scandaleux et sincèrement je ne… pic.twitter.com/dUXMmClfbX
— Claire Lejeune (@ClaireMLejeune) October 31, 2025
Le nouvel impôt est appliqué aux patrimoines supérieurs à 1,3 million d’euros, et prendra donc la forme de la taxation des biens immobiliers inoccupés, mais également des objets d’art, des yachts et des actifs numériques « improductifs ». Autrement dit, cet impôt pourrait aussi s’appliquer aux wallets de cryptomonnaies inactives ne générant ni staking ni rendement. Une question encore ouverte qui préoccupe un certain nombre d’investisseurs.
Il est important de mentionner que le taux progressif de l’IFI cède la place à une imposition unique de 1 %, tout en maintenant l’exonération d’un bien par foyer fiscal dans la limite d’un million d’euros.
Cette décision a bien évidemment suscité de vives réactions au sein de la communauté crypto française. Éric Larchevêque, figure incontournable du secteur et co-fondateur de Ledger, a violemment critiqué sur X le vote de l’amendement, dénonçant une fiscalité « punitive » vis-à-vis des détenteurs de Bitcoin et d’actifs numériques.
Après le rejet de la taxe Zucman, je pensais qu'on allait enfin pouvoir passer à autre chose et revenir à nos vrais sujets positifs de contribution économique au pays.
Mais voila que l'amendement de l'IFI sur la richesse "improductive" a été voté hier soir.
Seront désormais…
— Eric Larchevêque (@EricLarch) November 1, 2025
Les crypto-actifs dans le viseur du fisc ?
Il s’agit d’une première en France : les actifs numériques entrent désormais dans le champ fiscal. Jusqu’à présent, l’imposition ne portait que sur les plus-values de cession ou de conversion en monnaie fiduciaire. En instaurant cette réforme, l’exécutif introduit donc une véritable fiscalité patrimoniale sur les crypto-actifs, et cela, sans opération de transaction.
Néanmoins, de nombreux députés craignent que cette initiative ne bride l’innovation et l’adoption des technologies Web3. Ils voient aussi un risque de désavantage pour les investisseurs français vis-à-vis de pays plus accueillants, comme le Portugal ou la Suisse. En réponse, certains élus mettent en avant que la mesure permettrait une bien meilleure régulation des grandes fortunes crypto, souvent peu taxées en France.
Ainsi, plusieurs parlementaires favorables au texte affirment qu’il n’est plus acceptable de considérer les crypto-actifs comme des « coffres-forts numériques » échappant à l’impôt.
Une adoption politique sous tension
Au sein de l’Assemblée nationale, une pluralité de partis s’est manifestée. Des députés du Parti socialiste (PS), du Rassemblement national (RN), du MoDem et du groupe Liot ont apporté leurs voix à la réforme, là où des députés de La France insoumise, des Écologistes et d’Horizons ont voté contrent. Ce croisement inattendu montre que les lignes de fractures sont bien plus profondes sur ces questions fiscales et sur le rôle de l’État dans la répartition des richesses.
Le texte fera ensuite l’objet de l’examen du Sénat et, en cas d’adoption, la mesure pourra entrer en vigueur à compter de janvier 2026, marquant ainsi un tournant notable vers l’intégration des crypto-actifs dans le système fiscal français.
Sources : Le Figaro
