« L’inflation, impôt pour les pauvres, prime pour les riches » (François Mitterrand).
L’inflation est la hausse générale et durable du niveau des prix. Elle se mesure par le taux de variation de l’indice des prix à la consommation (IPC), qui reflète l’évolution du coût de la vie pour les ménages. L’augmentation des impôts est la hausse du prélèvement obligatoire effectué par l’État et les collectivités locales sur les revenus, les bénéfices, le patrimoine ou la consommation des agents économiques.
Quels sont les rapports existants entre ces deux phénomènes en France en 2023 ?
Inflation et prévisions de l’INSEE
Selon les prévisions de l’Insee, l’inflation devrait s’établir à 1,8 % en moyenne annuelle en 2023 (elle était à 5,60% en mars, puis à 3,9% en août 2023), après 2,1 % en 2022 et 1,2 % en 2021. Cette inflation s’explique par le ralentissement de la hausse des prix de l’énergie, lié à la stabilisation des cours du pétrole, et par le maintien d’une faible pression sur les salaires, malgré la reprise de l’activité économique. L’inflation sous-jacente, qui exclut les produits volatils comme l’énergie ou l’alimentation, devrait rester stable à 1,2 %.
L’augmentation des impôts devrait être limitée en 2023, après les baisses accordées en 2021 et 2022 dans le cadre du plan de relance post-Covid. Le gouvernement a annoncé qu’il n’y aurait pas de hausse d’impôt pour financer la dette publique, qui devrait atteindre 117 % du PIB en 2023.
Inflation – augmentation des impôts : un rapport complexe
Le rapport entre l’inflation et l’augmentation des impôts est complexe car dépendant de plusieurs facteurs. D’une part, l’inflation peut avoir un effet positif sur les recettes fiscales, si elle entraîne une augmentation des revenus nominaux et donc de l’assiette imposable (effet de « ciseau fiscal »). D’autre part, l’inflation peut avoir un effet négatif sur les recettes fiscales, si elle réduit le pouvoir d’achat réel des agents économiques et donc leur capacité à payer l’impôt (effet « d’érosion fiscale »).
De plus, certaines mesures fiscales peuvent impacter le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises, comme la suppression progressive du crédit d’impôt pour la transition énergétique, la réduction du plafond du quotient familial, la hausse de la taxe sur les véhicules polluants ou encore la réforme de l’impôt sur les sociétés.
L’impact net de l’inflation sur les recettes fiscales dépend donc du taux d’inflation, du taux d’imposition, de la progressivité de l’impôt et de l’indexation des seuils et des barèmes fiscaux. En France, le système fiscal est globalement indexé sur l’inflation. A cet égard, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé pour 2024, l’indexation sur l’inflation du barème de l’impôt sur le revenu (IR) pour les revenus de 2023 : « aucun salarié ne payera davantage d’impôts et certains payeront même moins d’impôts », les tranches du barème d’imposition sur les revenus étant réhaussées de 4,80%, ce qui limite les effets de distorsion de l’inflation et évite le basculement de 320 000 salariés dans l’impôt sur le revenu, tout en représentant quasiment 6 milliards d’euros de manque à gagner pour le budget de l’Etat.
Certains impôts, plus sensibles que d’autres à l’inflation
Toutefois, certains impôts sont plus sensibles à l’inflation que d’autres. Par exemple, la taxe foncière est basée sur la valeur locative cadastrale des biens immobiliers, qui n’est pas révisée régulièrement et qui peut donc être déconnectée de la réalité du marché.
Par ailleurs, l’inflation dope les rentrées de TVA : au-delà du chiffre d’affaires en hausse déclaré par les entreprises, leurs bonnes performances sont aussi liées à la forte inflation, l’indice des prix à la consommation ayant par exemple progressé de 5,2 % entre 2021 et 2022, et en août 2023, les prix à la consommation ayant augmenté de 4,8 % sur un an selon une étude de l’Insee publiée le 31 août 2023 !
Mais si l’inflation augmente ainsi mécaniquement les recettes de l’Etat, elle en augmente aussi les dépenses ! Certaines prestations sociales et dépenses comme les retraites, allocations familiales, allocations logement, revenu minimum, étant en effet indexées sur les prix, elles augmentent automatiquement les dépenses publiques ! En outre, le gouvernement n’est pas resté inactif face à l’inflation, puisqu’il a mis en place des mesures massives et coûteuses pour protéger le pouvoir d’achat des ménages face à la hausse des prix : mise en place d’un bouclier tarifaire, remises à la pompe, chèques énergie… Les recettes supplémentaires entrées dans les caisses publiques en raison de l’inflation ont par conséquent été plus que dépensées par la suite !
En conclusion, l’inflation et l’augmentation des impôts sont deux phénomènes qui peuvent avoir des effets contradictoires sur les recettes fiscales de l’Etat et sur le pouvoir d’achat des agents économiques. En 2023, la France devrait connaître une inflation modérée et une augmentation limitée des impôts, ce qui devrait soutenir la croissance économique et la réduction du déficit public.
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