L’essor rapide de l’informatique quantique, longtemps cantonné à la recherche académique, commence à inquiéter l’écosystème blockchain. En 2025, plusieurs avancées technologiques ont ravivé le débat sur la capacité future des ordinateurs quantiques à briser les schémas cryptographiques actuels.
Dans ce contexte, Solana et Aptos prennent les devants. Les deux réseaux testent et proposent des mécanismes de cryptographie post-quantique afin d’anticiper un risque encore lointain, mais potentiellement systémique : la falsification de transactions et le vol de clés privées à grande échelle.
Cette stratégie proactive illustre une maturité croissante des blockchains de nouvelle génération, qui ne se contentent plus d’optimiser les performances ou les coûts, mais intègrent désormais des menaces de long terme dans leur feuille de route technique.
Solana et Aptos anticipent la menace quantique
Du côté de Solana, la démarche est déjà bien engagée. La Solana Foundation a collaboré avec Project Eleven, une société spécialisée en sécurité post-quantique, afin d’évaluer la résistance du réseau face à de futurs ordinateurs quantiques. Cette analyse s’est traduite par le déploiement d’un testnet Solana intégrant des signatures numériques post-quantiques, capables de fonctionner au niveau du réseau sans perturber ses performances.
https://twitter.com/SolanaFndn/status/2000948477568934084
L’objectif est de vérifier que des transactions résistantes aux attaques quantiques peuvent être traitées à grande échelle, tout en conservant la rapidité qui fait la réputation de Solana. Cette initiative s’inscrit dans la continuité d’efforts précédents, notamment le lancement du Solana Winternitz Vault. Ce portefeuille optionnel, introduit début 2025, repose sur des signatures basées sur des fonctions de hachage et génère une clé cryptographique unique pour chaque transaction, réduisant fortement l’exposition aux attaques futures.
Pour la fondation, il ne s’agit pas d’annoncer une menace imminente, mais de préparer le réseau sur plusieurs décennies. Cette approche “opt-in” permet aux utilisateurs les plus prudents d’adopter dès maintenant des protections renforcées, sans imposer une migration brutale à l’ensemble de l’écosystème.
Une démarche préventive
Aptos adopte une stratégie comparable, mais via son mécanisme de gouvernance on-chain. La proposition AIP-137 vise à introduire une nouvelle option de signature post-quantique, basée sur le schéma SLH-DSA, standardisé par le NIST aux États-Unis. Contrairement aux algorithmes classiques comme Ed25519, ce schéma repose uniquement sur des fonctions de hachage, déjà largement utilisées et éprouvées.
Si la proposition est validée par les détenteurs de tokens, SLH-DSA deviendrait un type de compte optionnel. Les utilisateurs pourraient ainsi choisir une protection post-quantique sans remettre en cause le fonctionnement actuel du réseau. Le principal compromis reste technique : des signatures plus volumineuses et un temps de vérification plus long, susceptibles d’augmenter la charge réseau en cas d’adoption massive.
Aptos Labs insiste néanmoins sur le caractère préventif de la démarche. L’équipe de cryptographie souligne qu’anticiper ces enjeux aujourd’hui permet d’éviter une transition précipitée demain, sous la pression d’une rupture technologique soudaine.
Ni Solana ni Aptos ne prétendent que l’informatique quantique représente une menace immédiate pour la blockchain. De nombreux experts estiment encore cet horizon à plusieurs décennies.
Toutefois, en testant dès maintenant des solutions post-quantiques, ces réseaux envoient un signal fort : la sécurité de long terme devient un pilier stratégique au même titre que la scalabilité ou la décentralisation. En conséquence, la course à la “quantum readiness” pourrait bien devenir un nouveau standard pour les blockchains de premier plan.
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