Boursier.com : Les investisseurs ont salué hier votre publication semestrielle, le titre a grimpé de près de 4%…
G.P. : Accor dépend des variations du cycle économique et nos résultats semestriels reflètent en l’occurence la reprise… La clientèle « affaire », absente ou en diminution en 2009, s’est remise à voyager en 2010. Nous avons constaté, dans les grands pays d’Europe une forte reprise sur l’hôtelerie milieu et haut de gamme. D’où un résultat d’exploitation semestriel en vive progression à 154 ME.
Boursier.com : Quelle a été la tendance cet été ?
G.P. : Le mois de juillet a été très bon et nous constatons que la rentrée est plutôt bien orientée, grâce notamment à la reprise des activités de séminaires et salons… En revanche, nous manquons toujours de visibilité pour la fin d’année, compte tenu du flou concernant les économies américaine et européenne, toutefois, nous sommes en mesure d’annoncer au Marché un objectif de résultat opérationnel compris entre 370 à 390 ME pour l’ensemble de 2010.
Boursier.com : Motel 6 a toujours des difficultés aux Etats-Unis… Voyez-vous le bout du tunnel sur l’hôtellerie économique ?
G.P. : Le marché américain de l’hôtellerie économique, qui reflète la vitalité profonde de l’économie américaine, a beaucoup souffert ces deux dernières années. Le début 2009 a encore été marqué par une baisse des prix moyens, et des taux d’occupation traduisant une activité économique très ralentie aux Etats-Unis. Mais, bonne nouvelle : lors des mois de juin et juillet, nous avons constaté des revenus par chambre de nouveau en progression, ce qui nous fait penser que le point bas a peut-être été touché. Les hôtels de haute et moyenne gamme, les Sofitel ou le Novotel New-York, ont connu une reprise beaucoup plus marquée, notamment grâce à la clientèle « affaires ».
Boursier.com : Vous avez annoncé une nouvelle opération de cession de murs d’hôtels dans le cadre de votre plan global à ce sujet. Vous êtes en avance par rapport à la date butoir de 2013…
G.P. : Nous avons pris un peu d’avance en 2010 grâce à cette opération qui nous permet de céder des murs d’hôtels en France, Belgique et Allemagne avec deux partenaires que sont Predica et Foncière des Murs pour un peu moins de 300 ME, ce qui est considérable à l’échelle du groupe ! L’objectif de 450 ME pour l’année 2010 a été révisé à la hausse entre 600 et 650 ME. Tout ceci dans le plan de 2 MdsE d’ici 2013. Nous prenons certes un peu d’avance la première année, mais nous ne savons pas comment se dérouleront les choses en 2010 et 2011…
Boursier.com : La scission Accor/Edenred est désormais derrière nous. Rappelez-nous la nouvelle stratégie d’Accor, recentrée sur ses métiers hôteliers…
G.P. : Avec deux entités ayant des activités si différentes sur des secteurs si différents, l’idée était de capitaliser sur ces atouts de façon indépendante et de permettre aux hommes d’avoir des aventures différentes. Accor se focalise désormais sur trois priorités : être le premier opérateur mondial en gérant 400.000 chambres à travers le monde, là où la plupart de nos concurrents sont des franchiseurs avec des activités marketing et distribution tout en laissant la gestion d’hôtels. Nous faisons les deux ! Deuxième ambition : devenir un grand franchiseur en Europe. Nous sommes le plus important en France avec 500 établissements… Nous pouvons développer cette stratégie dans les autres pays européens, en proposant à des hôteliers indépendants de nous rejoindre sous forme de franchise, sous nos marques Mercure et All Seasons. Troisième ambition : la croissance du groupe. Nous sommes, selon les classements, quatrième ou cinquième et avons l’ambition de monter sur le podium d’ici 5 à 10 ans.
Boursier.com : Un mot sur la cession de votre participation au capital du groupe Lucien Barrière. Quel est l’échéance retenue ? L’introduction en Bourse sera-t-elle privilégiée ?
G.P. : C’est cette piste là que nous souhaitons effectivement privilégier, avec Dominique Desseigne l’actionnaire majoritaire. Nous nous sommes placés dans la position de réaliser l’opération durant la deuxième moitié de 2010. Aujourd’hui un ‘road show’ a eu lieu, l’AMF a notre document de base. Le processus d’introduction est donc entamé, reste à savoir qu’elle est la santé des marchés financiers… La bonne nouvelle c’est que grâce à nos cessions immobilières, nous ne sommes pas pris à la gorge pour céder à tout prix cette participation de 49%. Nous le ferons en bonne intelligence avec l’actionnaire principal et dans des conditions favorables pour les actionnaires d’Accor. Si les marchés sont mauvais, l’opération sera décalée ou bien nous envisagerons d’autres solutions…